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Noonoouri, première IA à signer un contrat avec un grand label musical

07 septembre 2023
Par Kesso Diallo
Noonoouri, première IA à signer un contrat avec un grand label musical
©Capture d'écran/YouTube

Après avoir signé un contrat de disque avec Warner Music, cette influenceuse virtuelle a sorti son premier single.

Sorti vendredi dernier, le single Dominoes n’est pas chanté par une véritable personne. Son interprète, Noonoouri, est en effet une influenceuse virtuelle créée en 2018 par « l’activiste numérique » Joerg Zuber. Mettant aussi en vedette le DJ et producteur de musique allemand Alle Farben, il a été écrit par un groupe d’auteurs-compositeurs et de musiciens. « Après deux ans de si dur labeur sur ce projet musical, nous pouvons enfin partager cet incroyable travail d’équipe avec le monde », a commenté Joerg Zuber sur Instagram.

La voix de Noonoouri a été créée à l’aide de l’intelligence artificielle (IA). Basée sur celle d’une vraie chanteuse, elle a été modifiée pour qu’elle ait sa propre tonalité. L’influenceuse a pu sortir ce single après avoir signé un contrat de disque avec Warner Music, le premier de ce type avec un label musical. « Noonoouri est un personnage numérique de longue date avec lequel nous avons signé un contrat d’enregistrement », a déclaré Warner Music à The Independent, ajoutant qu’« elle n’est pas générée par l’IA, bien qu’une technologie assistée par l’IA ait été utilisée pour l’aider à créer sa voix chantée »

Une célèbre influenceuse

Noonoouri était connue bien avant la signature de ce contrat. Depuis sa première apparition en 2018, elle a travaillé avec plusieurs grandes marques de luxe, comme Dior et Valentino, et compte plus de 400 000 abonnés sur Instagram. Elle est aussi apparue dans un tuto vidéo pour la marque de cosmétiques de Kim Kardashian. Son créateur n’est plus le seul à s’occuper de sa carrière. Joerg Zuber a en effet indiqué au Telegraph qu’une équipe de 15 personnes travaille désormais pour maintenir l’activité de l’influenceuse sur les réseaux sociaux. Preuve que l’IA « donne du travail à de vrais humains », selon lui.

La sortie de ce single intervient pourtant à un moment où cette technologie inquiète le secteur musical, notamment pour les questions de droits d’auteur. Pour rassurer, Warner Music a déclaré que « les auteurs-compositeurs recevront des royalties et des droits d’édition comme pour toute autre chanson traditionnelle ».

S’adapter à l’IA 

Le label musical n’est pas seul à prendre des dispositions face à la menace de l’IA. Le mois dernier, YouTube a dévoilé comment il prévoyait de protéger les artistes tout en exploitant le potentiel de cette technologie, s’associant notamment à Universal Music Group. Plus hésitant à adopter l’IA, ce label musical a fait retirer une chanson virale reproduisant les voix de Drake et The Weeknd de plusieurs plateformes de streaming musical plus tôt cette année. 

Le créateur de cette dernière, Ghostwriter, est d’ailleurs revenu avec un nouveau morceau mardi. Intitulé Whiplash, il reproduit les voix des rappeurs Travis Scott et 21 Savage. Publiée sur les réseaux sociaux, la chanson est accompagnée d’une déclaration appelant les deux rappeurs à collaborer pour une sortie officielle. « L’avenir de la musique est là. Les artistes ont désormais la possibilité de laisser leur voix travailler pour eux sans lever le petit doigt », a écrit Ghostwriter. « Si vous souhaitez la publier, je la qualifierai clairement d’IA et je vous verserai des redevances », a-t-il ajouté.

Il cherche en outre à gagner un Grammy Award pour sa première œuvre. Selon le New York Times, Ghostwriter a en effet soumis la chanson Heart on My Sleeve pour deux catégories lors de la prochaine cérémonie : « meilleure chanson de rap » et « chanson de l’année », toutes deux décernées aux auteurs d’un morceau. « En ce qui concerne le côté créatif, il est absolument éligible car il a été écrit par un humain », a déclaré Harvey Mason Jr., producteur et directeur général de la Recording Academy, organisation décernant les Grammy Awards. Elle vérifiera si la chanson est disponible sur le marché, les règles des Grammy stipulant qu’un morceau doit avoir une « diffusion générale », autrement dit, qu’il soit « disponible dans tout le pays via les magasins physiques, les commerçants en ligne tiers et/ou les services de streaming ».

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste