Les partitions des films Pixar jouées en concert, en live, par un orchestre symphonique de plus de 80 musiciens, vous en avez rêvé ?
Ce rêve devient réalité le 22 juin prochain, dans l’antre de la prestigieuse salle du Palais des Congrès à Paris…
Le 22 juin prochain se tiendra au Palais des Congrès un concert exceptionnel de musique de film. Au programme, les thèmes de 13 longs métrages d’animation Pixar seront joués par un grand orchestre symphonique présent sur scène en synchronisation avec des extraits des films diffusés sur écran géant.
Ce concert Pixar constitue une superbe initiative qui promet plaisir, émotion, partage et pédagogie.
D’abord parce qu’il va permettre de revivre en « live » les grands moments d’émotion livrés par les chefs-d’œuvre du studio d’animation.
Ensuite parce que ce spectacle à partager entre petits et grands est l’occasion d’une communion générationnelle. Son aspect pédagogique est indéniable puisqu’il permet aux plus jeunes d’assister à la prestation d’un grand orchestre symphonique (frissons et émotions garantis !) et d’ainsi leur montrer tous les instruments nécessaires à la reproduction de thèmes sonores entendus seulement dans les films.
Enfin parce que les occasions de profiter de tels concerts sont, en France, assez rares. La patrie du cinéma, pourtant fournisseur de grands compositeurs de musiques de films, n’est pas la plus grande promotrice de ce genre d’événements. Alors que d’autres pays européens (la Suisse, l’Angleterre, l’Espagne pour n’en citer que quelques-uns) rendent régulièrement hommage aux compositeurs de musiques de films, à travers concerts et festivals, la France reste un peu à la traine. Une frilosité culturelle que quelques événements depuis plusieurs années tentent de contredire : les concerts annuels du Festival Jules Verne, quelques initiatives salle Pleyel, ou la diffusion déjà au Palais des Congrès de la trilogie Seigneur des Anneaux en ciné-concert.
À l’initiative de ce concert Pixar, le Sinfonia Pop Orchestra a été fondé en 2009 sous l’impulsion de Jean-Philippe Fournier et Constantin Rouits. Il regroupe des musiciens confirmés qui partagent une même passion pour la musique de films et souhaitent, par le biais de ses partitions, attirer un public néophyte vers la musique interprétée par des grands ensembles orchestraux.
Le 22 juin, le Sinfonia Pop Orchestra vous invite donc à vous replonger dans les univers de ces prestigieux compositeurs hollywoodiens : Thomas Newman (Wall-E, Nemo), Michael Giacchino (Cars 2, Les Indestructibles, Ratatouille, Là-Haut), Randy Newman (Toy Story 1,2,3, Cars, 1001 Pattes, Monstres & Cie) ou Patrick Doyle (Rebelle).
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À l’occasion de ce concert, nous avons rencontré l’un de ses instigateurs, le chef d’orchestre Constantin Rouits :
Vous êtes un jeune chef d’orchestre, pourriez-vous nous retracer votre formation et nous expliquer en quoi consiste l’apprentissage de la direction d’orchestre ?
Il y a en France trois grands conservatoires : les deux Conservatoires Nationaux Supérieurs de musique, à Paris et à Lyon, qui sont des établissements supérieurs au même titre que les Grandes Écoles et il y a l’École Normale de Musique de Paris. J’ai la chance d’avoir fait les deux. Ce sont des parcours entre cinq et dix ans où l’on apprend finalement moins la composition que l’écriture. C’est-à-dire composer dans le style des compositeurs. On apprend à écrire à la manière de Mozart, non pas pour écrire du faux Mozart, mais pour entrer d’une manière très pratique dans son style, son univers esthétique.
D’où vous vient votre passion pour la musique de film ?
