Dans leur dernier roman illustré, Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis racontent avec tendresse, l’histoire d’amitiés hors normes avec des monstres.
« Mesdames et messieurs, chers et tendres enfants, approchez, approchez ! Après avoir diverti les rois et les reines, les sages et les fous, notre cirque est enfin parmi vous. » C’est une invitation ou une mise en garde. Le programme prévoit des numéros exceptionnels à faire « hurler de rire ou rugir de peur », promettant un clou du spectacle assuré par celui « que le monde entier envie et que tout le monde craint ». Ces mots, aussi attirants qu’effrayants, sont ceux sur lesquels l’auteur Stéphane Servant et l’illustrateur Nicolas Zouliamis laissent le lecteur oser s’approcher. Classé au rayon Contes/Fables/Mythologie dans les librairies, cette nouveauté à cheval entre le roman graphique et le roman illustré semble se trouver pile à la croisée des genres.
À quoi ressemble un monstre ?
L’Histoire étudiée ou les histoires racontées ont permis au fil des époques de représenter le monstre. D’en imaginer les traits, l’aspect. Le monstre fait l’objet des plus grands fantasmes et spéculations. Porteur de nos peines et de nos craintes, on lui prête souvent les traits les plus disgracieux.
Cependant dans le roman de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis, « le clou du spectacle » ne semble rien avoir de vilain comme veut bien le décrire Libération « un petit garçon (…) à la peau lisse et blanche, aux yeux tout ronds ». En opposition à des villageois en liberté qui eux « ont des cornes, des canines et des joues flasques disproportionnées. »
Immonde, ou tout a fait esthétique le monstrueux semble reposer pour beaucoup sur une question de physique. Mais l’apparence ne fait pas tout, surtout dans « un monde où laideur et cruauté sont banalisées ». C’est donc au rythme poétique d’une « chanson qui disait que les monstres nous ressemblent parfois. Et que les cages sont faites pour être brisées » et à partir d’un très beau trait de stylo-bille noir, que l’auteur et l’illustrateur tissent des liens entre des personnages qui n’auraient jamais dû s’entendre. Et rappellent ainsi que chacun est le monstre de quelqu’un.
Monstres de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis, à partir de 8 ans