Lors du dernier Festival de la BD d’Angoulême, les éditions Dupuis ont annoncé qu’un nouveau tome de Gaston Lagaffe verrait le jour en octobre prochain. Isabelle Franquin, fille unique et ayant-droit du dessinateur André Franquin, n’en démord pas et continue de s’opposer à la publication de nouveaux gags du personnage emblématique inventé par son père.
La nouvelle avait fait grand bruit lors du dernier festival international de la bande dessinée d’Angoulême : les éditions Dupuis y ont annoncé la sortie d’un tout nouvel album de Gaston Lagaffe, un peu plus 25 ans après la parution du dernier tome signé par André Franquin (1924-1997). Le Retour de Lagaffe, dessiné par l’auteur de bande dessinée québécois Delaf (Les Nombrils, éd. Dupuis), est censé être tiré à 1,2 million d’exemplaires en vue de sa parution le 19 octobre prochain. À moins évidemment qu’Isabelle Franquin, unique héritière du dessinateur belge, ne parvienne à faire barrage à la parution de ce nouveau tome.
La fille d’André Franquin a ainsi saisi d’urgence le tribunal de première instance de Bruxelles afin de suspendre toute prépublication, promotion ou diffusion d’un nouvel album Gaston, rapporte le quotidien belge Le Soir. Une prépublication des dessins de Delaf, à présent suspendue, était en effet prévue dans le Journal de Spirou (où Gaston avait fait sa première apparition en 1957 !) à compter du 6 avril prochain.
L’héritière de Franquin estime que « les droits moraux sont inaliénables » et que son père « a toujours exprimé de son vivant, de manière continue et répétée, sa volonté que Gaston ne lui survive pas sous le crayon d’un autre dessinateur », a déclaré l’avocat de la plaignante. Pour Isabelle Franquin, la publication de ce nouvel album est donc tout simplement illégale et va à l’encontre du droit moral (rattaché au droit d’auteur).
Une procédure d’arbitrage, qui sera plaidée au mois de mai, a ainsi été engagée pour tout bonnement empêcher la publication du Retour de Lagaffe. La maison d’édition belge, qui ne s’est pas encore exprimée publiquement, s’estime pourtant dans son bon droit : « Les droits du personnage appartiennent à Dupuis, en vertu d’un contrat dont les clauses spécifient bien qu’une reprise est possible », avait déclaré à l’AFP Stéphane Beaujean, directeur éditorial de Dupuis, lors de la présentation du nouveau tome. Ceux qui s’impatientaient à l’idée de découvrir les nouveaux gags du personnage le plus maladroit de l’histoire de la bande dessinée devront sans doute prendre leur mal en patience, mais pourront toujours se (re)plonger dans les nombreux tomes publiés du vivant de Franquin.