La passion que j’ai pour la musique de film est double en fait. D’abord parce que la musique de film est un répertoire vraiment intéressant, qui rejoint ce qu’on pouvait avoir au 19ème ou 18ème siècle, ce qu’on appelait des musiques de scène, c’est-à-dire des musiques écrites pour une pièce de théâtre, pour des intermèdes ou pour éventuellement accompagner le texte. Il y a de nombreux exemples dans l’histoire de la musique de compositions écrites à l’origine pour une pièce et qui, par la suite, s’en sont détachées et ont fait l’objet de représentations indépendantes. Comme ça, je pense immédiatement à L’Arlésienne de Bizet, par exemple. Camille Saint Saens, Dimitri Chostakovitch, Sergueï Prokofiev sont quelques exemples de grands compositeurs du 20ème siècle, voire même de la fin du 19ème, à avoir écrit pour le cinéma. Au même titre que de grands compositeurs du 18 ou 19ème écrivaient pour le théâtre. Après, il y a autre chose qui m’intéresse beaucoup dans la musique de films, et là c’est vraiment le musicien classique qui parle, c’est que ces musiques-là sont destinés au grand public, à un public large. On touche vraiment à la culture populaire. Et venir assister à un concert de musique de films, c’est déjà amener les gens à découvrir l’orchestre, la musique symphonique, le concert, tout cet univers-là. J’aime croire qu’un certain nombre de gens qui viennent au concert Pixar iront demain acheter un billet pour la salle Pleyel et écouter des symphonies de Beethoven. C’est un premier pas, une porte d’entrée intéressante à un moment où il y a parfois une fracture entre ce qu’on considère comme la culture populaire et la culture, entre guillemets, un peu élitiste. Je pense que ces barrières là doivent être absolument cassées.
Avec Jean-Philippe Fournier, vous êtes le cofondateur du « Sinfonia pop orchestra », l’orchestre qui va donc donner ce concert Pixar. Que signifie le « pop » du nom ?
Ça fait vraiment référence aux orchestres américains. Il y a par exemple d’un côté le Boston Symphony Orchestra, le grand orchestre résident, entre guillemets sérieux, et de l’autre le Boston Pops Orchestra [longtemps dirigé par John Williams, ndlr]. Il est constitué pour la grande majorité des mêmes musiciens mais qui vont jouer par exemple de la musique de film. Donc le « pop » fait référence à cela.
Pourquoi avoir choisi d’interpréter les musiques des films Pixar ?
Alors déjà il faut savoir que la date du 22 juin marque l’anniversaire de la création de Pixar Animation, le studio soufflera ses 35 bougies. Et plus tôt dans l’année, avec le Sinfonia Pop Orchestra, on a eu l’occasion de faire un concert Disney qui s’est très bien déroulé [le 18 janvier dernier à la salle Ravel de Levallois-Perret, ndlr]. Il nous paraissait donc logique de s’inscrire dans la continuité et de faire un deuxième volet avec ce monde de Disney.
Y’a-t-il un style Pixar ?
À partir du moment où il y a un style esthétique dans l’image et dans l’univers, automatiquement il va se dessiner un style musical commun. La musique doit coller à l’esthétique, il ne doit pas y avoir de décalage entre ce que dit l’image et ce que va dire la musique. En tout cas c’est comme ça qu’on va essayer de le trouver. Après, ça pose aussi quelques questions d’interprétation. Evidemment on va être conditionné un peu par les images, par leur rythme, par la musique qui est écrite, et par le fait que ce sont des musiques qui ont été enregistrées et qu’on a déjà entendues dans les films. C’est donc à nous de trouver quelque chose à dire en plus, en tout cas de différent, par rapport à ce que l’on a l’habitude d’entendre.
Quelle est la plus grosse difficulté sur un tel concert ?
La synchronisation avec l’image, c’est quelque chose d’assez compliqué à gérer. Parce qu’en général la musique est difficile. Il faut voir que ce sont des pièces qui ont toutes été écrites pour de grands orchestres, de très bons orchestres, donc les compositeurs se lâchent un peu. Ils écrivent vraiment difficile. Après l’orchestre est vraiment très bon, les musiciens sont extrêmement forts, donc ça ne pose pas de problème mais ça reste des morceaux soutenus. En tant que chef d’orchestre, le fait de rajouter cette synchronisation, c’est très contraignant parce que du coup on perd un peu de liberté. La liberté totale du chef d’orchestre, c’est celle du temps. On est maitre du temps, c’est nous qui décidons du départ, du tempo, de l’évolution temporelle des choses. Et le problème c’est que ça nous casse cette liberté là, on est pieds et poings liés.
À titre personnel, quel est votre première rencontre avec l’univers de la musique de film ?
Ce sont énormément de souvenirs d’enfance qui se bousculent. Moi j’ai toujours été émerveillé par les Disney, et évidemment Fantasia. C’est vraiment l’alliance magique entre répertoire classique et le dessin animé.
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