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Test du Huawei P Smart : un milieu de gamme tendance avant tout

10 mars 2018
Par Mathieu Freitas, Jean-Charles Frelier
Test du Huawei P Smart : un milieu de gamme tendance avant tout

En résumé

Plutôt bon dans la plupart des domaines, le P Smart peine néanmoins à trouver sa place dans le catalogue de Huawei. Il était déjà difficile de voir ce qu’apportait réellement le P10 Lite par rapport au P8 Lite (2017) malgré un léger mieux observé en photo, et c’est une histoire qui se répète. Les principales nouveautés du dernier milieu de gamme de Huawei ne sont pas assez maîtrisées pour créer une réelle plus-value. L’écran FHD+ au ratio 18:9 renforce certes l’immersion lors du visionnage de contenus, mais apparaît en léger retrait sur le plan technique alors que le capteur photo ajouté au dos se montre plutôt inefficace et vient en complément d’un capteur principal de 13 mégapixels décevant. Avec une autonomie également en retrait par rapport aux anciens modèles, des performances identiques et un léger mieux en réception radio ainsi qu’en restitution sonore, le P Smart ne semble donc présenter que peu d’intérêt comparé à ses prédécesseurs. Le design apparaît finalement comme la seule véritable raison de le préférer, même si cela ne l’empêche pas de faire un bon milieu de gamme dans l’ensemble.
(La note technique globale ci-dessous ne prend pas en compte l’évaluation de la photo, toujours en cours de test au Labo.)

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Grand écran dans un format compact
  • Livré sous Android Oreo
  • Excellente réception réseau
Les moins
  • Appareil photo décevant
  • Toujours pas d'USB-C

Notre test détaillé

Huawei a décidé de débuter l’année avec un nouveau smartphone milieu de gamme. Le P Smart succède ainsi aux P8 Lite (2017) et P10 Lite en apportant quelques nouveautés et améliorations, mais sont-elles réellement suffisantes pour en justifier l’existence ? Nous avons soumis le smartphone aux tests de notre Labo pour répondre à cette question.

Comme beaucoup de smartphones depuis l’an dernier, le Huawei P Smart mise sur un écran 18:9 pour gagner en surface d’affichage tout en conservant des dimensions standard. Sa dalle, de type IPS et proposant une définition Full HD+ (1080 x 2160 pixels), atteint ainsi 5,65 pouces de diagonale. On y retrouve par ailleurs la dernière version d’Android, à savoir Oreo, accompagnée de la surcouche EmotionUI et propulsée par un chipset octa-core maison déjà croisé sur le Honor 7X : le Kirin 659. Pour l’accompagner, Huawei a opté pour 3 Go de RAM tandis qu’un espace de stockage interne, mais extensible via microSD, de 32 Go est disponible pour l’utilisateur.

Huawei P Smart

Côté photo, c’est un module à double capteur qui prend place au dos. Une première en dehors des flagships de la marque. La configuration reste toutefois sommaire, avec un capteur principal de 13 mégapixels et un capteur de 2 mégapixels voué à améliorer les effets de profondeur. Capable également de filmer en Full HD, ce module cohabite à l’arrière avec un lecteur d’empreintes, tandis qu’un troisième capteur, de 8 mégapixels cette fois, est en charge des autoportraits à l’avant. Une batterie de 3000 mAh, associée à un port microUSB pour la charge, complète encore l’équipement de ce P Smart, qui se montre en outre assez complet au rayon des connectivités avec la 4G, le Wi-Fi n, le Bluetooth 4.2 et le NFC.

L’ergonomie et le design

À défaut d’être original, si ce n’est peut-être par son joli coloris bleu, le P Smart a le mérite d’offrir de beaux matériaux que Huawei souligne en plus au travers de finitions soignées. L’ensemble est bien assemblé et permet une excellente préhension malgré la taille de l’écran : 5,65 pouces. C’est évidemment l’effet 18:9, qui permet de conserver une largeur raisonnable, combiné en plus ici à un châssis bien arrondi sur les bords. Le haut de l’écran reste néanmoins difficile à atteindre, comme les boutons latéraux placés un peu trop haut. Le lecteur d’empreintes situé au dos, comme c’est d’ailleurs souvent le cas chez Huawei, se montre un peu plus accessible, mais sera bloqué lorsque le smartphone est posé.

Huawei P Smart

Du même côté, nous aurions préféré des appareils photo un peu plus discrets, les objectifs dépassant du châssis, ainsi qu’une construction entièrement métallique puisqu’un examen un peu plus poussé révèle l’utilisation de plastique aux extrémités haute et basse. L’ensemble reste néanmoins très agréable et l’on apprécie qu’une prise jack soit fournie alors que l’épaisseur du mobile est réduite à 7,5 mm. Elle prend place sur la tranche inférieure, qu’elle partage avec un port microUSB au centre et un haut-parleur à l’opposé. On notera enfin qu’un tiroir est présent sur la tranche gauche, et permettra d’insérer deux cartes nano-SIM, ou une seule accompagnée d’une carte microSD. Un compromis assez courant, et qu’il est donc difficile de reprocher à Huawei.

