Si mélanger musique africaine et rap n’est pas un phénomène nouveau, MHD a poussé le processus à l’extrême au point d’être considéré aujourd’hui comme le petit prince de l’afro trap.
C’est sur Internet que MHD a d’abord fait le buzz, ce qui lui a permis de populariser et d’imposer son style. Grâce à ses freestyles survitaminés (« Afro Trap part 2, 3, 4, 5 et 6 ») que l’on retrouve sur son premier album éponyme, il a engrangé des millions de vues. Peut-être plus important encore, il a su attirer l’attention de Booba, maître à penser du rap français jusqu’à se retrouver à faire les premières parties du Duc. Et tout cela en seulement quelques mois, cela vous donne une idée de la performance accomplie par MHD !
Un pas à franchir
Désigné sous le terme d’afro trap, ce mélange de rap et de musique africaine a donc trouvé son ambassadeur. Sa force, c’est aussi d’avoir ajouté à ses rythmes entraînants, des gimmicks et des gestes facilement identifiables et imitables. C’est l’ensemble qui contribué au succès phénoménale de ses vidéos. Mais de là à retranscrire tout cela sur disque, il y avait un pas. Force est de constater que MHD le franchit allégrement et que, contrairement à ce que l’on peut penser de prime abord, si la musique est festive, elle ne l’empêche pas de parler de sujets graves et importants.
Tout n’est pas que fête
Musicalement, l’afro trap est sans doute un abus de langage. La trap n’est pas forcément facilement identifiable sinon dans le côté hip-hop de la chose tant la musique africaine est dominante dans les prods sur lesquelles évoluent MHD. Ce qui est pourtant certain, c’est qu’il faut une sacrée technique pour réussir à rapper et à poser un texte de manière cohérente sur des BPM aussi élevés. Cela tient même de la performance parfois et cela prouve que MHD est bel et bien un « vrai » rappeur et pas simplement un phénomène du Net. Fatalement, la vitesse, l’ambiance, les sonorités donnent au disque un aspect festif fondamental. Et s’il y a beaucoup de positif dans les lyrics de MHD, ce type de beats laisse aussi une bonne place à l’egotrip. En tout cas, il faut bien reconnaître que même si cette musique survoltée met plus d’ambiance qu’une overdose de Red Bull, elle permet aussi de parler de sujets difficiles, notamment ce qui se passe dans les quartiers (« Mort ce soir »). Et réussir à concilier musique festive et sujets graves est une sacrée gageure, vous pouvez le croire. Cela prouve aussi que MHD ne peut simplement être réduit au rang d’ambianceur. MHD prouve qu’il sait aussi faire aussi du rap dur, en racontant ce qu’il voit dans tout ce que cela peut avoir de glauque. Dans les thématiques principales développées par MHD, on peut en ressortir trois principales : il a réussi tout seul là où personne ne croyait en lui, il espère que ce succès soudain ne le changera pas, il continuera à avancer quels que soient les obstacles. Et si la jalousie semble vraiment l’affecter, il ne perd pour autant pas son temps à trop la commenter et se focalise sur le futur (« Tout seul », « Roger Milla », « Maman j’ai mal »).
Réduire les BPM pour laisser de la place au texte
Et puis, quand les mots doivent être sans doute un peu plus entendus que sur d’autres morceaux, le rythme baisse sensiblement notamment quand il parle d’amour ou de lui (« Amina », « Ma vie », « Wanyinyin »). Reviennent alors les notions développées plus haut, comme une évidence.
Ça fait du bien !
Pour réussir, il parie sur des beats endiablés et un flow affolant de rapidité. Et quand tout est réuni, que les morceaux se font festifs à 100% (« A Kele Nta »), la musique de MHD fait un bien fou parce qu’elle est hyper positive et dispense une énergie folle qui peut alors véritablement influencer nos sentiments. Franchement, avouons-le, dans un rap français parfois sclérosé et centré sur lui-même, ça fait un bien fou !