Selon une enquête de l’Ifop, 91% des Français soutiennent le projet de loi de sécurisation de l’espace numérique qui vise notamment à empêcher l’accès des mineurs aux sites pour adultes.
Ce mercredi, l’Assemblée doit voter le projet de loi sur la sécurisation de l’espace numérique. Visant à renforcer la protection des plus vulnérables dans l’univers du numérique, il renforce les pouvoirs de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour lutter contre l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Concrètement, le régulateur pourra ordonner le blocage des sites ne vérifiant pas l’âge de leurs visiteurs sans avoir à passer par un juge.
À l’occasion du débat de ce projet de loi à l’Assemblée, l’Ifop vient de publier une enquête* révélant le soutien massif des Français pour empêcher les mineurs d’accéder aux sites pour adultes. 91% des personnes interrogées sont en effet favorables au renforcement des pouvoirs de l’Arcom. Un soutien qui est aussi massif chez les jeunes de moins de 25 ans (92%) et les amateurs réguliers de pornographie en ligne (84%).
Un large soutien au contrôle de l’âge envisagé par le gouvernement
Les Français sont également majoritairement favorables à la mise en place d’un système de vérification d’âge par certificat de majorité anonyme, dispositif de contrôle de l’âge envisagé par le gouvernement. 75% soutiennent la mise en œuvre de cette solution, tandis que 61% préfèrent le contrôle par carte bancaire et 45% défendent celui par analyse faciale, solution clivante, sans doute pour son caractère intrusif, précise l’Ifop.
Selon l’institut, cette unanimité sur le projet de loi tient probablement au fait que dans ce débat, les Français priorisent massivement la protection des enfants (89%) sur d’autres principes avancés par les opposants au texte, comme la liberté d’expression (53%) ou la protection de l’anonymat des consommateurs de pornographie en ligne (41%).
Une banalisation de la consultation des sites pornographiques
L’étude souligne en outre une banalisation de la consultation des sites pour adultes, qui est à son plus haut depuis dix ans chez les hommes et les femmes. Les premiers (79%) sont cependant plus nombreux que les secondes (40%) à surfer sur ces sites. Alors que 62% des jeunes reconnaissent les avoir déjà consultés au cours de leur vie, ils ont conscience qu’il faut éviter d’être trop jeune pour être exposé à ce genre de contenus. 53% des moins de 25 ans ont en admis qu’ils n’avaient pas l’âge d’en voir lors de leur première visite, une proportion légèrement supérieure chez les garçons (56%) que chez les filles (52%) qui y accèdent globalement plus tardivement que les hommes de leur âge.
À cela s’ajoute l’accès de plus en plus précoce des jeunes aux sites pour adultes. Le nombre de mineurs initiés à la pornographie en ligne avant leurs 15 ans a en effet quasiment doublé au cours des dix dernières années, passant de 30% en 2013 à 57% en 2023. Dans le détail, 24% des sondés de 18 à 24 ans ont déclaré qu’ils avaient moins de 13 ans lorsqu’ils ont surfé sur un site pornographique pour la première fois et 33% avaient entre 13 et 14 ans.
« Dans le contexte post-MeToo, le renforcement des conditions d’accès aux sites X apparaît d’autant plus nécessaire qu’au regard des résultats de l’étude, la consommation de pornographie en ligne favorise les violences symboliques, psychologiques et physiques subies par les femmes dans leur vie intime », alerte par ailleurs l’Ifop. L’étude révèle en effet que la disposition des hommes à la violence durant l’acte sexuel est d’autant plus forte que leur consommation est intense ou précoce. À titre d’exemple, 34% des amateurs très réguliers de pornographie en ligne ont reconnu ne pas avoir toujours respecté le consentement de leurs partenaires à certaines pratiques sexuelles, contre seulement 10% des hommes ne consultant jamais ces sites.
*Étude Ifop pour MonPetitVPN réalisée du 15 au 18 septembre auprès de 3 014 personnes âgées de 18 ans et plus.