Le tribunal lui reproche d’avoir cherché à « troubler l’ordre public » en retweetant des appels à libérer des prisonniers politiques.
L’Arabie saoudite continue de traquer les dissidents et les activistes sur les réseaux sociaux. Alors qu’un ancien employé de Twitter a récemment été jugé coupable d’espionnage au service de ce pays, une femme a été condamnée pour des messages qu’elle a partagés sur la plateforme.
Arrêtée pendant ses vacances dans le pays
Salma Al-Shehab, doctorante en médecine dentaire à l’université de Leeds, en Angleterre, et mère de deux enfants, a été arrêtée pendant des vacances en Arabie saoudite en janvier 2021. Sur son compte Twitter suivi par 2 600 personnes, elle a notamment relayé des tweets venant d’activistes saoudiens exilés qui appelaient à libérer des prisonniers politiques. Elle a également écrit plusieurs messages en faveur des droits des femmes.
Une amie de la jeune femme a expliqué à l’AFP qu’elle « ne pensait pas que son activité sur Twitter pourrait lui causer des problèmes » et que son arrestation était une surprise pour elle et son entourage.
Une peine alourdie
En juin 2022, elle avait été condamnée en première instance à six ans de prison dont trois avec sursis. Cette peine a ensuite été alourdie ce mois-ci à 34 ans de prison et une interdiction de quitter le territoire après sa sortie de détention. Elle a été jugée coupable d’« avoir fourni de l’aide à ceux qui cherchent à troubler l’ordre public et à diffuser des informations fausses et malveillantes » sur son compte Twitter, en s’appuyant sur les lois antiterroristes et anti-cybercriminalité du pays.
Dans un communiqué, l’association de défense des droits humains ALQST a dénoncé « la plus longue peine d’emprisonnement infligée par les autorités saoudiennes contre un activiste pacifique […] qui va bien au-delà des standards de répression déjà excessivement sévères d’habitude. » Elle ajoute que « les activistes saoudiens avaient prévenu les Occidentaux que donner de la légitimité au prince héritier allait ouvrir la voie à plus d’abus, ce dont nous témoignons aujourd’hui malheureusement. »
Ce vendredi, l’ONU a demandé la libération immédiate et sans condition de Salma Al-Shehab, ainsi que la réexamination de toutes les condamnations relatives à la liberté d’expression et à la défense des droits humains.