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Qui a trahi Anne Frank ? : l’impression du livre suspendue aux Pays-Bas

02 février 2022
Par Félix Tardieu
Qui a trahi Anne Frank ? : l'impression du livre suspendue aux Pays-Bas

Critiqué par de nombreux historiens et chercheurs depuis sa parution le 18 janvier dernier, l’éditeur néerlandais Ambo Anthos a décidé de suspendre l’impression du livre jusqu’à nouvel ordre.

L’ouvrage Qui a trahi Anne Frank ?, récit d’une enquête édifiante sur l’arrestation d’Anne Frank et de sa famille en août 1944, racontée par la biographe canadienne Rosemary Sullivan, avait fait grand bruit lors de sa parution le 18 janvier dernier. Mais dans la foulée, le livre a essuyé nombre de critiques sur la solidité des hypothèses émises par l’enquête, ce qui a conduit Ambo Anthos, la maison d’édition néerlandaise de l’ouvrage, à interrompre son impression – en France et dans le reste du monde, celui-ci est toujours imprimé par la maison d’édition américaine HarperCollins, qui ne s’est pas prononcé pour l’instant sur la controverse.

Dans un communiqué, l’éditeur néerlandais reconnaît qu’il aurait dû « adopter une position plus critique ». « Nous attendons les réponses des chercheurs aux questions qui ont émergé et reportons la décision d’imprimer un autre tirage (…) Nous présentons nos sincères excuses à toute personne qui pourrait se sentir offensée par le livre », ajoute l’éditeur.

Les résultats de l’enquête menée par Vince Pankoke, ex-agent du FBI, accompagné par une vingtaine de spécialistes, mettaient en cause un certain Arnold Van den Bergh, un éminent notaire juif d’Amsterdam. Une affirmation qui n’a pas tardé à être remise en question – notamment quant à la méthodologie contestable de l’enquête – par une communauté d’historiens appelant rationnellement à la prudence. Dans un article paru peu après la sortie du livre, le New York Times évoquait d’ailleurs les travaux de l’historien néerlandais David Barnouw qui s’était déjà penché en 2003 sur la potentielle culpabilité du notaire : une hypothèse finalement écartée par l’historien lui-même, la lettre d’Otto Frank (le père d’Anne Frank, seul rescapé de l’arrestation de l’Annexe, là où Anne Frank et sa famille se cachèrent pendant deux ans) adressée au notaire étant alors jugée insuffisante pour faire office de preuve définitive. Regrettant l’impression du livre dans la hâte, l’éditeur néerlandais pointe du doigt HarperCollins, qui aurait « orienté le contenu du livre ».  

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste