L’Australie se dote des règles les plus restrictives au monde concernant l’accès des adolescents au Web, et en particulier aux réseaux sociaux.
À compter du 10 décembre prochain, il sera impossible aux adolescents australiens de moins de 16 ans d’accéder à la plupart des réseaux sociaux du monde et les comptes des personnes se situant sous ce seuil devront purement et simplement être supprimés, exige l’eSafety Commissionner, l’agence gouvernementale pour la sécurité numérique. Un paquet législatif particulièrement agressif, qui se heurte à des levées de boucliers de la part des citoyens et des défenseurs de la neutralité du Net, qui regrettent une mesure essentiellement symbolique.
Quelles plateformes sont concernées par la limite d’âge ?
Cette nouvelle loi, votée fin décembre 2024 en Australie, impose aux plateformes de prendre des « mesures raisonnables » leur permettant d’attester que tous leurs utilisateurs et toutes leurs utilisatrices ont plus de 16 ans. Comme au Royaume-Uni et dans certains États des États-Unis, des processus de vérification d’âge seront donc mis en œuvre d’ici le 10 décembre prochain pour se mettre en conformité avec la législation australienne, qui expose les plateformes à des amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (soit environ 28 millions d’euros).
Sont concernés la quasi-totalité des réseaux sociaux les plus populaires du monde : Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat, X ou encore Twitch et Reddit. Meta, qui possède notamment les deux premiers de cette liste, prend les devants et instaurera la vérification d’âge dès le 4 décembre prochain.
Étonnamment, certains réseaux comme WhatsApp ou Discord échappent à ce serrage de vis. L’eSafety Commissionner se réserve toutefois le droit d’inclure de nouvelles plateformes et admet être toujours en cours d’étude sur certaines.
Une mesure critiquée, mais scrutée de près par les autres pays du globe
À part les législateurs et les parents inquiets, cette mesure ne semble pourtant convenir à personne (et surtout pas aux premiers concernés : les adolescents… et les éditeurs de ces plateformes, qui vont devoir se faire des nœuds au cerveau pour instaurer une vérification d’âge irréprochable).
Arguant que les réseaux sociaux « représentent un danger pour les plus jeunes », les défenseurs de cette loi, comme l’association The Heads Up Alliance, qui œuvre pour une éducation des enfants sans écran, crient victoire (source : Le Monde). « Près des deux tiers des Australiens âgés de 14 à 17 ans ont été confrontés à des contenus en ligne extrêmement préjudiciables, tels que des abus de drogues, des suicides ou des automutilations », abondait Michelle Rowland, ministre de la Communication australienne au moment de la présentation du texte.
Des mesures strictes, visant donc à protéger les plus jeunes en les privant du principal moyen de communication de notre ère… et qui devraient inspirer quantité d’autres pays qui, depuis des années déjà, cherchent à restreindre les libertés sur Internet.
En France, les sites pornographiques ont désormais l’obligation de vérifier l’âge des internautes. Une première étape vers un durcissement de l’accès au Web ? Restera à voir si les prestataires de vérification d’âge seront toujours trompés par le visage de Sam Porter Bridges : le héros du jeu vidéo Death Stranding, incarné par Norman Reedus, permet dans de nombreux pays d’outrepasser le processus de vérification de l’âge.