Initialement diffusée en 2020, la série danoise est de retour sur Arte. En huit épisodes, elle explore la question de la protection de l’enfance et interroge les zones d’ombre où le doute s’installe face à des accusations sans preuve.
Cry Wolf s’inspire-t-elle d’une histoire vraie ? La question mérite d’être posée. Rediffusée à partir du 7 août sur Arte, cette mini-série en huit épisodes signée Maja Jul Larsen (co-scénariste de Borgen) plonge dans l’intimité d’un foyer frappé par une accusation de violences. Holly, 14 ans, affirme dans une rédaction scolaire que son beau-père la maltraite.
Diffusé pour la première fois en 2020, le programme a été salué pour sa force dramatique et son réalisme, décrochant plusieurs prix Robert et une distinction au Festival de Zurich. Mais s’appuie-t-il sur un fait divers avéré ?
Une fiction, pas une reconstitution
Dans les faits, l’œuvre ne repose sur aucun événement réel. Aucune affaire concrète n’a inspiré le scénario : Cry Wolf est une fiction originale. Si elle semble s’ancrer dans un cas concret, c’est parce que sa créatrice s’est appuyée sur un travail de terrain particulièrement poussé. Pendant près d’un an, Maja Jul Larsen a interrogé assistants sociaux, avocats, psychologues et enfants placés.
Ces recherches lui ont permis de comprendre les rouages du système de protection de l’enfance danois ainsi que les enjeux auxquels les professionnels sont confrontés. Comme elle l’expliquait en 2020 à Nordisk Film & TV Fond, « les décisions (…) reposent essentiellement sur l’expérience et l’intuition de l’assistante sociale ». Une donnée centrale qu’elle place au cœur de son intrigue : que se passe-t-il lorsqu’une accusation est formulée sans preuve tangible ?
Plonger dans l’entre-deux
« J’étais assez fascinée par le rôle de l’assistant social, et par le fait que sa mission est d’aider la famille tout en ayant, en même temps, le pouvoir d’en retirer les enfants… C’est donc un rôle double très difficile à tenir », a-t-elle complété auprès du média Fika.
La narration adopte plusieurs points de vue – Holly, sa mère Dea, son beau-père Simon, l’assistant social Lars – pour faire émerger un doute durable. Présenté comme expérimenté, mais fragilisé par une affaire passée, Lars prend une décision rapide, sans certitude absolue. Et l’institution est montrée dans son fonctionnement réel : réunions, entretiens, comptes rendus, ajustements collectifs. Ni idéalisée ni stigmatisée, simplement exposée.
Maja Jul Larsen cite également The Night Of parmi ses influences, notamment pour sa manière de faire du système judiciaire un personnage à part entière. Une structure qu’elle réinvestit ici pour mettre en scène non pas une vérité, mais les différentes manières de l’interpréter.
