Selon une enquête de The Intercept, PimEyes permet à tout utilisateur de rechercher des images d’enfants récupérées sur Internet. Les résultats de recherche incluent même des images qualifiées de « potentiellement explicites ».
Lancé en 2017, PimEyes est censé permettre de protéger sa vie privée en utilisant des technologies de reconnaissance faciale pour effectuer une recherche d’image inversée. En téléchargeant une de ses photos sur le moteur de recherche, un utilisateur peut découvrir si et où elle a été publiée sur Internet. PimEyes représente cependant un risque pour la vie privée des individus car il est aussi possible de retrouver des photos d’autres personnes en ligne.
Encore plus inquiétant : une enquête de The Intercept vient de révéler qu’il permet de rechercher des images d’enfants récupérées sur Internet. Ayant effectué des recherches sur de faux visages générés par l’intelligence artificielle, le site d’information indique que les résultats de recherche comprenaient de nombreuses images d’enfants réels provenant de diverses sources, dont des groupes caritatifs et des sites éducatifs. Un problème pour plusieurs experts de la vie privée : « C’est particulièrement dangereux quand on parle d’enfants, quand quelqu’un peut l’utiliser pour identifier un enfant et le retrouver », a déclaré Jeramie Scott de l’association Electronic Privacy Information Center à propos de l’utilisation de la reconnaissance faciale.
Un danger pour les enfants
The Intercept indique même que parmi les résultats figuraient des images qualifiées de « potentiellement explicites » par PimEyes, tout en fournissant un lien vers le site web source, ce qui est susceptible de conduire à une exploitation des enfants de la part de prédateurs. Le site précise cependant qu’il n’a pas pu confirmer si ces photos étaient explicites car cliquer sur les adresses URL pourrait contribuer à l’exploitation des enfants. De plus, l’actuel propriétaire de l’outil Giorgi Gobronidze a affirmé auprès de The Intercept que les étiquettes sont en partie attribuées en fonction des URL des sources des images, mais aussi que les images sont souvent inoffensives.
Par ailleurs, même si PimEyes assure que son service est uniquement destiné à être utilisé pour des recherches sur son propre visage et non pour la surveillance d’autrui, les abonnements qu’il propose suggèrent le contraire. Certains permettent en effet d’effectuer jusqu’à 25 recherches par jour, un chiffre élevé pour un seul visage. Les personnes payant pour ces formules peuvent aussi recevoir des alertes pour des images afin d’être averties lorsqu’un visage particulier apparaît sur un site. Giorgi Gobronidze a néanmoins déclaré que nombreux abonnés sont des femmes et des filles recherchant des photos intimes ou sexuelles d’elles diffusées à leur insu (revenge porn).
D’un autre côté, l’actuel propriétaire de PimEyes a admis que le service était auparavant conçu pour les harceleurs car il explorait les réseaux sociaux, ce qu’il ne fait plus aujourd’hui. « Une fois que vous avez déposé une photo, vous pouvez trouver les profils de réseaux sociaux pour tout le monde. Maintenant, il est uniquement limité aux recherches publiques », a-t-il expliqué à The Intercept. PimEyes continue pourtant d’inquiéter, surtout par rapport aux enfants : « Le Congrès doit agir non seulement pour protéger nos enfants, mais aussi nous tous contre les dangers de la reconnaissance faciale. Des services comme celui-ci devraient être interdits », a affirmé Jeramie Scott.