Malgré le succès lors de la dernière édition des Golden Globes, le film de Jacques Audiard fait l’objet de plusieurs critiques sur les réseaux sociaux.
La course aux Oscars est lancée et Emilia Pérez pourrait bien être l’un des grands favoris. Tout juste couronné aux Golden Globes avec quatre statuettes (meilleur film musical, meilleur film en langue étrangère, meilleure actrice dans un rôle secondaire pour Zoe Saldana et meilleure chanson), le nouveau long-métrage de Jacques Audiard raconte la transidentité d’un chef de cartel mexicain et sa quête de rédemption, sous forme de comédie musicale.
Depuis plusieurs jours, les communautés trans et mexicaines critiquent ouvertement le film et sa représentation plus ou moins clichée des personnes trans, ou même du Mexique. Le film traite, en effet, du pays et de sa situation sociale (entre guerre des gangs et disparitions massives de personnes), ce qui ne passe pas pour certains internautes.
En août déjà, lors de la sortie du film, plusieurs associations LGBTQ+ estimaient ainsi que le long-métrage se base sur des stéréotypes ancrés pour dépeindre la transidentité, sans être forcément représentatif. C’est le cas du site GLAAD, qui estime qu’Emilia Pérez « n’est pas une bonne représentation trans », se focalisant trop sur les « mensonges » du personnage principal, malgré la présence d’une vraie actrice trans, Karla Sofía Gascón.
How Netflix’s ‘Emilia Pérez’ Emerged as the Top Awards Season Contender Despite Online Backlashhttps://t.co/FAxbfnQCfG
— Variety (@Variety) January 6, 2025
Dans un long article revenant sur ses chances de tout remporter aux Oscars, Variety parle ainsi d’un bad buzz massif sur Internet autour de la représentation des femmes mexicaines et de l’utilisation de la transidentité comme un outil de rédemption pour un criminel.
L’image du Mexique également critiquée
Récemment, et encore plus depuis la victoire aux Golden Globes, le film est aussi attaqué pour son aspect international (un film français tourné en France avec des actrices espagnoles ou américaines). Plusieurs membres de la communauté artistique du Mexique regrettent qu’Emilia Pérez traite du pays et de ses habitants sans réellement mettre en scène des personnes mexicaines. Jacques Audiard a ainsi fait savoir qu’il n’était pas allé au Mexique lors de l’écriture de son long-métrage, vantant avant tout la liberté artistique et la représentation personnelle d’un sujet.
L’acteur Mauricio Martínez, sur X, a ainsi posté un long message pour appeler à croire les Mexicains qui trouvent le film insultant lorsqu’Emilia Pérez s’empare d’une des plus sévères crises actuelles du pays, à savoir la disparition des habitants liée au traffic de drogue, sans forcément en avoir saisi toute la complexité.
#EmiliaPérez pic.twitter.com/naL9FAl0ok
— Mauricio Martínez (@martinezmau) January 6, 2025
À l’inverse, d’autres voix défendent le film et la vision de Jacques Audiard.
C’est le cas notamment de la cinéaste mexicaine Issa Lopez, qui s’est exprimée sur le sujet lors des Golden Globes. Pour elle, le réalisateur français a, au contraire, réussi à dépeindre avec justesse les notions d’identité et à montrer la réalité de la violence en Amérique latine, d’une « meilleure façon que n’importe quel mexicain traitant de ces sujets actuellement ».
Issa Lopez, Mexican director, on ‘EMILIA PÉREZ’:
— Selena Gomez News (@SELENAT0RSARMY) January 6, 2025
“What’s happening with Audiard, as a Mexican, when you find out what the movie is about, you think: Let’s see if there’s really an understanding of gender identity, of the reality of violence in Latin America, in Mexico, and when… pic.twitter.com/fvF556z1k1
Le traitement des sujets et des thématiques d’Emilia Pérez est ainsi clivant et déchaine les passions, mais le film demeure l’un des grands favoris pour la prochaine édition des Oscars, qui se tiendra le 2 mars 2025 à Los Angeles. À moins que les discours et les critiques répétés par plusieurs communautés ne viennent entacher sa réputation d’ici là ?
