Nouveau rebondissement dans une affaire qui agite le monde de la bande dessinée depuis plusieurs mois : alors que s’est ouvert le lundi 16 mai le procès qui oppose l’héritière de Franquin aux éditions Dupuis, la maison d’édition a décidé de repousser la parution du Retour de Lagaffe initialement prévu le 19 octobre prochain.
L’affaire secoue le milieu de l’édition et de la bande dessinée depuis qu’a été annoncé en mars dernier, lors du dernier Festival de la BD d’Angoulême, la parution d’un tout nouveau tome de Gaston Lagaffe pour le mois d’octobre 2022, soit plus de vingt-cinq ans après le décès d’André Franquin, célèbre bédéiste belge qui façonna, entre les autres, les personnages de Spirou et Fantasio, le Marsupilami et Gaston Lagaffe. La maison d’éditions Dupuis avait ainsi annoncé relancer les aventures du personnage le plus maladroit de la bande dessinée franco-belge avec l’aide de l’auteur de bande dessinée québécois Delaf : le Retour de Lagaffe était donc censé paraître à l’automne, et ce à plus d’un million d’exemplaires.
Mais Isabelle Franquin, unique héritière du dessinateur fermement opposée à ce que l’on reprenne le personnage créé par son père, a saisi le tribunal de première instance de Bruxelles dans la foulée, fidèle aux dernières volontés de Franquin et invoquant son droit moral. Les éditions Dupuis estiment quant à elles être en possession des droits du personnage. Les deux partis étaient entendus pour la première fois par la justice ce lundi 16 mai, et c’est dans ce cadre que la maison d’édition Dupuis a fait savoir qu’elle repoussait pour l’instant la parution du Retour de Lagaffe en 2023. Toute prépublication éventuelle de ce 22e tome – c’est-à-dire la parution d’une planche de l’album en avant-première dans le journal de Spirou – est également suspendue.
Dans un communiqué, la maison d’édition, qui estime toujours être dans son bon droit, explique avoir pris cette décision « afin de permettre un débat serein et objectif, et de préserver la qualité des relations avec Mme Franquin en attendant la décision judiciaire sur le fond qui interviendra en septembre 2022 ». Un certain nombre d’auteurs ont pris la défense d’Isabelle Franquin, à commencer par le dessinateur belge Philippe Geluck (Le Chat) : « la norme devrait être que l’on n’ait pas le droit de se réapproprier un personnage après la disparition de l’auteur », a-t-il déclaré au micro de Franceinfo quelques jours après avoir signé une lettre ouverte dans laquelle un collectif d’artistes et de dessinateurs appellent le groupe Média-Participations, propriétaire des éditions Dupuis, à respecter la volonté d’André Franquin.
Rendez-vous donc en septembre prochain pour découvrir l’issue de cette affaire, qui continuera certainement de faire parler d’elle bien au-delà du verdict rendu par la justice.
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