Des dispositifs vont être déployés dans les centres correctionnels de la Nouvelle-Galles du Sud dès 2023 pour rendre le processus d’identification des détenus et des visiteurs plus rapide.
Alors que des supermarchés ont été contraints de suspendre leur utilisation de la reconnaissance faciale en Australie, des prisons vont prochainement se servir de cette technologie dans le pays. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud va la déployer dans ses centres correctionnels dès le début de l’année prochaine, dans le cadre d’un contrat conclu entre le Corrective Services New South Wales (CSNSW), qui gère les établissements pénitentiaires de l’État, et la société informatique américaine, Unisys.
Avec un coût de 12,8 millions de dollars sur quatre ans, ce nouveau système est un moyen pour le gouvernement d’améliorer la sécurité des personnes rendant visite aux détenus, en rendant plus rapide la vérification de l’identité. « Le système biométrique de remplacement permettra un traitement plus rapide à toutes les étapes. Cela offrira une meilleure expérience à toutes les personnes à leur entrée et à leur sortie des centres correctionnels, et renforcera la sûreté et la sécurité de ces individus », a déclaré un porte-parole du CSNSW au site InnovationAus.com.
Une utilisation accompagnée de risques
Concrètement, les appareils tactiles actuellement en place dans les prisons vont être remplacés par des dispositifs sans contact qui enregistrent et traitent simultanément la reconnaissance de l’iris et du visage. Avec ce système, le CSNSW espère également rendre le système pénitentiaire de l’État plus rentable en réduisant les coûts opérationnels.
Cette future utilisation de la reconnaissance faciale a suscité des critiques, notamment par rapport aux dangers associés à cette technologie. Ancien commissaire aux droits de l’homme, Ed Santow, qui dirige actuellement l’élaboration d’une loi type pour la reconnaissance faciale en Australie, a déclaré qu’elle n’était « pas appropriée » pour les prisons. Considérant qu’« une grande prudence doit être exercée avant qu’elle ne soit utilisée dans les prisons ou les forces de l’ordre », il a aussi rappelé que ces systèmes peuvent commettre des erreurs, portant préjudice aux femmes ou encore aux personnes de couleur.
Cette inquiétude est partagée par Samantha Floreani de l’association Digital Rights Watch : « Des technologies nuisibles ou controversées comme celle-ci sont souvent testées sur les personnes les plus vulnérables de la société, en particulier là où ils ont des droits limités et dans les institutions telles que les prisons, les écoles et les lieux de travail », a-t-elle indiqué auprès de VICE. Elle estime que l’utilisation de la reconnaissance faciale va exacerber les dommages causés par le système judiciaire australien qui est lui-même biaisé, avec les préjugés raciaux de cette technologie et la surreprésentation des peuples aborigènes et insulaires dans les centres correctionnels australiens.