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WeTransfer et son utilisation de l’IA : les 24 heures qui ont bouleversé le leader du transfert de fichiers

16 juillet 2025
Par Pierre Crochart
WeTransfer et son utilisation de l'IA : les 24 heures qui ont bouleversé le leader du transfert de fichiers
©WeTransfer

Le service en ligne permettant de partager de gros fichiers, très utilisé par les entreprises du Web, s’est mis ses utilisateurs à dos.

C’est l’info qui a enflammé le Web hier et a poussé de nombreux internautes à appeler au boycott de WeTransfer. Dans un contexte de défiance accrue envers l’intelligence artificielle, et notamment en matière de respect du droit d’auteur, la firme spécialisée dans le transfert de fichiers en ligne a mis à jour ses conditions d’utilisation. Des conditions qui, à première vue, autorisent l’entreprise à entraîner une IA sur tous les fichiers transitant par ses serveurs.

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WeTransfer rétropédale

De nouvelles conditions d’utilisation sont proposées aux utilisateurs et utilisatrices de WeTransfer depuis le 1er juillet dernier. Elles seront mises en pratique le 8 août prochain, et un article en particulier a beaucoup fait réagir sur la toile : l’article 6.3 « Licence to WeTransfer ». Sans en reprendre l’intégralité, une ligne a suffi à mettre le feu aux poudres. Elle stipule qu’en acceptant les nouvelles CGU, on accorde « une licence perpétuelle, mondiale, non exclusive, libre de redevances, transférable et pouvant faire l’objet d’une sous-licence pour utiliser votre contenu à des fins d’exploitation, de développement, de commercialisation et d’amélioration du service ou de nouvelles technologies ou de nouveaux services, y compris pour améliorer les performances des modèles d’apprentissage automatique qui améliorent notre processus de modération du contenu ».

En clair : on renonce à la propriété du contenu publié sur WeTransfer et l’entreprise se réserve ensuite le droit d’utiliser, voire de reproduire ledit contenu afin d’améliorer les performances de son IA à des fins de modération (afin d’améliorer la détection de contenus prohibés, par exemple). Le service étant particulièrement prisé des entreprises, qui partagent des documents confidentiels, la pilule passe mal. S’est donc ensuivi une vague de dénonciation sur les réseaux sociaux, qui a poussé WeTransfer à réagir, et vite.

L’entreprise a publié hier un communiqué sur son blog afin de clarifier ses nouvelles CGU, en particulier l’article 6.3. Reformulé, plus concis, celui-ci stipule désormais : « Afin de nous permettre d’exploiter, de vous fournir et d’améliorer le service et nos technologies, nous devons obtenir de vous certains droits relatifs au contenu couvert par des droits de propriété intellectuelle. Par la présente, vous nous accordez une licence libre de redevance pour utiliser votre contenu dans le but d’exploiter, de développer et d’améliorer le service, le tout conformément à notre politique en matière de confidentialité et de cookies. »

Que faut-il comprendre des nouvelles CGU de WeTransfer ?

Le langage employé par les conditions générales d’utilisation reste relativement flou, mais ne mentionne plus la notion d’apprentissage profond automatique (deep learning, utilisé dans le contexte de l’intelligence artificielle). Aussi le billet de blog va-t-il plus loin et clarifie davantage.

« Donc, pour être très clair :

OUI – votre contenu est toujours votre contenu. En fait, la section 6.2 de nos conditions d’utilisation stipule clairement que vous “possédez et conservez tous les droits, titres et intérêts, y compris tous les droits de propriété intellectuelle, sur le contenu”.
OUI – vous nous donnez la permission de nous assurer que nous pouvons exécuter et améliorer correctement le service WeTransfer.
OUI – nos conditions sont conformes aux lois applicables en matière de protection de la vie privée, y compris le RGPD.
NON – nous n’utilisons pas votre contenu pour former des modèles d’IA.
NON – nous ne vendons pas votre contenu à des tiers. »

WeTransfer

Des mots qui rassurent et qui permettront peut-être à WeTransfer d’éteindre rapidement l’incendie. Mais, depuis hier, les recommandations de services alternatifs, comme le Français Smash ou SwissTransfer pleuvent sur les réseaux sociaux. Des concurrents qui, parfois, proposent même des limites de poids moins contraignantes que le leader du marché.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste