Entretien

Royel Otis pour Hickey : “Les concerts influencent la façon dont nous composons”

25 juillet 2025
Par Pauline Weiss
Rencontre avec le groupe australien Royel Otis à l'occasion de son passage aux Eurockéennes de Belfort.
Rencontre avec le groupe australien Royel Otis à l'occasion de son passage aux Eurockéennes de Belfort. ©Royel Otis

Ils forment l’un des groupes incontournables du moment. Avec ses reprises et ses tubes, Royel Otis parcourt le monde sans pause depuis deux ans. Le groupe a dévoilé ces dernières semaines deux nouveaux titres entêtants avant la sortie de son deuxième album, Hickey, prévue le 22 août. Rencontre express à l’occasion de son unique date française de l’été, aux Eurockéennes de Belfort, le 6 juillet dernier.

Oysters in my Pocket, Sofa King, et bien sûr les superbes reprises, Linger des Cranberries et Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor. C’est en partie grâce à ces titres que les Australiens de Royel Otis, formé à Bondi Beach (Sydney) en 2019, se sont fait un nom depuis 2022, confirmé par un premier album, Pratts and Pain, partagé début 2024. Depuis, leur indie pop dansante aux refrains fédérateurs parcourt le monde et cumule des millions d’écoutes, sur les plateformes de streaming comme sur les réseaux sociaux.

Après un arrêt au Trianon de Paris à l’automne 2024, Royel Maddell (guitariste) et Otis Pavlovic (chanteur) n’ont fait qu’un seul arrêt en France lors de leur dense tournée des festivals européens de l’été. C’est au bord de l’étang du Malsaucy, aux Eurockéennes de Belfort, que nous avons échangé avec eux, une heure avant leur concert sous le chapiteau de la Greenroom.

Car, de Royel Otis.

Une rencontre chronométrée, mais d’autant plus enthousiasmante que leur deuxième album, Hickey, pensé comme une exploration des nombreuses émotions qui entourent l’amour, sortira le 22 août prochain et qu’il réjouira encore une fois avec des hymnes qui devraient bien prolonger l’été. Leurs singles Moody et Car, portés par des mélodies solaires, tournent en tout cas déjà dans notre playlist.

On se rencontre aux Eurockéennes, le seul festival français où vous jouez cet été. Quels souvenirs gardez-vous de vos concerts en France ? Votre concert au Trianon, en novembre 2024, était mémorable.

Royel Maddell : Paris était incroyable. C’était l’un de mes meilleurs publics. On ne s’y attendait pas, le sol bougeait, tout le monde devenait fou.

Tout s’est enchaîné depuis Sofa King en 2023 et surtout votre album en 2024. Comment allez-vous et quel regard portez-vous le chemin parcouru ?

Otis Pavlovic : Nous allons bien, nous avons beaucoup voyagé au cours des deux dernières années.

R. M. : Si on va bien, physiquement ou mentalement ? [Rires] Je ne sais pas ce qui est pire, mon état physique ou mon état mental. Non, mais ça va, on se soutient !

Diriez-vous que grandir en Australie a influencé votre style de musique ? Il y a un aspect très solaire, estival dans votre indie pop-rock, très “good vibes”.

R. M. : Je pense que c’est une influence inconsciente. Tout le monde trouve que notre musique a un aspect estival, “plage”, “côte”.  Mais c’est vraiment inconscient parce que toute la musique que j’écoute est assez sombre, belle d’une certaine manière, mais sombre, comme The Cure. Mystérieuse, aussi. Personnellement, j’essaie de faire ça, mais ça sort toujours de façon ensoleillée.

O. P. : On écoute d’ailleurs plus de musique qui vient de l’international que d’artistes australiens.

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Vous avez aussi connu un succès et vous êtes ouverts à un plus large public grâce à vos reprises de Murder on the Dancefloor et Linger. Vous vous attendiez à cela ? N’êtes-vous pas lassés de les jouer ?

O. P. : Pas vraiment. Et c’est plutôt bien. C’est un peu un risque de jouer les chansons de quelqu’un d’autre, surtout quand ce sont des chansons qui sont aussi appréciées. Personne ne se plaint, pour l’instant. Il y a des artistes qui n’écrivent pas leurs propres chansons, mais nous le faisons.

