La firme aux grandes oreilles, fermement opposée au système français de chronologie des médias, a fait savoir dans Les Échos que son prochain film d’animation original, Strange World, initialement prévu pour le 23 novembre ne sortira finalement pas en salles et débarquera directement sur la plateforme Disney+.
Nouvelle secousse dans le paysage audiovisuel français : le rendez-vous habituel du film d’animation Disney de fin d’année, profitant largement aux salles de cinéma à l’approche de Noël, n’aura pas lieu en 2022. La firme américaine l’a fait savoir dans un communiqué repris par Deadline et défendu dans Les Échos le 8 juin par les propos d’Hélène Etzi, présidente France de l’entreprise californienne : Strange World (Avalonia, l’étrange voyage en version française), dont une première bande-annonce a été dévoilée en début de semaine, ne sortira finalement pas au cinéma le 23 novembre prochain, mais atterrira directement sur la plateforme Disney+.
Une décision uniquement appliquée en France compte tenu de la chronologie des médias, dont la dernière mouture en date prévoit en effet que les plateformes telles que Disney+ ou Amazon Prime – qui, à l’inverse de Netflix, n’ont pas signé le dernier accord en date sur la chronologie des médias – ne puissent diffuser un film que 17 mois (anciennement 36 mois) après sa sortie en salles, avec pour obligation de le retirer de leurs catalogues cinq mois plus tard, une fois ouverte la fenêtre de diffusion sur les chaînes gratuites.
Disney fera-t-il plier le cinéma français ?
« C’est la conséquence de la chronologie des médias telle que pratiquée en France que nous jugeons inéquitable, contraignante et inadaptée aux attentes de nos audiences », déclare ainsi la présidente France de Disney, qui souhaite renégocier les fenêtres de diffusion encadrées par ladite chronologie des médias – là où, dans la plupart des autres pays, la fenêtre de diffusion sur les plateformes est en générale de 45 jours après la sortie en salles – et en particulier cette fenêtre d’exclusivité de cinq mois. Selon la firme américaine, le système français actuel est « anti-consommateur » et exposerait d’autant plus ses productions au piratage.
C’est donc un nouveau coup dur pour les salles de cinéma, qui seront privées d’un succès quasi assuré – l’année dernière, Encanto avait enregistré pas moins de 3,2 millions d’entrées dans l’Hexagone, soit le troisième plus gros succès de 2021 derrière Spider-Man : No Way Home et Mourir peut attendre. Quid, alors, des autres rouleaux-compresseurs de Disney à venir d’ici la fin de l’année, tels que Black Panther II ou encore Avatar : la voie de l’eau ?
Pour l’instant, seul Strange World semble concerné par cette décision. « Nous continuons d’évaluer la situation film par film et pays par pays », affirme Hélène Etzi. Bien qu’il semble peu probable que Disney puisse complétement se passer du marché français pour de tels blockbusters, la firme américaine tentera certainement de peser dans les débats lorsque l’accord actuel sur la chronologie des médias se retrouvera de nouveau sur la table des négociations en 2023.