Avec son premier album « Jolie garce », Shay veut confirmer que si Booba lui fait confiance, ce n’est pas par hasard.
Shay est une femme forte
Parfois, il ne faut pas se fier à sa première impression. Lorsque l’on voit Shay pour la première fois, on a franchement du mal à penser qu’elle puisse rapper aussi dur, être aussi hardcore et en remonter à bien des MC masculins. Si jamais vous avez un doute, sachez qu’elle appartient au 92I, le crew de Booba et que c’est B2O en personne qui l’a invité à partager un morceau sur « Autospie 4 ». Avant cet énorme coup de boost, Shay n’envisageait le rap uniquement comme un passe-temps. Mais quand le Duc de Boulogne veut vous mettre le pied à l’étrier, on se doit de prendre les choses au sérieux, alors Shay a tout stoppé pour se lancer à corps perdu dans la musique. Avec son premier album, Jolie garce, Shay prouve qu’elle est bien une femme forte qui ne compte pas se laisser faire dans un monde très masculin, pour ne pas dire très macho. Alors elle s’adapte et se fait hardcore quand il le faut, histoire que tout le monde comprenne qu’elle sera difficile à déloger et qu’il n’est pas bon de lui marcher sur les pieds. Cette dureté peut surprendre mais justement, ce n’est parce que c’est une fille qu’il faut s’attendre à du R&B sirupeux. Au contraire, Shay est une femme forte qui a des convictions et des ambitions et qui compte bien aller au bout de ses idées, peu importe les obstacles à franchir, que cela fasse plaisir ou non…
Des idées bien arrêtées
Shay a donc de la suite dans les idées. Ce qui ressort de son disque, c’est une sorte d’urgence, celle de vivre sa vie à toute vitesse et d’envisager chaque jour comme si c’était le dernier. Dans cette optique, pas le temps de se poser ou de fonder une famille, il faut réussir et préparer d’ores et déjà son avenir (« Ma retraite »). Elle recherche aussi de la liberté et refuse toute forme de jugement quand elle assène « laissez-nous mener la vie qu’on veut ». Elle veut aussi s’évader pour oublier le monde actuel et sa médiocrité. Alors, face à la dureté de la réalité, elle fait appel à son « dealeur ». Mais Shay, c’est aussi une histoire d’attitude qu’elle développe dans des egotrips (« Catch Up ») où elle explique qu’elle est « une thug en jupe », des sentiments aussi présents dans « La go », titre où transpire sa confiance : « je suis unique » rappe-t-elle. Dans toute cette dureté, il n’y a que sa mère qui trouve grâce à ses yeux, un sujet qui revient d’ailleurs de manière récurrente. Finalement, dans un sens, Shay est féministe et se place comme une femme forte qui se veut l’égale des hommes développant de fait une attitude de battante. Cette évolution n’est pas un hasard, ce n’est que la conséquence logique d’une réflexion aboutie.
Une palette technique large
Techniquement, Shay possède aussi des atouts indéniables. Grâce à un disque particulièrement bien produit, elle fait étalage de toutes ses qualités évoluant facilement sur des beats afro-trap (« PMW »), très hip-hop aux BPM élevés qui l’oblige à rapper très rapidement (« Catch Up »), sur prods influencée par les Caraïbes (« Paumes brûlées ») ou quand elle cherche à faire danser le public (« Cabeza », « Las Noches »). Grâce à ces différentes ambiances, Shay expose tout son potentiel. Et puis, elle s’est sans doute entourée de l’équipe de Booba ou a reçu les conseils du Duc parce que sans savoir quelle est l’influence de B2O dans ce disque, il existe quand même une patte que l’on retrouve sur ses disques, que cela soit en termes de flows ou dans le choix des prods. Si on devait sortir une particularité bien à Shay, ce serait ce décalage parfois violent entre beats assez joyeux et lyrics très durs. Et de conclure : « je fais du sale pour qu’on se souvienne de moi » (« Paumes brûlées »). Et même si elle parle parfois d’amour, c’est toujours sous la forme d’un morceau assez hardcore car Shay se voit « bien plus haut que tous ces hommes ». C’est ça aussi la définition d’une « Jolie garce »…