Entretien

Dan Brown pour Le secret des secrets : “Il n’y a rien de plus satisfaisant que de résoudre une énigme !”

03 octobre 2025
Par Samuel Leveque
Dan Brown a dévoilé son nouveau roman “Le secret des secrets”.
Dan Brown a dévoilé son nouveau roman “Le secret des secrets”. ©Ben Blythe

Pour la sortie de son nouveau best-seller, Le secret des secrets, Dan Brown s’est entretenu avec L’Éclaireur. L’occasion de revenir sur l’univers de l’auteur, son succès et ses obsessions. Passionnant !

Difficile d’y échapper : Le secret des secrets, de l’écrivain américain Dan Brown, est l’un des livres les plus attendus de l’année. Écoulée à plusieurs millions d’exemplaires en quelques semaines, la sixième aventure du scientifique Robert Langdon emmène cette fois notre héros dans les rues de Prague, à la recherche d’une scientifique disparue juste avant de révéler au monde une technologie qui pourrait tout changer. Un roman-fleuve qui aborde des questions liées à l’existence de l’âme, à la place de la mort, à la mythologie de l’Europe centrale, et qui se révèle une fois de plus riche en rebondissements spectaculaires.

À l’occasion de sa sortie, mais surtout de la venue de l’auteur à Paris, L’Éclaireur a eu l’occasion de s’entretenir avec Dan Brown afin qu’il nous livre les secrets liés à son œuvre foisonnante.

Dan Brown évoque son dernier roman Le secret des secrets.

Vos livres, particulièrement le dernier, abordent énormément les nouvelles technologies, y compris des technologies spéculatives qui pourraient advenir dans les prochaines années. Imaginiez-vous que le progrès irait si vite quand vous avez commencé à écrire ?

Absolument pas ! C’est fou, je suis né dans un monde où la technologie a crû de manière extrêmement rapide. Quand j’étais enfant, on avait des téléphones à cadran et, évidemment, pas de téléphone portable. Quand quelqu’un a inventé un très long câble qui permettait de s’isoler et de téléphoner depuis sa chambre, c’était déjà une avancée technologique spectaculaire !

Ce qui est fascinant avec la technologie, c’est qu’elle fonctionne par empilement. Chaque invention est un outil pour créer de nouvelles technologies, et cet empilement fait que tout va de plus en plus vite : Internet, les téléphones portables et maintenant l’intelligence artificielle.

Tout va à un rythme de plus en plus difficile à appréhender…

Absolument. Tout au long de ma vie, j’ai vu les technologies se multiplier, peut-être devenir dix fois plus nombreuses. Mais, au cours de la vôtre, ce sera encore dix fois plus rapide. Il y a quelques années, on ne parlait pas encore d’intelligence artificielle ou d’ingénierie génétique !

Il y a une discipline scientifique qui est en revanche constante dans tous vos livres, c’est la géographie. Vos livres ont la particularité de se passer tout autour du monde et d’être extrêmement précis sur les lieux visités par Langdon, particulièrement en ce qui concerne les grandes villes européennes. Quelle ville vous a semblé la plus fascinante à étudier ?

Je pense que je me souviendrai toute ma vie de ce moment où j’ai vu les médaillons à Paris. C’est un moment qui m’a donné des frissons. Il y a bien entendu aussi Barcelone et son architecture fascinante. Je me souviens de cet escalier monumental à la Sagrada Familia où je me suis immédiatement dit : “Bon sang, mais c’est l’endroit idéal pour un meurtre !” [Rires]

Mais, à Paris, il y a vraiment des endroits incroyables, comme la Bibliothèque nationale de France. On ne peut pas visiter cet endroit sans immédiatement penser à tous les secrets que ces bâtiments doivent cacher.

Le secret des secrets évoque notamment la légende du Golem, figure centrale du folklore juif de Prague.©Domaine public

D’autant plus que beaucoup de parties sont réservées au personnel, aux chercheurs, aux jardiniers, et que les archives sont situées sur plusieurs niveaux labyrinthiques… Et que tous les documents ne sont pas accessibles !

Je dois absolument visiter tout cela, il doit y avoir tellement de secrets !

