Dans son livre Triste tigre, l’autrice revient sur son passé et raconte l’inceste qu’elle a subi quand elle était enfant.
C’est l’un des livres les plus forts de cette rentrée littéraire. Triste tigre (POL) de l’autrice Neige Sinno, est un récit radical sur l’inceste et les viols commis par son beau-père alors qu’elle avait sept ans et jusqu’à ses quatorze ans. Sélectionné dans la plupart des concours littéraires – dont le Prix Goncourt et le Prix Décembre —, lauréat du prix littéraire Le Monde 2023, Triste tigre s’impose dans toutes les librairies et dévoile avec pudeur la vie de son autrice. Une vie marquée par une enfance douloureuse.
C’est son troisième livre, après La Vie des rats en 2007 (un recueil de nouvelles), et Le Camion en 2018, mais Triste tigre (aux éditions P.O.L.) a un caractère autobiographique différent. Dans les années 1990, Neige vit avec sa soeur, sa mère et son beau-père dans les Alpes. Le quotidien est précaire, la famille recomposée mène une vie « de bohème », marginale. De ses sept ans à ses quatorze ans, Neige subit les viols de son beau-père, sans être capable de le dire, avant de pouvoir s’enfuir. À 21 ans, elle porte plainte, avec sa mère et l’homme est condamné à neuf ans de prison. Il n’en fait que cinq, se remarie et fonde une nouvelle famille.
« Une petite bombe artisanale »
À 46 ans, Neige Sinno revient sur cette période de sa vie et décortique son passé. Comme elle le dit en présentation, Triste tigre est une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture ». Le livre convoque différents genres de littérature, explore, expérimente et fait appel à d’autres auteurs pour mettre des mots sur l’impensable.
Après son enfance, la vie de Neige se poursuit sur les bancs de l’université où elle soutient une thèse sur la littérature anglophone, puis étudie aux États-Unis et au Mexique. Autrice et traductrice, elle vit désormais avec son compagnon au Mexique.
Avec Triste tigre, elle s’empare d’un sujet grave, douloureux, et marque durablement cette rentrée littéraire. Neige Sinno, un nom à retenir.
Triste tigre (2023), de Neige Sinno, P.O.L., 288 p., 20€.