Il n’aura fallu qu’un an pour que les fans de John Green puissent enfin découvrir « Nos étoiles contraires » en français. Un livre très attendu par les lecteurs qui apprécient John Green car c’est celui de la consécration. Outre-Atlantique, son talent a enfin été couronné de succès. Espérons que le public français réservera le même accueil enthousiaste à l’un des plus brillants auteurs pour adolescents de cette génération.
John Green et moi, c’est une longue histoire. Un vrai coup de cœur qui a commencé avec Qui es-tu Alaska ?, le premier livre de John Green publié en France. Une belle histoire qui s’est poursuivie de livres en livres. John Green ne m’a jamais déçu. Et pourtant le public français continuait de bouder cet auteur unique et talentueux. Même s’il rencontrait un succès d’estime et que son talent était unanimement salué par les professionnels du livre, John Green méritait plus qu’un bon bouche à oreilles et des ventes confidentielles.
Et finalement, John Green a fini par rencontrer le succès avec The fault in our star. Et pas seulement un succès critique. Non seulement The fault in our star a été élu « Meilleur roman 2012 » par le Time Magazine mais surtout, il est resté plusieurs semaines en tête de la liste des meilleures ventes du New York Times. Donc quand Nathan a annoncé sa publication en France, j’étais déjà plus qu’impatiente de découvrir Nos étoiles contraires. Et pourtant pour la première fois, le thème choisi par John Green ne m’enthousiasmait pas.
Car nos étoiles contraires est l’histoire d’Hazel une jeune fille atteinte d’un cancer du poumon. Heureusement pour elle son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais ses poumons ont été déjà trop endommagés et elle reste condamnée. Poussée par ses parents à rejoindre un groupe de soutien pour les jeunes atteints du cancer, Hazel va rencontrer Augustus qui a la chance d’être en rémission. Honnêtement je n’ai jamais aimé les livres dramatiques. Et je crois bien qu’au fond de moi je craignais que ce soudain succès soit dû à un changement de style de la part de John Green. Car s’il n’hésitait pas à aborder des sujets graves, jusque là, ce qui caractérisait le mieux les livres de John Green c’est leur énergie et leur envie de vivre.
Mais John Green n’a rien changé à son style et les lecteurs qui le suivent depuis le début retrouveront ce qu’ils aiment chez lui. A commencer par ses personnages qui ont toujours le chic pour être absolument uniques, drôles et un peu fous. Malgré le poids qui pèse sur leurs épaules, l’insouciance d’Augustus et d’Hazel est étonnante. Leur maturité aussi.
Et puis il y a cette dose d’ironie qui rend les livres de John Green si différents. Car si le roman préféré d’Hazel est l’histoire d’une jeune fille atteinte du cancer, elle insiste sur le fait qu’elle déteste les livres sur le cancer. En particulier ceux où le personnage se bat dignement héroïquement contre la maladie. Alors si vous aimez les livres larmoyants, passez votre chemin. Loin de là, Nos étoiles contraires est vif et audacieux. Et même parfois insolent, car John Green ose aller là où on ne l’attend pas. A travers le personnage de l’écrivain qu’Hazel admire par-dessus tout, John Green ose dire que parfois la vie craint et que la maladie n’a pas de sens. Il a le courage d’exprimer toute la colère qu’Hazel est en droit de ressentir face à l’injustice que représente le cancer. Une colère qu’Hazel a depuis longtemps abandonné pour de la résignation. Mais il se trouve que sa résignation à elle n’est pas un abandon. Simplement une façon de continuer à avancer. Un jour après l’autre.
John Green trouve les mots pour parler avec lucidité des petites victoires, des défaites et des instants de répits entre deux batailles contre le cancer. Il aborde sans faux-semblants la façon dont la famille, les amis, les médecins et les malades font face à la maladie. Et sur ce point, il fait preuve d’une honnêteté déconcertante.
Pourtant, Nos étoiles contraires parle surtout d’espoir et de projets. Même les plus insensés. Et aussi de tous les petits plaisirs qui émaillent la vie quotidienne. Mais surtout ce roman est résolument tourné vers l’avenir et les infinis possibilités qu’il réserve. En fait John Green a simplement choisi de réfléchir au sens de la vie, de la mort et de l’amour. Mais son livre n’est ni un ouvrage pseudo-philosophique ni un roman sentimental même si la relation d’Hazel et d’Augustus est une belle revanche sur la maladie. Nos étoiles contraires est simplement un très bon roman qui se dévore avec délice et qui marquera la plupart de ses lecteurs.
Nos étoiles contraires est donc bien pour le moment le livre de John Green que ses fans ne doivent pas rater. C’est aussi celui qu’il faut faire lire à tous ceux qui ne connaissent pas encore son génie et son écriture simple, directe et si puissante. Car assurément John Green restera encore longtemps un des écrivains contemporain pour adolescent parmi les plus talentueux.
Nos étoiles contraires, John Green (Nathan) sur fnac.com