Ce week-end lors de la 37ème Cérémonie des Goya, As Bestas, dernier film de Rodrigo Sorogoyen brillamment mené par Marina Foïs et Denis Ménochet, a triomphé avec neuf prix dont ceux de Meilleur film, et de Meilleur acteur pour le français. Pendant la soirée Juliette Binoche a aussi reçu un prix d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière.
C’est l’équivalent des Oscars aux États-Unis ou des César en France qui se tenait ce samedi 11 février à Séville. Les prix Goya, qui récompensent les meilleures productions du cinéma espagnol, ont consacré cette année As Bestas de Rodrigo Sorogoyen, réalisateur reconnu pour un style éclectique déjà apprécié dans ses précédents El Reino (2018) et Madre (2019). Le grand favori de la compétition, a fait une razzia raflant pas moins de neuf récompenses sur les dix-sept nominations que le film comptabilisait au total.
Le dernier long-métrage du réalisateur espagnol a notamment remporté la catégorie du Meilleur scénario original venant distinguer la qualité de ce thriller qui suit le récit d’Antoine (Denis Ménochet) et Olga (Marina Foïs) : Un couple de Français, installés depuis longtemps dans un petit village de Galice dont ils tentent d’initier le repeuplement. L’immense défiance de leurs voisins et la tension qu’elle suscite crée un conflit qui attente à leur bonne intention jusqu’à la détruire.
Denis Ménochet, interprète du personnage d’Antoine, s’est vu remettre le Goya du meilleur acteur pour sa prestation. Ce couronnement fait de lui le premier acteur français à remporter la prestigieuse catégorie et représente pour le comédien la plus importante récompense qu’il ait obtenue à ce jour. Ce drame rural inspiré d’une histoire vraie a aussi reçu le grade de Meilleur film, et de Meilleur réalisateur pour Sorogoyen. Sorti en juillet dernier après avoir été présenté hors compétition au Festival de Cannes, As Bestas a rencontré un réel succès critique et public (300 000 entrées en France).
« Ce qui nous a plu, c’est d’imaginer les motivations » des personnages, de voir « comment on peut à ce point détester quelqu’un de son voisinage, et (la motivation) des deux étrangers, des gens qui ne sont pas les bienvenus mais qui se disent ‘je ne vais pas partir d’ici' », avait expliqué le réalisateur à l’AFP.
Hommage et célébration
La soirée a été l’occasion de célébrer l’actrice française Juliette Binoche qui a reçu un prix international saluant son « son extraordinaire trajectoire » cinématographique qui touche et rayonne à travers le monde. Depuis la scène, Juliette Binoche a profité de ces considérations pour chantonner avec émotion l’air de Porque te vas, chanson emblématique du film Cría cuervos (1976) de Carlos Saura décédé à la veille de la cérémonie. Cette disparition bouleversante pour le monde du cinéma l’était d’autant plus que l’Académie avait prévu de lui décerner samedi soir un Goya d’honneur gratifiant l’ensemble de sa carrière. « La mort de Carlos Saura a ému toute la profession » car« il était l’un des représentants les plus brillants de la culture espagnole », confiera le président de l’Académie du cinéma Fernando Méndez-Leite.
Carlos Saura était une figure incontournable du cinéma espagnol. Couronné de nombreuses récompenses il a notamment reçu un Ours d’argent à la Berlinale de 1966 pour son film La Chasse (1965). Insatiable et inépuisable, son dernier film réalisé l’année de ses 90 ans, Las paredes hablan (Les murs parlent), est sorti début février en Espagne.