Critique

Avatar 3 de James Cameron : de feu et de sang

16 décembre 2025
Par Sophie Jacquier
“Avatar : de feu et de cendres” est attendu le 17 décembre 2025.
“Avatar : de feu et de cendres” est attendu le 17 décembre 2025. ©20th Century Studios

Trois ans après la sortie du deuxième opus de la saga Avatar, James Cameron revient avec une suite toujours aussi immersive, nous dévoilant cette fois-ci un monde de cendres et de braises. Dans Avatar : de feu et de cendres, les Na’vis font face à une nouvelle tribu ennemie, tandis que le combat contre les humains se poursuit. Critique.

C’est seulement quelques semaines après la fin tragique du deuxième film que l’on retrouve la famille Na’vi de Jake Sully, installée avec le peuple de l’eau, les Metkayina. Dans cet opus, ils vont devoir faire face à un nouvel ennemi : la tribu de feu et de cendres, les Mangkwan. Tandis que les humains, peuples du ciel, continuent de piller les ressources de Pandora, le clan Sully tente tant bien que mal de rester soudé contre ces menaces. 

Avec cette suite, le réalisateur et scénariste canadien James Cameron place le thème universel de la famille au cœur de son récit et entraîne les spectateurs dans un nouveau voyage, plus sombre, aux côtés de Jake Sully (Sam Worthington), Neytiri (Zoe Saldaña) et leurs enfants.

Avatar : de feu et de cendres. ©20th Century Studios

Faire famille

Après une bataille sanglante qui a entraîné la perte de l’un des membres de la tribu, Neteyam, à la fin d’Avatar : la voie de l’eau (2022), les Sully sont confrontés au deuil. Jake et Neytiri ont perdu un fils, tandis que Kiri, Lo’ak et Spider ont perdu un frère. 

Là où le deuxième film présentait une famille très unie, cette suite aborde la difficulté de ne faire qu’un à un moment où tout semble diviser les Sully. Car ces derniers sont loin de représenter la famille parfaite. Kiri, interprétée par Sigourney Weaver, est leur fille adoptive, née de l’avatar décédé du Dr Grace Augustine. De son côté, Spider (Jack Champion) est le fils du Colonel Miles Quaritch (Stephen Lang), et son corps d’humain l’empêche de vivre sans danger sur Pandora. 

Avatar : de feu et de cendres.©20th Century Studios

Jake Sully, patriarche, ancien marine et guerrier averti, porte de lourdes responsabilités sur ses épaules. Car s’il doit avant tout garder sa famille soudée, il doit aussi défendre les Na’vis et endosser son rôle de Toruk Makto, héros mythique qui mène le peuple à la victoire dans les moments de grande tristesse.

Lo’ak, rongé par la culpabilité après la mort de son frère, veut être à la hauteur des attentes de son père. Ce dernier, maladroitement, souhaite lui inculquer ses valeurs de chef de famille, mais peine à communiquer. Tout au long du film, les Sully n’ont d’autre choix que d’accepter que leurs enfants sont désormais tous confrontés à la guerre.

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Une nouvelle menace

Si le peuple du ciel, représenté à l’écran par le Colonel Miles Quaritch (qui n’existe désormais plus que sous sa forme d’Avatar), est toujours présent dans cette suite, Cameron introduit une nouvelle communauté et de nouveaux paysages avec la tribu de Mangkwan. 

Ce peuple des cendres est mené par Varang, incarnée par Oona Chaplin (la petite-fille de Charlie Chaplin). Un personnage inédit qui apporte une réelle nouveauté à la franchise et poursuit la volonté de Cameron de donner corps à des protagonistes féminins puissants. Pour les tribus de la forêt (Omaticaya) et de l’eau (Metkayina), l’ennemi ne se trouve désormais plus que chez les Hommes, mais au cœur même de Pandora. 

Avatar : de feu et de cendres. ©20th Century Studios

Les Mangkwan s’opposent à la spiritualité des autres Na’vis que Cameron nous avait jusqu’à présent présentés. Après l’éruption dévastatrice d’un volcan qui a détruit leur village, le peuple a perdu toute foi en Eywa, la Grande Mère. Varang le précise très tôt dans le film : « Votre déesse n’a aucun pouvoir ici. »

Un nouvel univers visuel s’ouvre donc dans la franchise : une terre de rouge et de noir, de cendres, de feu, un désert brûlé. Cette palette de couleurs, très sombre, accompagne le ton plus grave qui définit ce troisième opus. La mise en scène est ainsi brillamment mise au service du scénario. Le village des Mangkwan est aux antipodes de l’environnement riche et luxuriant de Pandora auquel les spectateurs étaient habitués. 

