Fondée en 2001, la revue Décapage fête cette année ses vingt ans d’existence. Retour sur cet ovni du paysage littéraire français, à l’occasion de la parution, le 13 octobre prochain, de son numéro 64.
À l’origine de cette revue aussi caustique qu’exigeante, l’écrivain Jean-Baptiste Gendarme. D’abord hébergée par les éditions de la Table ronde, Décapage est éditée depuis 2012 par la maison Flammarion. Depuis vingt ans se succèdent dans ses pages des chroniques, entretiens et nouvelles qui scrutent les actualités et les tendances de la littérature contemporaine. Le numéro automne-hiver 2021 consacre un dossier à Marie-Hélène Lafon et interroge plusieurs auteurs et autrices sur leur usage des réseaux sociaux.
« La littérature n’a pas dit son dernier mot »
Le milieu littéraire français semble résister coûte que coûte à s’affronter au contemporain : les lettrés mettent ainsi plus de temps que les autres à dénoncer leurs pédophiles, à remplacer leurs jurys vieillissants, à appliquer la parité entre les femmes et les hommes. Mais Décapage n’a que faire des fâcheux : la littérature est bel et bien contemporaine, et ce serait terriblement la desservir que de penser qu’on ne peut la prendre qu’au sérieux. Aussi loin que possible de l’élitisme et des tournures de phrases absconses, cette revue littéraire remplit son rôle à la perfection : elle met en contact les auteurs avec celles et ceux qui les lisent.
Instagram et la littérature
Le numéro 64 de Décapage a proposé à plusieurs auteurs de dire quelques mots de leur rapport aux réseaux sociaux. On pressent depuis plusieurs années que Facebook, Instagram et Twitter modifient notre façon d’envisager les textes littéraires et leurs auteurs. Il est maintenant impensable d’organiser la promotion d’un ouvrage sans passer par la case réseaux sociaux, et les blogueurs et blogueuses littéraires ont autant d’influence que les journalistes critiques. Surtout, les auteurs ont maintenant la possibilité d’être en contact direct avec leurs lecteurs. Plus d’une dizaine d’entre eux, dont Blandine Rinkel, Patrice Pluyette, Julia Kerninon et Pauline Delabroy-Allard, témoignent dans Décapage de leur usage des réseaux sociaux, entre joie de l’échange, insultes gratuites, et difficulté de prise en main.