Une des raisons du succès de vos livres vient de leur alliance entre simplicité du style et des intrigues très complexes, multipliant les rebondissements. Un peu comme pouvaient l’être les BD franco-belges classiques avec lesquelles nous avons grandi en Europe.

Quand j’étais enfant, j’ai moi-même énormément lu de BD européennes ! Vous savez, j’adore Astérix et Tintin  ! Dans ces ouvrages, il y a quelque chose que je trouve passionnant : le sujet d’un album, c’est en grande partie l’endroit où il se déroule. C’est quelque chose qui est très important dans mes livres également. Dans chaque aventure de Robert Langdon, la ville est un personnage à part entière. Impossible de situer l’intrigue du Secret des secrets ailleurs que dans la ville de Prague, avec ses légendes, son architecture, son histoire… Prague est un des personnages principaux du livre.

D’ailleurs, votre dernier roman a un côté encore plus spirituel que les précédents. Les thématiques centrales y sont la mort, la transcendance, mais aussi la nature même de l’âme humaine. Vous sentez-vous de plus en plus mystique vous-même ?

Quand j’ai commencé à écrire, j’avais une posture extrêmement sceptique. Et, au fil des années de recherche et d’écriture, en me documentant sur l’état de la recherche [en noétique, un des sujets du livre], je crois que je suis devenu de plus en plus croyant. C’est comme si j’avais suivi le même parcours que mon personnage, qui lui aussi est initialement très réfractaire à ces théories et devient de plus en plus réceptif avec les années.

Une trajectoire avec moins de meurtres et de kidnappings en ce qui vous concerne, on l’espère !

Un peu moins, oui ! [Rires] Mais en réalité, cette série de livres reflète vraiment mon voyage personnel à travers l’état de la recherche et mon processus d’apprentissage de tout cela. Un grand voyage intellectuel à travers les années.

En revanche, il y a quelque chose qui ne change pas, c’est votre amour des puzzles, des énigmes et des casse-têtes, que vous avez dit avoir aimé dès votre plus tendre enfance. Est-ce toujours aussi satisfaisant pour vous, avec les années, de concevoir des dispositifs qui mettent les méninges des lecteurs à rude épreuve ?

Il y a pas mal de recherches scientifiques sur pourquoi notre cerveau aime particulièrement ce moment où il trouve la pièce qui rentre parfaitement dans un puzzle après s’être creusé la tête pour y arriver ! Ce moment où l’on se dit : “Bon sang, mais c’était évident” est extrêmement satisfaisant. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de résoudre une énigme.

C’est particulièrement vrai pour ces moments où l’on résout une énigme dont la solution était juste sous notre nez depuis le début, mais que l’on était incapable de voir. Évidemment, il y en a souvent dans mes livres. Et si j’ai fait mon travail correctement, les lecteurs auront ce moment où ils vont se dire : “Oh mon Dieu, mais c’était évident ! C’était juste là depuis le début !”

Un peu comme un fusil de Tchekhov ?

Oui, tout à fait !

Après toutes ces années, parvenez-vous encore à trouver du plaisir à concevoir ces énigmes ?

Oui. Mais ça fait partie des choses les plus difficiles quand j’écris un livre. Le processus de conception et d’écriture est difficile, mais le sentiment d’avoir conçu quelque chose de malin à la fin est très satisfaisant. Le résultat vaut le coup !

Vous qui êtes féru de science-fiction, quelles versions de Dan Brown issues d’une autre réalité ou d’une ligne temporelle alternative aimeriez-vous rencontrer ?

Assurément et sans hésitation celui qui a eu une carrière musicale !

En effet, vous avez eu une carrière dans la musique dans les années 1990 !

Et je fais encore de la musique tous les jours ! J’ai d’ailleurs sorti en 2020 un livre pour enfants lié à une symphonie que j’ai composée. Mais j’ai dû choisir une activité principale : soit la musique, soit écrire des livres. J’ai choisi les livres ! Si je pouvais rencontrer un autre moi-même qui a mis dans la musique toute l’énergie que j’ai mise dans les livres, je serai ravi d’échanger avec lui !

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