Murder on the Dancefloor, reprise par Royel Otis.

R. M. : Si nous étions lassés de ces chansons, nous n’aurions pas fait les reprises. On les a entendues tellement de fois…

O. P. : J’ai écouté Linger ce matin encore. Pas la cover, la version originale !

Vous avez émergé dans un monde post-Covid, où les réseaux sociaux, Instagram ou TikTok ont une importance majeure, y compris pour les artistes. Comment ce contexte influence-t-il votre projet musical ?

O. P. : Je ne sais pas trop, mais ça en fait partie. On a une bonne équipe avec qui nous travaillons là-dessus et un ami qui capture tout ce que nous faisons quand nous travaillons, mais nous ne sommes pas vraiment conscients de cela. Si on se préoccupait des réseaux sociaux tout en faisant de la musique, on commencerait un peu à s’en s’éloigner.

R. M. : Je ne dirais pas que ça influence notre musique. Je dirais que les concerts influencent la façon dont nous composons la musique, plutôt que les médias sociaux… Qui m’effraient vraiment.  

Vous n’arrêtez pas de tourner et sortez déjà un nouvel album, un an et demi après le premier. Dans ce tourbillon, comment avez-vous trouvé le temps de composer ensemble ?

O. P. : On a eu quatre mois libres au début de l’année, donc voilà ce que nous avons fait. L’année dernière, pendant quelques pauses, on en a aussi profité pour s’organiser des sessions de travail.

Vous avez enregistré l’album aux États-Unis. Vaut-il mieux travailler à l’étranger et quitter l’Australie pour faire de la musique ?

R. M. : Quelques-unes des chansons ont été composées à Londres, mais la plupart aux États-Unis. Disons qu’il y a plus d’opportunités à l’étranger qu’en Australie.

Vous avez annoncé cet album avec Moody et son artwork de deux amoureux qui s’attrapent les lèvres, puis dévoilé le titre de l’album, Hickey qui signifie “suçon”. Il y a aussi I Hate this Tune, qui évoque l’impossibilité d’écouter une chanson qui nous fait penser à quelqu’un après une rupture. C’est un album inspiré par l’amour, sa beauté, sa complexité, son aspect physique et émotionnel. Aviez-vous un concept en tête quand vous avez commencé à travailler dessus ?

R. M. : Vous avez bien résumé l’idée !

O. P. : Pourtant, quand on a commencé à travailler dessus, on n’avait pas de concept, on s’est mis à travailler dessus et voilà ce qu’il en est sorti !

Vous profitez des festivals de l’été pour jouer quelques nouveaux titres en live. Le second single très entraînant, Car, mais pas que. Quels sont les morceaux que vous avez hâte de partager avec le public ?

R. M. : Jazzburger ou Dancing with Myself, Come on Home, Say Something.

O. P. : Tout l’album ! [Rires]

Comment votre rapport à la scène a-t-il évolué ? Avez-vous moins de pression au moment de monter sur scène ?

R. M. : Je dirais qu’on a plus de pression. Je suis toujours nerveux avant de monter sur scène.

O. P. : Le public aide à se sentir à l’aise. Plus de pression, mais peut-être qu’on arrive un peu mieux à la gérer.

En juin, vous avez, pour la première fois, joué à Glastonbury. Vous allez passer les prochains mois en tournée. Que peut-on vous souhaiter ?

R. M. : Une bonne nuit de sommeil. Rencontrer quelqu’un avec qui on peut passer plus de deux jours… ça serait chouette !

En jouant en festivals, en tournant en Europe, avez-vous eu l’opportunité de rencontrer des artistes que vous admirez ?

R. M. : C’est ce que vous pensez, mais on a rarement le temps de voir des concerts. Hier, on a pu voir Iggy Pop, c’était génial. Sinon, on adore Model/Actriz, aussi vu hier. Et on vient de découvrir le dernier morceau de Last Dinner Party.

Vous finirez peut-être par rencontrer The Cure, que vous avez cité comme une influence majeure…

O. P. : On a manqué Robert Smith à Glastonbury, parce qu’il est allé sur scène avec Olivia Rodrigo.

R. M. : On aurait pu le rencontrer… Mais, c’est comme ça !

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