Entretien

Joysad pour L’Auteur de mes contes : “La morale de cet album, c’est que c’est possible de s’en sortir”

30 octobre 2024
Par Lisa Muratore
Joysad a sorti “L'Auteur de mes contes”, le 18 octobre 2024.
Joysad a sorti “L'Auteur de mes contes”, le 18 octobre 2024. ©Collectif Blakhat

Avec L’Auteur de mes contes, le rappeur Joysad dévoile son quatrième l’album. L’Éclaireur a rencontré l’artiste afin de parler de son projet entre fidélité et réinvention de son univers. Interview.

Vous venez de sortir votre quatrième album, est-ce que c’est toujours la même émotion ? En quoi sa préparation a-t-elle été différente ? 

On passe toujours par plusieurs émotions quand on sort un nouvel album, mais sur celui-ci on était un peu plus pressé. Il y avait beaucoup plus de tension, car on va forcément vouloir le défendre en live à partir de l’année prochaine. On prévoit plein de choses en vue de cela, ça ne se finit jamais finalement ! Cet album, c’est l’album sur lequel a on a été le plus pressé de sortir des projets.

Comment avez-vous vécu cette pression-là ? 

Je l’ai plutôt bien vécu, car, quand je travaille, je suis très actif. Ça m’aide à ne pas trop cogiter, car beaucoup de personnes voudraient ma place. J’ai toujours adoré bouger. Ça fait d’ailleurs cinq ans que je suis entre Périgueux, Bordeaux, Paris, Toulouse et d’autres endroits, donc je suis habitué à bouger, à vivre sous la pression, afin de défendre mes idées et mon projet. 

Joysad vient de sortir son quatrième album, L’Auteur de mes contes.©Collectif Blakhat

Comment vivez-vous la partie tournée à travers la France et votre rapport au public ? 

Pendant ma précédente tournée en solo, j’ai pris conscience de ce que ça représentait. J’ai aussi rencontré mon public, j’ai fait des soirées… Cependant, c’est vraiment en festivals que j’ai pris conscience de tout cela, du fait que l’on peut soulever des foules grâce à la musique. C’est un pur kiff ! Ce contact avec le public, il s’agit de la reconnaissance la plus brute. Je produis des albums aujourd’hui en partie pour cela. Dans le métier de rappeur, c’est ça qui me plaît le plus : la scène, le rapport avec le public et le partage. Je n’écoute pas trop de musique tout seul, j’en écoute pour la partager donc, quand je fais mes sons, c’est sûr que je les fais avant tout pour mon public. 

Peut-on dire que vous êtes plus un homme de scène que de studio ? 

On peut dire ça, oui ! J’ai mis du temps à être à l’aise dans un studio. Maintenant, ça va mieux, bien sûr, mais j’ai pris mon temps, car à la base je viens du milieu du freestyle, avec des formats courts. Il a fallu apprendre à faire de la musique ! 

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Quels retours vous ont le plus marqué depuis la sortie de votre quatrième album ? 

J’ai pu avoir les premiers retours à l’occasion de la release party que nous avons organisée il y a quelques jours, à l’occasion de laquelle on a invité 200 fans pour qu’ils découvrent l’album. J’ai pu voir le monde de près ! La plupart sont très contents, ils ont bien vu que ce n’était pas l’album le plus plus joyeux de toute la Terre [rires]. Disons qu’il n’y a pas beaucoup de soleil dedans, mais tout le monde a souligné le fait que ça collait très bien avec mon univers, tout en représentant un nouveau départ. Il y a à la fois un retour aux sources, mais aussi de nouvelles images, une nouvelle direction et de nouvelles idées. J’ai l’impression d’être dans le juste grâce à ces retours. 

À quel moment, en tant qu’artiste, trouve-t-on le juste milieu entre fidélité et réinvention ? 

Je trouve cet équilibre au fur à mesure des sons que je fais. Il ne faut jamais être sûr d’un son. C’est la raison pour laquelle j’ai mis du temps à assembler ce projet. Ça fait quand même deux ans que je suis dessus. Avec ce nouvel album, je me suis surpris à trouver des textes très sombres lorsque je les ai réécrits au propre. Quand on se refait les 16 titres ligne par ligne, on se rend compte de la noirceur assez unique de ce projet, bien que je les aime tous. Je me vois d’ailleurs les chanter avec le sourire !

