La saga culte de l’horreur psychologique revient avec un épisode inédit dans un village japonais des années 1960. Audace esthétique, combats renouvelés, récit radical : Silent Hill f enthousiasme globalement la critique malgré quelques manquements.
Après plus de dix ans d’absence, Silent Hill revient hanter les consoles. Avec son nouvel opus, la franchise horrifique délaisse l’Amérique de ses origines pour un Japon rural des années 1960. Sorti le 25 septembre sur PS5, Xbox Series X/S et PC, Silent Hill f a été confié au studio NeoBards Entertainment et scénarisé par Ryukishi07, auteur des visual novels Higurashi et Umineko. Il se situe dans la petite ville fictive d’Ebisugaoka, où une adolescente tente de survivre à ses propres démons.
Sacrifiée sur l’autel de l’horreur
Timide et écrasée par un père violent, Hinako Shimizu devient le vecteur d’un récit qui nous plonge dans l’horreur psychologique. Le Monde décrit à ce titre « un conte initiatique douloureux, tiraillé entre purification et destruction », où les visions les plus dérangeantes surgissent des rites shintoïstes et de la révolte adolescente. Ecran Large souligne que la peur n’est jamais gratuite : « La cruauté des images n’a pas pour unique but le choc : elle révèle, dissèque, met à nu ».
L’abandon des petites villes américaines pour un village nippon n’a rien d’anodin. Selon Numerama, le jeu impose ainsi « une esthétique oxymorique où l’abjection et la répugnance deviennent source d’un émerveillement malsain ». Jeux Vidéo évoque une œuvre « profondément imprégnée de folklore nippon », magnifiée par le brouillard et les fleurs araignées rouges.
Gameplay : précision ou maladresse ?
Sur le terrain du jeu, les avis s’entrechoquent. IGN France vante « les combats les plus précis et aboutis de la saga », portés par une mécanique d’endurance et d’esquives parfaites. Cependant, Numerama juge cette nervosité dissonante avec la fragilité d’Hinako, regrettant une héroïne condamnée à manier des systèmes trop lourds pour son profil. Jeux Vidéo abonde : les affrontements au corps à corps renforcent sa vulnérabilité, mais se révèlent parfois frustrants.
Le compositeur historique Akira Yamaoka imprègne encore l’expérience de ses nappes inquiétantes. Jeux Vidéo parle d’une « ambiance sonore exceptionnelle mêlant chants traditionnels et instruments anciens ». En revanche, la narration divise davantage. Pour Numerama, « la trame semble écrite au marqueur noir surligné de Stabylo jaune fluo ». À l’inverse, Ecran Large salue la radicalité de Ryukishi07, qui ose explorer frontalement les violences sociales et domestiques du Japon.
Énigmes et structure narrative
Autres piliers de la série, les casse-tête suscitent également des réserves. IGN France reproche « des énigmes volontairement floues et larges, au point de perdre le joueur », quand Le Monde se réjouit du retour des « casse-tête cryptiques ». Tous s’accordent sur la brièveté de l’expérience – neuf à douze heures – mais certains rappellent la rejouabilité offerte par plusieurs fins.
Silent Hill f n’échappe donc pas aux contradictions. Globalement, il séduit par la force de ses images, la densité de son univers et la radicalité de son propos. Les quelques manquements se retrouvent compensés par, comme le résume Le Monde, « le raffinement de sa mise en scène et la radicalité de certaines séquences ».
