Auteur prolifique peu connu du grand public, Philippe Curval s’est éteint à l’âge de 93 ans. Retour sur une icône de la SF française.
1 Le Ressac de l’espace, 1962
Adolescent rebelle, Philippe Curval quitte le nid familial et bourgeois pour exercer de nombreux petits boulots. Passionné par la littérature de Jules Verne, Herbert George Wells et Maurice Renard, le jeune écrivain commence sa carrière littéraire tôt, à la fin des années 1950. Son deuxième roman, Le Ressac de l’espace est son premier succès critique.
L’auteur raconte l’invasion de la Terre par les Txalqs, un peuple parasite qui survit en s’emparant des espèces biologiques inférieures. Alors que des humains ont fuit vers Vénus, ils reviendront plus tard pour délivrer leur planète, avant de s’apercevoir que l’humanité accepte parfaitement cette domination extra-terrestre. Ce deuxième ouvrage sera récompensé l’année de sa sortie par le prestigieux Prix Jules Verne.
2 La Forteresse de coton, 1967
Si Philippe Curval est un des auteurs phares de l’Âge d’or de la science-fiction française, il a toujours confié rejeter cette appellation. Proche de Boris Vian et de Raymond Queneau, l’auteur se tourne très tôt vers un surréalisme qui traversera son œuvre jusqu’à sa mort. Auteur prolifique, Philippe Curval a également écrit une centaine de nouvelles, dont La Forteresse de coton.
Dans ce texte, l’écrivain décrit une Venise onirique, dont le paysage se distord à travers le regard de personnages contaminés par le mal. Auteur peu connu dont l’œuvre ne lui rapportait pas beaucoup, Philippe Curval trouvait notamment l’inspiration à travers de nombreux voyages, dans le cadre de son activité de journaliste pour le magazine d’EDF.
3 L’Homme à rebours, 1975
Après un long détour par le roman classique, Philippe Curval revient à l’imaginaire en 1975 avec L’Homme à rebours. L’écrivain continue de construire son œuvre inclassable et poétique, avec une plume lyrique qui plonge le lecteur dans des contrées inconnues.
On suit alors les pérégrinations de Félice Giarre, habitant de Terre I, une terre où les femmes ne procréent plus naturellement, où les parents n’élèvent plus leurs enfants et où les marchés sont synthétiques. Le héros découvre alors sa capacité à voyager entre les dimensions et navigue entre Terre I et Terre II, une version de notre planète peuplée de lézards. Ce voyage extraordinaire vaudra à son auteur le Grand Prix de l’Imaginaire, un an après sa création.
4 Cette chère humanité, 1976
En 1976, Philippe Curval débute son Cycle de l’Europe après la pluie, une somme qui deviendra, par la suite, son chef-d’œuvre. Avec ce premier volet intitulé Cette chère humanité, l’auteur imagine le Marcom, une Europe nationaliste et conformiste repliée sur elle-même où les conflits s’étirent entre écologistes ayant fait table rase de la technologie et partisans du retour à celle-ci.
Lauréat du Prix Apollo en 1976, le livre donnera lieu à deux suites : Le Dormeur s’éveillera-t-il (1979) et En souvenir du futur (1983). Oublié malgré son importance dans la science-fiction française, Philippe Curval a été remis au goût du jour récemment par les éditions La Volte. Disparu à l’âge de 93 ans, l’auteur aura notamment participé à la création de la première librairie de science fiction et aura collaboré à de nombreuses reprises avec la revue Fiction.
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