Avec les rencontres en ligne, la quête de l’amour s’accompagne de nouvelles dérives : ghosting, dating burn out et surconsommation des relations. Ces phénomènes ont des conséquences psychologiques profondes qu’il ne faut pas négliger.
Les rencontres en ligne ont ouvert de nouvelles perspectives pour des millions de célibataires. Mais derrière cette révolution numérique se cachent des dérives aux conséquences psychologiques et émotionnelles non négligeables. Ghosting, dating burn out et surconsommation des relations sont autant de maux modernes qui frappent les utilisateurs de ces plateformes accessibles partout, sur smartphones comme sur ordinateurs ou tablettes. Tour d’horizon des impacts négatifs du dating en ligne.
Ghosting : l’ombre de la disparition inexplicable (et inexpliquée)
Le ghosting, ce phénomène où une personne coupe subitement tout contact sans explication, est devenu tristement courant dans le monde du dating numérique. Marie raconte : « J’avais passé des semaines à échanger sur Tinder avec un certain Julien. On avait même prévu de se rencontrer. Puis plus rien. Pas de message, pas d’explication. Silence radio complet. J’ai eu l’impression de n’avoir jamais existé. Ça met un coup à l’ego, comme si on ne méritait même pas une explication… »
Selon un sondage réalisé aux États-Unis par Forbes Health/OnePoll auprès de 5 000 personnes en 2023, 76 % des répondants ont déjà pratiqué le ghosting ou en ont été victimes dans le cadre de leurs rencontres amoureuses. En France, selon des données Ipsos publiées en 2024, ce chiffre serait plus proche de 25 à 30 %.
Problème : ce comportement laisse des séquelles profondes. « Le ghosting peut affecter la manière dont les gens abordent les relations, expliquent Raúl Navarro et ses collègues dans une étude publiée en 2021. Il peut provoquer une peur de la vulnérabilité dans les relations futures, réactiver des émotions enfouies liées à des traumatismes passés et entraîner une spirale de pensées négatives, affectant ainsi le bien-être général. Le ghosting est souvent plus perturbant qu’une rupture traditionnelle, car il laisse la victime sans explication, dans un état de confusion et d’incertitude. » Ce vide inexplicable peut donc provoquer un véritable traumatisme émotionnel chez une personne qui ressent un fort besoin de communication et de validation.
Dating burn out : quand la quête de l’amour épuise
Le dating burn out, ou épuisement lié aux rencontres, touche de nombreux utilisateurs. Thomas en a fait les frais : « Après des mois de swipes et de discussions sans fin, j’ai commencé à me sentir vidé. Chaque nouvelle conversation semblait un fardeau plutôt qu’une opportunité. » En nous proposant des profils ciblés, les algorithmes, in fine, nous submergent d’opportunités. Jusqu’à l’overdose.
Ce phénomène est souvent le résultat d’une surcharge cognitive et émotionnelle. Un phénomène qui n’a rien d’exceptionnel : « Ces phases de découragement sont normales, mais, lorsqu’elles deviennent fréquentes, on peut se demander ce dont nous avons besoin pour prendre soin de notre bien-être mental et émotionnel », précise Sandy Kaufmann, coach de vie spécialisée dans la vie amoureuse.
« C’est un processus très difficile pour les gens, car vous investissez beaucoup et vous recevez peu, ajoute Yasmine Saad, fondatrice et PDG de Madison Park Psychological Services, à New York. Cela déclenche beaucoup de désespoir et de nombreux problèmes d’estime de soi. » Selon elle, 80 à 90 % des personnes utilisant régulièrement une application de rencontre ressentent une forme plus ou moins poussée de dating burn out à un moment de leur vie.
Surconsommation des relations : la superficialité des choix infinis
Les applications de rencontres offrent un buffet illimité de partenaires potentiels, mais cette abondance mène souvent à une superficialité et une instabilité relationnelle. Carla confie : « Avec toutes ces options, il devient facile de zapper à la moindre contrariété. On finit par ne jamais s’investir réellement. » Au point que l’on peut préférer se tourner vers une IA qui, au moins, devrait être moins déceptive. Inspirées du film Her de Spike Jonze avec Joaquin Phoenix, on peut citer les apps Nomi Replika et Kindroid qui illustrent bien cette « dérive ».
Ces services, où l’on interagit avec des intelligences artificielles, peuvent, in fine, exacerber la déshumanisation des relations, mais se montrent rassurants au départ, puisque le risque de ghosting est écarté et que les réponses seront, a priori, à notre goût. Cependant, la facilité d’avoir un « partenaire » toujours disponible et sans conflit masque un manque profond de connexion authentique. Que se passe-t-il si on s’attache réellement et souhaite aller plus loin ? Le risque de tomber de haut est grand, avec une forte détresse émotionnelle à la clé.
Des impacts psychologiques et émotionnels multiples, fréquents et non négligeables
Les pratiques modernes de dating ont des répercussions psychologiques considérables. Le ghosting, par exemple, peut renforcer des sentiments d’insécurité et de rejet. Le dating burnout affecte la santé mentale en générant de l’épuisement et une perte de confiance en soi. La surconsommation des relations favorise une culture de l’instantanéité et de la superficialité, nuisant à la construction de liens durables.
Face à ces défis, il est essentiel de se poser les bonnes questions sur nos pratiques de dating. Privilégier la qualité des rencontres plutôt que leur quantité, prendre des pauses régulières des applications et favoriser des interactions réelles sont des pistes pour retrouver un équilibre émotionnel.
Recommandations de lecture
Enfin, voici quelques ouvrages intéressants pour approfondir cette réflexion :