Le troisième long-métrage de Saeed Roustaee, présenté à Cannes en mai dernier, a été interdit de diffusion en Iran par les autorités cinématographiques du pays. Le cinéaste iranien avait fait sensation l’année dernière avec un polar choc, La Loi de Téhéran.
Après Jafar Panahi, Asghar Farhadi ou Abbas Kiarostami, c’est à un nouveau grand nom du cinéma iranien de faire aujourd’hui les frais de la censure. Saeed Roustaee, révélé au grand public grâce à son polar sensationnel La Loi de Téhéran (véritable carton au box-office iranien lors de sa sortie en 2019), qui dépeignait une société iranienne rongée par le trafic de drogues, présentait en mai dernier son nouveau long-métrage, Leila et ses frères (en salles le 24 août prochain), portrait d’une famille pauvre de Téhéran disloquée par le poids des traditions et la précarité économique.
Le film, qui a reçu le prix FIPRESCI (jury de la Fédération internationale de la presse cinématographique) lors de la dernière édition du Festival de Cannes, a été interdit de diffusion dans son pays d’origine pour avoir « enfreint les règles en participant sans autorisation à des festivals étrangers », a indiqué le ministre iranien de la Culture. Le cinéaste aurait également refusé de se plier à la demande du ministère de « corriger » son film. Ce faisant, le film n’a pas obtenu de permis de diffusion en Iran. Saeed Roustaee rejoint, malheureusement, la liste déjà longue des cinéastes iraniens censurés dans leur propre pays.
En mai dernier, Téhéran fustigeait déjà la sélection du dernier film d’Ali Abbassi, Les Nuits de Mashhad (en salles le 13 juillet prochain), ainsi que le prix d’interprétation décerné à l’actrice Zar Amir Ebrahimi – qui a quitté l’Iran en 2008 suite à une affaire de vidéo volée – dans le rôle d’une journaliste enquêtant sur une affaire de tueur en série. Le film s’inspire en effet d’un fait divers qui avait agité le pays au début des années 2000 – plus précisément les meurtres prémédités de seize prostituées dans la ville sainte de Mashhad. Ali Abbassi, expatrié au Danemark depuis une vingtaine d’années, avait dû tourner son film en Jordanie afin de contourner la censure.
Plus récemment, c’est le dernier film Pixar, Buzz l’éclair, qui a fait les frais de la censure dans une douzaine de pays à travers le monde (Indonésie, Liban, Egypte, Koweït, Qatar, Arabie saoudite, lEmirats arabes unis ou encore la Tunisie) en raison d’un baiser entre deux personnages féminins.