Varang, la cheffe de tribu, possède des capacités chamaniques lui permettant de torturer les autres Na’vis. La malveillance s’installe donc au sein d’un peuple jusqu’ici dépeint comme bienveillant, alors que Cameron interroge la puissance spirituelle d’Eywa, là où elle n’était qu’effleurée dans les deux premiers films. 

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Spiritualité contre rationalité 

Il en ressort ainsi un film plus contrasté que les précédents, tant dans ses décors que dans le portrait de ses personnages. Cette nuance bouleverse les dynamiques personnelles – notamment celles entre Jake Sully et Neytiri – ainsi que les enjeux scénaristiques du long-métrage.  

Le côté belliqueux et pragmatique de l’ancien soldat entre alors en conflit permanent avec la spiritualité de son épouse Neytiri – jouée par une Zoe Saldaña toujours aussi charismatique –, très attachée aux traditions. Elle rejette ainsi les armes automatiques au profit de son arc ancestral. Portée par la haine contre les humains, elle en oublie parfois que Jake Sully en est un. 

Avatar : de feu et de cendres. ©20th Century Studios

Cette dualité est symbolisée par le peuple des cendres. Lorsque Varang découvre les lance-flammes ou les semi-automatiques, l’alliance avec les humains, en particulier avec le Colonel Miles Quaritch, est désormais envisageable et souhaitée. La relation entre les deux antagonistes est ainsi actée. Elle constitue le réel point fort de ce nouvel opus en brouillant les frontières entre le bien et le mal.

De son côté, la jeune Kiri explore ses capacités encore inconnues. Née d’un processus peu habituel, cette attachante outcast découvre dans Avatar 3 qu’elle est dotée d’une connexion particulière avec Pandora et sa mère spirituelle, Eywa. Cela donne lieu à des scènes magnifiques à l’écran, presque impressionnistes ou expérimentales, où tous les éléments semblent se connecter et ne faire qu’un avec Kiri. Les scènes dans la splendide forêt de Pandora, après un deuxième opus uniquement situé sur le récif de corail des Omaticaya, rappelle les plans majestueux du premier film. 

Avatar : de feu et de cendres.©20th Century Studios

Un spectacle visuel et auditif

En plus du nouveau village du peuple des cendres, Avatar 3 nous mène à la rencontre des Marchands de vent. Na’vis itinérants qui se déplacent dans les airs, leurs moyens de transport sont visuellement époustouflants. Ces scènes de voyage sont contemplatives et amènent un nouvel émerveillement bien connu dans la franchise. 

Si, avec ce troisième opus, la splendeur de Pandora est un peu moins mise en avant, Cameron nous montre que cet univers est extensible et que les spectateurs sont loin d’avoir tout vu. Spectacles aériens, créatures marines inédites, plantes iridescentes de la forêt : l’immensité du monde créé par le réalisateur est à son paroxysme.

Avatar : de feu et de cendres.©20th Century Studios

Grâce à des effets visuels toujours aussi impressionnants, le film, principalement tourné en Nouvelle-Zélande, fait de ces avatars des personnages aux émotions aussi subtiles qu’extraordinaires. La capture d’interprétation des acteurs et actrices fait toujours autant son effet, au même titre que la musique du compositeur, Simon Franglen.

Une bande originale d’autant plus importante dans ce troisième volet, car les personnages vivent des périodes décisives et sombres. Deuil, difficultés au sein de la famille, découverte de la puissance d’Eywa, arrivée d’une nouvelle tribu… Chaque note compte et accompagne les images avec une grande justesse. 

Une certaine redondance 

Ceci étant dit, et malgré la densité du récit, on regrette tout de même un certain relâchement sur le scénario (signé James Cameron, Rick Jaffa et Amanda Silver) et les scènes d’action. Tout au long des 3h17, les séquences de capture et de sauvetage se multiplient, et se résolvent sans grande surprise. 

La scène de bataille finale est très similaire à celle du deuxième film : les gros bateaux de l’armée se rapprochent du récif, la famille est divisée et l’océan brûle. Par ailleurs, les multiples cascades, très bien réalisées, ne sauvent pas le récit d’une certaine redondance.

Les enjeux de cette bataille sont eux aussi similaires à ceux que l’on a pu voir auparavant. Les Tulkun, créatures marines dotées d’un langage, d’une histoire et d’une réelle poésie, sont à nouveau chassées – pour la substance dans leur cerveau à la valeur marchande démesurée – par le capitaine Mick Scoresby (Brendan Cowell). 

Avec ce troisième volume, James Cameron crée une suite cohérente qui creuse les événements des deux premiers films, avec un scénario plus sombre, mais des enjeux assez similaires aux précédents. Une absence de renouveau qui n’empêche pas un spectacle très immersif, accompagné par des personnages que l’on connaît désormais beaucoup mieux. 

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