Ce mercredi 19 octobre sort le documentaire Hallelujah : les mots de Leonard Cohen. L’occasion de revenir sur la carrière du prolifique artiste canadien, à qui l’on doit l’un des titres les plus emblématiques de l’histoire de la musique.
Leonard Cohen a déjà été le sujet de plusieurs documentaires. On repense notamment à I’m Your Man (2006), qui mélangeait des extraits inédits des concerts de l’artiste et ses confessions sur sa vie personnelle. De son enfance au Canada à la composition de ses titres les plus connus, en passant par l’écriture de ses romans, le musicien s’est raconté devant la caméra de Lian Lunson.
Le 19 octobre 2022 sortira dans les salles obscures françaises Hallelujah : les mots de Leonard Cohen, un documentaire inédit réalisé par Daniel Geller et Dana Goldfine, qui propose de revenir sur la vie du chanteur, mais surtout l’histoire derrière sa chanson la plus emblématique.
De la poésie à la musique
La composition d’Hallelujah (1984) constitue le point de départ des deux cinéastes dans le documentaire. À l’origine, Leonard Cohen ne se destinait pas à la musique, mais plutôt à l’écriture. D’abord de poèmes, qu’il compile dans plusieurs recueils comme Let Us Compare Mythologies (1956). Puis, l’écrivain se tourne vers les romans avec The Spice Box Earth (1961), qui participe à construire sa notoriété. Viendront ensuite The Favorite Game (1963) et Beautiful Losers (1966).
Son amour des mots le pousse dans les années 1960 à se tourner vers la composition musicale, un art qu’il découvre à plus de 30 ans. Il se produit d’abord dans des festivals folk avant d’écrire ce qui deviendra l’une de ses plus belles chansons, Suzanne. Écrite pour l’ancienne épouse d’un ami artiste, Suzanne Verdal, la chanson devient rapidement un hit, en 1967. Leonard Cohen l’intègre rapidement à son premier album, sobrement intitulé Songs of Leonard Cohen sur lequel on peut également retrouver les morceaux Sisters of Mercy ou encore So Long, Marianne. L’album, accueilli positivement par la critique, est suivi d’un opus plus classique, loin de la noirceur du premier, intitulé Songs From a Room (1969).
Après quoi sortent Death of a Ladies’ Man (1979), dont Leonard Cohen garde un mauvais souvenir du processus créatif. Après un passage par la comédie musicale Night Magic (1982), le musicien sort son plus grand album, Various Positions (1984).
La naissance d’un titre emblématique
Ce dernier représente la création la plus aboutie du chanteur, notamment pour deux compositions mythiques, Dance Me to the End of Love et Hallelujah, mais aussi pour les thématiques que l’opus aborde. L’album catalyse en effet les sujets de prédilection de Leonard Cohen, comme la sexualité, l’amour, la solitude, le spleen et, bien évidemment, la religion.
Cette thématique a toujours eu une importance capitale au fil de la carrière de Leonard Cohen, le titre Hallelujah représentant peut-être sa réflexion la plus aboutie, du moins la plus parlante. Il explique par ailleurs que la chanson est inspirée par « un désir d’affirmer ma foi dans la vie, pas de manière religieuse, mais avec enthousiasme et émotion ». Cette chanson mythique, reprise plus de 120 fois par de nombreux artistes, représente le point de départ du documentaire Les Mots de Leonard Cohen.
Le film se concentre notamment sur le long processus créatif de la chanson, son interprète ayant mis plusieurs années à la composer. Le titre a connu par ailleurs un succès tardif, Columbia ayant refusé de sortir Various Positions aux États-Unis, considérant l’album médiocre. Les concerts dans lesquels Leonard Cohen l’interprète en live, puis la fameuse reprise de Jeff Buckley en 1994 sur son album Grace, ou encore le film Shrek (2001), finiront cependant par rendre à Hallelujah la popularité que le morceau mérite.
Le prolifique artiste continue sur sa lancée en 1988 avec I’m Your Man qui marque un changement dans l’écriture, la composition et l’orchestration. Les synthétiseurs sont très présents et l’écriture est plus engagée et teintée d’humour noir. Un univers que l’on retrouve aussi dans The Future (1992), le neuvième album de Leonard Cohen, pour lequel il partira en tournée jusqu’en 1994.
Cette même année cependant, l’artiste décide de se retirer de la scène musicale. Il rejoint alors un monastère bouddhiste, avant d’être ordonné moine en 1996. Entre cette date et 2001, Leonard Cohen ne produit aucun texte ni aucune chanson.
Il faut attendre le début des années 2000 et son album Ten New Songs (2001) pour le voir revenir sur le devant de la scène. Il retrouve pour l’occasion sa collaboratrice privilégiée, Sharon Robinson, avec qui il compose également Dear Heather, en 2004. En 2006, Leonard Cohen revient également à la poésie avec un nouveau recueil intitulé Book of Longing, avant de produire, entre 2012 et 2016, trois nouveaux opus. Son dernier, intitulé Thanks for The Dance, sort en 2019 à titre posthume, trois ans après le décès de l’artiste.
Leonard Cohen a marqué l’histoire de la musique, de par sa maîtrise de la prose, mais aussi son écriture prolifique. S’il se destinait à l’origine à la poésie, il a su insuffler dans ses titres les plus mythiques une fantaisie et une sagesse dont lui seul avait les mots. Grâce à des thèmes passionnants que l’on retrouve finalement dans des tubes intergénérationnels, le chanteur et musicien est devenu un porte-voix intime. Son parcours a inspiré de nombreux artistes, à travers la musique, la danse, la littérature et le cinéma.
Son héritage artistique est encore aujourd’hui très présent ; en témoigne la sortie le 14 octobre d’un album hommage Here it Is : A Tribute to Leonard Cohen, ainsi que le documentaire Hallelujah : Les Mots de Leonard Cohen, ce mercredi 19 octobre 2022. Des œuvres intimes, drôles et foisonnantes de créativité, à l’image de leur sujet.
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