Joysad.©Collectif Blakhat

Comme vous le dites, les thématiques sont lourdes et sombres, parfois. À quel moment on se dit que c’est le bon moment d’en faire un album ? 

Je voulais faire quelque chose pour mon anniversaire, un peu comme un big up à moi-même, mais aussi à mes fans qui me suivent depuis le début. J’ai bloqué les sons une fois que j’avais tout le contenu pour y apporter un point final, car dans cet album je parle de l’industrie, ce que j’en ai appris, de ma santé et de thématiques personnelles. Ça fait six ans que je baigne dedans, il fallait donc que ça ressorte aujourd’hui. 

L’anniversaire est un moment joyeux. Pourtant, dans l’album, vous évoquez la dépression, la santé mentale, des moments sombres… Peut-on dire que vous êtes un artiste de contraste ? 

J’aime bien cette définition, car j’adore utiliser les contresens, les antiphrases, les oxymores. J’aime finalement tout ce qui se contredit  ! 

Comment pensez-vous votre texte ? Comment s’articule votre processus créatif ? 

C’est un peu compliqué de répondre à cela, car sur ce nouvel album on a fait que du sur-mesure. J’ai travaillé beaucoup de compositions avec mes amis, des gens très talentueux, sans qui je ne serais rien. Puis, nous y avons ajouté le texte. J’ai écrit en partant du son, d’un rythme, d’une idée ou bien d’une référence. La seule consigne que j’ai donnée à mon équipe, c’est d’aller à chaque fois vers des choses différentes, sans rien prédéfinir. Je voulais que ça soit complètement différent à l’oreille. Il ne fallait aucun code, il fallait qu’on oublie tout ce que l’on a fait avant. Avec L’Auteur de mes contes, on a vraiment voulu marcher au feeling, sans aucune stratégie commerciale. 

Que voulez-vous que votre public retienne de cet album ? 

Je voudrais qu’il comprenne avant tout qu’il y a toujours de l’espoir. Je pense que c’est le message. L’album contient 15 morceaux sur les plateformes, mais, si vous achetez le CD, vous verrez qu’il y a, en réalité, 16 morceaux, des notes qui ont pour but de redonner de l’espoir derrière tous les malheurs. La morale de cet album, c’est que c’est possible de s’en sortir. Je n’aurais jamais sorti l’album et ne me serais jamais chargé de la direction artistique si je ne m’en étais pas sorti. La seule personne qui peut te motiver, qui peut te forcer à travailler, c’est toi-même et cet album en est la preuve ! 

Vous évoquez la direction artistique, à quel point celle-ci est-elle importante dans votre univers ? 

Selon moi, les images s’écrivent. Que ce soit pour le clip ou la première vidéo, j’aime envoyer la première idée afin d’en parler avec mes réalisateurs. J’écris les premiers jets de mes clips, puis on discute de certaines idées afin de les accentuer et les approfondir. 

Joysad.©Collectif Blakhat

Pouvez-vous nous expliquer ce que L’Auteur de mes contes signifie ? Pourquoi avoir choisi ce titre ? 

Quand j’imagine L’Auteur de mes contes, je vois un vieux monsieur devant son bureau avec tous ses livres, un vieil écrivain ou un vieux poète devant tout ce qu’il a écrit et qui fait le bilan sur ce qu’il a fait durant sa vie. On me dit souvent que ce que j’écris est très imagé. Finalement, la musique, c’est raconter des histoires et, grâce aux images, j’illustre ces récits. 

La prochaine étape, c’est bien sûr la tournée. Comment imaginez-vous ce nouveau tour ? 

Je veux faire vivre l’album sur scène grâce à de nouveaux amis qui sont très chauds ! On va être sur scène tous ensemble. Aujourd’hui, mon but est d’agrandir le show et d’avoir des musiciens sur place. La première tournée était forcément une tournée casse-pipe, durant laquelle on testait des choses. Maintenant, le but c’est de faire une tournée bien propre, bien centrée, bien ciblée. Je veux aussi un côté théâtral et choral. Ça ne sera peut-être pas le concert où il y aura le plus de pogos dans les festivals, mais je suis sûr que ça va être super !

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste