Le PDG de Twitter continue de dire tout et son contraire sur la liberté d’expression, ce qui augmente les tensions sur la plateforme.
Elon Musk crée la confusion sur les règles de son réseau social. Alors qu’il avait dit qu’il ne bannirait jamais le compte qui suit son jet privé — au nom de la liberté d’expression — il a non seulement suspendu ce compte mais aussi celui de plusieurs journalistes qui ont critiqué cette décision.
Des propos contradictoires
Jeudi 15 décembre, le milliardaire a suspendu plusieurs journalistes américains, certains travaillant par exemple pour CNN, le New York Times et le Washington Post. La raison : ils avaient fait remarquer le comportement contradictoire d’Elon Musk. Alors qu’il avait dit en novembre qu’il était « si engagé pour la liberté d’expression » qu’il n’allait pas suspendre le compte qui suit son jet privé, il l’a finalement fait ce mois-ci.
Il a justifié sa décision en expliquant que « me critiquer toute la journée est complètement acceptable, mais publier ma localisation en temps réel et mettre en danger ma famille ne l’est pas ». Cependant, les données de suivi d’avion (flight tracking) sont disponibles publiquement sur internet, même sans l’accès à ce compte Twitter, et les journalistes n’ont pas révélé ce genre d’informations sur Elon Musk. Cette décision est d’autant plus étrange que Twitter a prévu de forcer les utilisateurs à partager leur localisation et numéro de téléphone pour qu’ils soient vendus à des fins de ciblage publicitaire.
L’Union européenne s’inquiète
Ces suspensions de comptes, bien qu’Elon Musk assure qu’elles soient temporaires, inquiète de nombreuses personnalités politiques y compris en Europe. « La liberté de la presse ne doit pas être activée et désactivée à convenance, » a ainsi réagi le ministre des affaires étrangères allemand. En France, le ministre de la Transition Numérique Jean-Noël Barrot s’est dit « affligé par la dérive dans laquelle Elon Musk précipite Twitter ».
Le milliardaire, loin d’avoir une politique de modération claire, a l’air de changer les règles d’un jour à l’autre de façon imprévisible. Il faudra pourtant qu’il se décide, car l’Union européenne risque de sanctionner Twitter dès 2024 avec l’application du Digital Services Act (DSA).