Benjamin Biolay admire Charles Trenet depuis toujours et l’a parfois chanté sur scène (et pour se chauffer la voix confie-t-il). Mais pour son 7e album, il se lance et nous offre 12 reprises (14 dans l’édition spéciale Fnac). Biolay n’a rien d’un fou chantant, ne vous attendez pas à le voir rouler des yeux en chantant Dans les pharmacies. C’est le Trenet poète, nostalgique et jazzy que le musicien convoque et ça lui réussit plutôt bien.
Benjamin Biolay admire Charles Trenet depuis toujours. Il l’a parfois chanté sur scène (et pour se chauffer la voix confie-t-il). Mais pour son 7e album, Biolay se lance et nous offre 12 reprises (14 dans l’édition spéciale Fnac). Biolay n’a rien d’un fou chantant, ne vous attendez pas à le voir rouler des yeux en entonnant Dans les pharmacies, Y’a d’la joie ! ou A la Porte du garage. C’est le Trenet poète, nostalgique et jazzy que le musicien convoque et ça lui réussit plutôt bien.
Certes Benjamin Biolay n’est pas le premier à rendre hommage à Trenet, vénéré par la plupart des auteurs/compositeurs français. Higelin il y a 10 ans lui avait consacré un spectacle et un album. Les reprises sont innombrables, chantées ou non, pas seulement en français et dans tous les styles, comme le célèbre Douce France de Rachid Taha, Que reste-t-il de nos amours devenu I wish you love chanté par Nat King Cole ou Harry Connick JR, La mer reprise en Beyond the sea par Sinatra, Robbie Williams ou George Benson. En fait presque toutes les chansons de Charles Trenet sont devenues des standards…
Pour son hommage, Benjamin Biolay s’est entouré de deux vieux complices, Nicolas Fizman à la guitare, basse et piano, Denis Benarrosh batterie et percussions. À eux trois, ils ont tout d’un trio de jazz et c’est d’ailleurs la dominante dans les arrangements car Biolay et ses complices, en amateurs éclairés, n’ont pas oublié que Charles Trenet fut un des premiers chanteurs français à se produire avec des musiciens de jazz. Le big band qui l’accompagnait dans les années 40 cède la place à une formation plus resserrée qui s’étoffe au besoin de cuivres et de cordes et même d’un accordéon dans des arrangements très bien ficelés.
On est d’abord un peu surpris, puis conquis (malgré un peu de scepticisme au départ). L’atmosphère est intimiste et Biolay prend sa voix de velours pour des confidences murmurées dans le creux de l’oreille, le parfait crooner. Les textes et les mélodies prennent une saveur particulière et loin de toute nonchalance désabusée Biolay se fait charmeur, tendre, nostalgique. Et disons-le émouvant. Il a très bien choisi les titres, évitant les chansons trop folles au profit des plus poétiques (La chanson d’automne sur un texte de Verlaine, L’âme des poètes, La Romance de Paris), les plus tendres et sensuelles (J’ai ta main, Vous qui passez sans me voir), les plus nostalgiques (Coin de rue, Que reste-t-il de nos amours, Le grand Café, Revoir Paris).
Autre chanson dont Trenet n’est pas l’auteur mais qui se fond très bien dans la collection : Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément et Antoine Renard, qui commme les autres titres sera en version jazz. Biolay termine par une composition personnelle, La romance du faussaire, qu’on pourrait presque croire de Trenet, bel hommage d’un auteur/compositeur à un de ses modèles, avec un texte plein de tendresse et de nostalgie avec dans un des couplets une petite surprise…
Si l’on devait définir en mot cet album, ce serait sans hésiter la nostalgie. Elle existe déjà dans beaucoup de chansons de Charles Trenet et Benjamin Biolay la met particulièrement en valeur par son interprétation et ses arrangements. Elle va doucement vous envahir comme un sentiment agréable en vous donnant à vous aussi l’âme d’un poète.
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