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La voix de Hind Rajab : quelle est l’histoire vraie derrière le film de Kaouther Ben Hania ?

26 novembre 2025
Par Sarah Dupont
“La voix de Hind Rajab”, en salle le 26 novembre 2025.
“La voix de Hind Rajab”, en salle le 26 novembre 2025. ©Jour2Fête

Reconstitué à partir d’enregistrements audio authentiques, le film revient sur les dernières heures d’une fillette palestinienne prise sous les tirs à Gaza. Kaouther Ben Hania redonne voix à une victime, dont l’histoire a bouleversé le monde.

C’est le film qui a bouleversé la dernière Mostra de Venise. Depuis ce 26 novembre, les salles françaises projettent La voix de Hind Rajab, un docufiction de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania – révélée sur la scène internationale avant d’être couronnée par le César du meilleur documentaire pour Les filles d’Olfa (2023).

La bande-annonce de La voix de Hind Rajab.

Ce nouveau film est consacré au destin de Hind Rajab, une enfant gazaouie prise au piège dans une voiture face à un char israélien. Une œuvre qui s’appuie sur une véritable histoire, symbole de la guerre à Gaza.

Un visage du conflit

Hind Rajab avait cinq ans. Le 29 janvier 2024, alors que sa famille tente de fuir les combats dans le quartier de Tel al-Hawa à Gaza, leur voiture est prise sous le feu. Six membres de la famille sont tués. Hind survit au premier assaut et parvient à contacter le Croissant-Rouge palestinien, seule.

La voix de Hind Rajab.©Jour2Fête

Selon les experts de l’ONU, « pendant l’appel, on a entendu des tirs intenses, des cris continus avant de se taire soudainement » (rapport des rapporteurs spéciaux du 19 mars 2024). Pendant plus de trois heures, les opérateurs restent en ligne avec l’enfant, tentant de la rassurer tout en demandant l’autorisation d’envoyer une ambulance auprès des autorités israéliennes.

Une ambulance finit par s’approcher du lieu où se trouve la fillette, mais les deux secouristes sont abattus à leur tour. Le 10 février, lorsque la zone devient accessible, les secours retrouvent les corps de Hind, de ses proches et des ambulanciers. Dans ce même rapport, les experts de l’ONU dénoncent « l’homicide illégal, apparemment ciblé, d’une famille entière de déplacés […] ainsi que le meurtre ultérieur de deux ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien ». L’armée israélienne n’a pas, à ce jour, annoncé d’enquête formelle sur le drame.

Une histoire transmise par la voix

Le retentissement mondial de l’affaire tient aux enregistrements de ces heures d’appel, qui ont circulé en partie sur les réseaux sociaux. Kaouther Ben Hania les découvre et demande à écouter l’intégralité des archives.

La voix de Hind Rabaj.©Jour2Fête

« Lorsque j’ai entendu pour la première fois la voix d’Hind Rajab, il y avait quelque chose de plus que sa voix. C’était la voix de Gaza qui appelait à l’aide et personne ne pouvait entrer », déclare-t-elle à France Info. La cinéaste rencontre ensuite la mère de l’enfant : « [Elle] m’a dit : je ne veux pas que ma fille soit oubliée dans l’amas de cadavres de Gaza », raconte-t-elle à France Inter.

Entre mémoire et cinéma

Le film n’est pas un documentaire classique. Il prend la forme d’un huis clos dans un centre d’appel du Croissant-Rouge, où des comédiens rejouent l’intervention des secouristes en temps réel, au son de l’enregistrement original. Aucun plan de violence n’est montré : la mise en scène fait reposer le récit sur la parole, les silences, les bruits de guerre et l’impuissance des secours.

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Kaouther Ben Hania explique avoir voulu « faire ce film au présent quand tout était possible, quand il était encore possible de la sauver » (France Inter). En donnant une place centrale à la voix de l’enfant, le long-métrage réaffirme la singularité d’une victime souvent absorbée par les statistiques de la guerre. « J’espère que ce film contribuera à arrêter cette guerre destructrice et à sauver les autres enfants de Gaza », a confié sa mère (propos rapportés par La Croix).

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