Trois artistes ont intenté une action en justice contre les entreprises derrière Stable Diffusion et Midjourney, les accusant de porter atteinte au droit d’auteur.
Permettant de générer des images à partir d’une description textuelle, les intelligences artificielles, comme Midjourney et Stable Diffusion, sont utiles à bien des personnes. Elles ne sont cependant pas appréciées par les artistes, qui reprochent aux entreprises derrière ces systèmes de se servir de leurs œuvres pour les entraîner, sans leur consentement. Raison pour laquelle trois artistes – Sarah Andersen, Kelly McKernan et Karla Ortiz – ont porté plainte vendredi dernier.
L’avocat Matthew Butterick, avec le cabinet Joseph Saveri, a en effet déposé un recours collectif en leur nom contre Stability AI, Midjourney et la plateforme DeviantArt, qui a lancé son propre générateur de contenu via l’IA l’année dernière. Il leur est reproché d’avoir utilisé le système Stable Diffusion, « un outil de collage du 21ème siècle qui remixe les œuvres protégées par le droit d’auteur de millions d’artistes dont le travail a été utilisé comme données de formation ». Elles sont ainsi accusées d’avoir violé leurs droits d’auteurs.
De lourds préjudices pour les artistes
Lancée par Stability AI en août dernier, Stable Diffusion est une IA qui, selon Matthew Butterick, a copié cinq milliards d’images sans le consentement des artistes originaux. « Stable Diffusion s’appuie sur un processus mathématique appelé diffusion pour stocker des copies compressées de ces images d’entraînement, qui à leur tour sont recombinées pour obtenir d’autres images », explique l’avocat.
Par ailleurs, les images générées par ces IA peuvent ressembler aux œuvres des artistes. Si ce n’est pas toujours le cas, elles font tout de même concurrence sur le marché, étant dérivées des copies d’images d’apprentissage. « Au minimum, la capacité de Stable Diffusion à inonder le marché avec un nombre pratiquement illimité d’images contrefaites infligera des dommages permanents au marché de l’art et des artistes », assure Matthew Butterick. « Même en supposant des dommages nominaux de 1 $ par image, la valeur de ce détournement serait d’environ 5 millions de dollars », indique par ailleurs l’avocat.
À noter que Stability AI pourrait aussi être poursuivi en justice par l’agence photo américaine Getty Images. Distribuant des photos d’illustration et d’actualité, elle accuse l’entreprise d’avoir « illégalement copié et traité des millions d’images protégées par le droit d’auteur ». Alors qu’elle fournit des licences adaptées à l’entraînement d’intelligences artificielles, elle reproche également à l’entreprise de ne pas avoir cherché à en obtenir une. Getty Images a ainsi annoncé mardi avoir commencé les premières démarches judiciaires pour porter le litige devant la Haute Cour de Londres.