L’écrivaine Virginie Despentes, associée à la photographe Axelle Le Dauphin, lancera à l’automne prochain La Légende éditions, maison d’édition initialement créée en août 2021 et qui fera paraître neuf ouvrages par an.
D’après les informations rapportées par Livres Hebdo, Virginie Despentes s’apprête à assumer le rôle de vice-présidente de cette nouvelle maison d’édition co-fondée au côté d’Axelle Le Dauphin et dont les objectifs semblent rejoindre en tous points les engagements de l’autrice des Jolies choses (1998), d’Apocalypse Bébé (Prix Renaudot 2010) et de la trilogie de romans à succès Vernon Subutex (2015-2017) – 1,8 million d’exemplaires écoulés au total – adaptée en série par Canal+ en 2019.
Avec neuf titres par an, La Légende éditions se donne pour but de « promouvoir la représentation et la visibilité de la culture queer et féministe » et de proposer des ouvrages « en lien avec les enjeux sociétaux de la culture queer, les analyses féministes, l’étude du genre, travaillant à la déconstruction des stéréotypes de genre et la lutte contre le sexisme », a précisé Despentes auprès de Livres Hebdo. Et l’on connaît déjà le titre du premier ouvrage qui sera publié par La Légende éditions : il s’agira de Pulp – Golden Years, un ouvrage collectif de Sophie Anquez, La Bourette (Pascal Saint-André), Despentes et Le Dauphin qui reviendra sur le Pulp, nightclub lesbien des Grands Boulevards très prisé et qui a fermé ses portes en 2007 après 10 ans d’existence.
Lauréate du prix de la Bibliothèque nationale de France en 2019, Virginie Despentes avait démissionné de l’académie Goncourt en 2020 pour se consacrer pleinement à l’écriture. Elle devrait faire paraître son nouveau roman lors de la prochaine rentrée littéraire, mais toujours chez Grasset. Ce nouveau tournant dans la carrière de Virginie Despentes est peut-être avant tout un geste politique fort, dans la continuité de l’inquiétude manifestée par l’autrice dans une tribune parue dans Libération fin janvier à l’égard de l’OPA lancée par le groupe Bolloré sur Lagardère et par voie de conséquence Hachette Livres, dont Grasset fait partie.
« Si Bolloré place un type d’extrême droite à la tête des maisons d’édition qu’il rachète, tout ce qu’on a écrit précédemment appartient à Vincent Bolloré. Et une partie du catalogue peut être effacée par pure idéologie : les études de genre, les essais féministes, antiracistes, la philo… Voir des livres enterrés vivants, c’est une idée insupportable », avait-elle lancé. L’autrice avait ensuite rejoint la liste des signataires de l’appel #StopBolloré, lancé par un collectif inquiet de « la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie ».