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MeToo : 5 minutes pour comprendre les dénonciations de Caroline Ducey et Marianne Denicourt

29 août 2024
Par Robin Negre
La couverture de “La Prédation (Nom Féminin)”.
La couverture de “La Prédation (Nom Féminin)”. ©Albin Michel

Les comédiennes ont ainsi pris la parole et sont toutes les deux revenues sur leurs expériences personnelles.

Alors que la Mostra de Venise vient de débuter, deux nouvelles affaires liées au mouvement #MeToo dans le cinéma viennent d’éclater, confirmant la libération de la parole en France depuis les déclarations de Judith Godrèche.

Les actrices Caroline Ducey et Marianne Denicourt se sont exprimées sur leurs histoires personnelles et dénoncent des comportements violents, abusifs et d’emprise.

Caroline Ducey et le film Romance

Dans un long entretien accordé au Nouvel Obs, Caroline Ducey revient ainsi sur le tournage du film Romance (1999) de Catherine Breillat.

Le long-métrage, classé érotique et non pornographique malgré des actes sexuels non simulés, suit la vie d’une jeune femme malheureuse dans sa vie de couple qui fait la rencontre de plusieurs hommes.

À l’occasion de la sortie de son livre, La Prédation (Nom Féminin) (Albin Michel), Caroline Ducey est revenue sur l’emprise subie par la réalisatrice Catherine Breillat et dénonce un viol lors du tournage de certaines scènes.

L’actrice affirme ainsi qu’en amont du tournage il n’a jamais été question de scènes d’actes sexuels non simulées et que sur le plateau, elle est tombée sous l’emprise de la réalisatrice, qui exigeait de plus en plus de réalisme. Caroline Ducey explique ainsi que lors d’une scène, la réalisatrice lui « demande d’enlever [son] collant et [sa] culotte », avant d’expliquer subir un viol. « On lance le moteur. Je ressens une brûlure intense : Reza m’a fait un cunnilingus ». L’actrice raconte s’être évanouie avant de constater, selon ses dires, que Catherine Breillat masturbe l’homme qui joue la scène pour qu’il reste en érection. Un technicien du plateau serait parti, ne pouvant cautionner ça.

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Contactée également par Le Nouvel Obs, la réalisatrice dément toutes les accusations et affirme que l’actrice n’a jamais été forcée pour quoi que ce soit. Concernant les actes sexuels non simulés, Catherine Breillat explique que Caroline Ducey « les avait acceptés, mais ce n’était pas stipulé dans son contrat, elle était donc libre de ne pas les tourner ». L’actrice a également évoqué ses autres partenaires de jeu, François Berléand et Rocco Siffredi, qui ont refusé d’exécuter certaines actions qu’elle ne voulait pas faire, malgré l’insistance de la réalisatrice.

C’est en lisant le livre Triste Tigre de Neige Sinno que Caroline Ducey a pris la décision de s’exprimer publiquement sur son histoire, après plus de 25 ans à gérer le traumatisme et malgré plusieurs échanges avec la réalisatrice pour lui expliquer ce qu’elle a vécue sur son plateau.

Marianne Denicourt et Arnaud Depleschin

Marianne Denicourt pour sa part, revient dans un entretien avec Elle sur sa relation avec son ex compagnon, le cinéaste Arnaud Depleschin, et sur l’emprise subie. Elle dénonce ainsi « une relation destructrice, avec du dénigrement, de la manipulation. » Après leur rupture, Arnaud Depleschin écrit et réalise le film Rois et reine, qui, selon l’actrice, s’inspire allègrement de sa vie jusqu’à en reprendre les évènements les plus traumatisants, dont la perte de son père et de son ancien conjoint.

L’actrice porte plainte pour atteinte à la vie privée, mais perd son procès en 2006, le tribunal estimant que le réalisateur a « créé son film autour de son histoire et de celles de ses proches », mais que le long-métrage « ne saurait se réduire aux identifications alléguées ». Depuis, l’actrice se contente de quelques apparitions dans le cinéma français et dénonce une mise à l’écart de la part de la profession. « J’étais la petite actrice qui avait osé attaquer la coqueluche du cinéma français et la boîte qui produisait tout le cinéma d’auteur. »

En avril 2024, l’histoire refait surface lorsque l’actrice Juliette Binoche évoque dans Libération sa carrière. Elle explique notamment avoir rencontré Arnaud Depleschin en 2003 pour Rois et reine, avant de constater que « que certains épisodes de la vie de son ancienne compagne, l’actrice Marianne Denicourt, étaient utilisés et instrumentalisés ». Juliette Binoche, comme Emmanuelle Béart, refuse de participer au projet.

Depuis cette déclaration, Marianne Denicourt a ainsi décidé de revenir sur son passé et sur sa relation avec le cinéaste et affirme, toujours dans Elle, qu’« aujourd’hui, on parlerait d’emprise ».

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