La chaîne cryptée et les principaux acteurs du cinéma français étaient pris dans d’intenses négociations, depuis que les plateformes de streaming se sont engagées – à condition que la chronologie des médias s’assouplisse – à investir une partie de leurs chiffres d’affaires dans des productions françaises.
Malgré l’intention de Canal+ (filiale du groupe Vivendi, dont l’actionnaire majoritaire est un certain Vincent Bolloré) de réduire drastiquement sa contribution au cinéma français en développant deux offres distinctes, la chaîne payante a fini par renouveler son engagement auprès des principaux acteurs du cinéma hexagonal – le Blic (Bureau de liaison des industries cinématographiques) le Bloc (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma) et l’ARP (Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs) – au coeur d’un accord redéfinissant sensiblement les termes de l’actuelle chronologie des médias. Selon les informations révélées par l’AFP (Agence France Presse), ce nouvel accord prévoit « un investissement garanti de plus de 600 millions d’euros pour les trois prochaines années dans le cinéma français et européen pour Canal+ et Ciné + ». La chronologie des médias actuelle (révisée pour la dernière fois en 2018), qui régit l’organisation de la diffusion des films après leur exploitation en salles, prévoit que Canal+, acteur historique du cinéma français, dispose d’une fenêtre d’exclusivité huit mois après la sortie des films. Avec ce nouvel accord, la fenêtre de diffusion a été ramenée à six mois, comprenant une période d’exclusivité de neuf mois pour la chaîne payante.
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Cependant la messe n’est pas encore dite, puisqu’il reste encore à trouver un point d’entente avec les principales plateformes de SVOD telles que Netflix ou Disney+ : engagées à injecter entre 20 et 25% de leurs chiffres d’affaires réalisés en France dans la production audiovisuelle française et européenne, les plateformes de streaming pourraient diffuser les films un peu plus d’un an après leur sortie en salles avec ce nouvel accord, contre les 36 mois prévus par la chronologie actuelle. Contacté par l’AFP, Netflix n’a pas souhaité réagir, déclarant devoir d’abord « prendre connaissance de l’accord ». Les chaînes gratuites – dont la fenêtre de diffusion oscille entre 22 et 30 mois – ne se sont pas encore prononcées mais devraient également bénéficier d’une fenêtre plus courte. Cet accord soulagera-t-il les inquiétudes des professionnels du cinéma ? Le 30 novembre dernier paraissait dans Le Monde une tribune signée par 150 personnalités issues de la nouvelle génération du cinéma français, manifestant leur inquiétude autour de l’émiettement des droits de diffusion des œuvres à l’heure des plateformes.
Reste à espérer que les différents partis s’accordent à la fois sur une nouvelle chronologie et sur une rémunération plus juste des autrices et auteurs.