[Rentrée littéraire 2022] Dans un texte halluciné qui flirte avec l’absurde et la poésie, Jeanne Beltane renverse la mort et le deuil pour se les approprier.
Le premier roman de Jeanne Beltane a d’abord été une nouvelle, lauréate d’un concours d’écriture proposé par l’émission « Bookmakers » sur Arte Radio.
Les poumons pleins d’eau entremêle les vies et les parcours de Claire, fêtarde invétérée, et de son père, qui vient de se suicider – et de laisser sa fille face à l’absence et au deuil. Pourquoi cet homme fantasque, qui avait encore des projets et des désirs, en est-il arrivé à se pendre ? Mais surtout, que faire de cet insoluble mystère, et des vérités étouffées que cette mort brutale fait ressurgir ?
Quand a-t-elle compris que la relation avec les morts était vivante ? Quand a eu lieu l’évolution de perception ?
Jeanne BeltaneLes poumons pleins d’eau
Jeanne Beltane ne craint ni l’irréel, ni le loufoque, ni l’onirique – comment, sinon, Claire pourrait-elle prétendre communiquer avec son père ? La quête sensuelle et aquatique dans laquelle se lance la jeune femme se déploie alors vers ses buts multiples : rendre le deuil possible, convoquer les souvenirs, laisser s’écouler la pensée et accepter l’indépassable chagrin.
Singulier et fantasque, ce premier roman franchit sans difficulté les frontières qui séparent les morts des vivants, le réel du sensible, et le sensible de l’imaginaire. Jamais too much, l’onirisme et la poésie restent ponctués, au fil des pages, par l’humour de l’autrice, tranchant – et salvateur.
Sans qu’elle ait pu s’y préparer, elle traverse à toute vitesse une surface liquide. Elle se débat dans un fluide baveux et chaud qui lui rappelle le ventre de sa mère. Elle n’a bientôt plus d’oxygène et peine à remonter à la surface quand ses yeux croisent un regard. Son père !
Jeanne BeltaneLes poumons pleins d’eau