L’écran

C’est évidemment la principale amélioration qu’apporte ce nouveau modèle à la série P. L’écran abandonne le ratio 16:9 pour le désormais très tendance 18:9, et en profite pour s’étendre sans trop impacter les dimensions du châssis. En résulte une diagonale de 5,65 pouces, contre 5,2 sur les modèles précédents, alors que la résolution est maintenue au-dessus des 400 ppp grâce à l’adaptation de la définition Full HD (2160 x 1080 pixels). Elle atteint très exactement 429 ppp. De quoi garantir l’affichage de textes fins en naviguant dans les menus ou sur le web, mais aussi de nombreux détails au sein des photos et vidéos.

Le P Smart peut en outre se vanter d’offrir des couleurs fidèles à la réalité. Si de légères dérives sont à déplorer au niveau du bleu, le delta E moyen se maintient à un faible 0,014. Les résultats sont un peu moins convaincants en matière de contraste, le taux pour 5 s’établissant tout juste au-dessus de la moyenne, à 298 cd/m2, et la courbe de gamma peinant à décoller. Du côté de la directivité, enfin, le dernier milieu de gamme Huawei se cantonne à des résultats moyens. La perte de luminosité reste limitée à 10 % jusqu’à 15°, mais s’accentue au-delà pour atteindre 65 % à 45° et 89 % à 60°.

L’interface utilisateur

Huawei a le mérite d’intégrer la dernière version d’Android, à savoir Oreo, à ce P Smart alors que de nombreux fabricants livrent encore des smartphones sous Nougat, surtout dans cette gamme de prix. Bien sûr, EmotionUI est toujours de la partie, et livrée ici dans une version numérotée 8.0 et modifiant l’interface de Google sur quelques aspects. Le tiroir d’applications n’est par exemple pas activé par défaut, et il faudra donc se contenter du bureau pour ranger les applis au départ. Il pourra néanmoins être rétabli par un petit tour dans les paramètres, où l’on remarque aussi quelques options supplémentaires comme un mode d’utilisation à une main ou la possibilité de réduire la définition de l’affichage pour préserver la batterie.

Dans l’ensemble, et une fois le tiroir d’application réactivé, les modifications apportées par Huawei restent plus graphiques que fonctionnelles et il est assez facile de s’y retrouver. On regrettera en revanche le nombre un peu trop grand d’applications préchargées, mais il est généralement possible de les supprimer.

Huawei P Smart : interface logicielle

Huawei P Smart : interface logicielle

Les performances

Le P Smart intègre un chipset un peu plus véloce que les derniers Px Lite, mais l’écart est faible. On notera d’ailleurs que les références se suivent aussi de près : Kirin 655 pour le P8 Lite (2017), Kirin 658 pour le P10 Lite et Kirin 659 dans ce cas. C’est donc assez logique. Les améliorations apportées par ce dernier modèle sont d’ailleurs assez floues. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le CPU est identique à celui du Kirin 658, avec quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 2,36 GHz (contre 2,1 GHz sur le Kirin 655) et quatre autres à 1,7 GHz. Côté GPU, pas de changement non plus. Le Mali T830 MP2 est conservé, et Huawei associe là aussi l’ensemble à 3 Go de RAM.

C’est donc sans grande surprise que les performances offertes par ce P Smart ne sont pas sensiblement meilleures que celles des deux autres modèles cités. À vrai dire, nos tests ne révèlent même aucune amélioration. Nous constatons toujours de bonnes aptitudes à l’issue du premier, qui simule l’exécution de programmes légers et donne un résultat de 14 fps (72 ms), mais aussi une baisse assez rapide sur les niveaux supérieurs : 6, 4 puis 3 fps. Même constat du côté des jeux vidéo, qui tourneront pour la plupart, mais avec des ralentissements plus ou moins gênants en fonction de leurs prétentions graphiques. Autrement dit, le P Smart n’aura aucun mal à fournir une bonne expérience au quotidien, mais il ne faudra pas en attendre trop par ailleurs.

La photo et la vidéo

Le bloc photo principal est sans doute la plus grande nouveauté de ce P Smart. Alors que Huawei propose des doubles capteurs sur ses smartphones haut de gamme depuis longtemps, c’est la première fois qu’il le fait sur un modèle milieu de gamme. La configuration est toutefois très sommaire ici. Point de certification Leica, ni même de capteur noir & blanc. Le premier offre une résolution de 13 mégapixels quand le second se contente de 2 mégapixels et ne servira donc qu’en complément du premier, afin de renforcer le fameux effet bokeh sur les portraits. Les résultats sont néanmoins mitigés, avec des flous qui s’invitent parfois au premier plan, gâchant ainsi le cliché. On réservera donc la fonction aux portraits réalisés avec un arrière-plan pas trop chargé et bien en retrait.

Dans tous les cas, il ne faudra cependant pas attendre des clichés de grande qualité de la part de l’appareil photo principal du P Smart. S’ils peuvent paraître satisfaisants sur l’écran du mobile, le passage sur grand écran réserve souvent de mauvaises surprises, et surtout une tendance au lissage très prononcé pouvant par endroit donner l’impression de regarder une toile, même en plein jour. C’est évidemment pire encore en basse luminosité, où l’on ne distingue pratiquement plus que des formes. D’autant que les clichés ressortent très sombres. Alors que Huawei avait finalement su élever le niveau en photo avec le P10 Lite et son capteur 12 mégapixels, Il semble avoir donc fait machine arrière avec le P Smart, dont la fonction vidéo 1080p ne laissera pas non plus de souvenirs impérissables.

Huawei P Smart : interface logicielle

Le P Smart est par ailleurs équipé d’un capteur frontal de 8 mégapixels qui rehausse un peu le niveau, s’il est comparé aux capteurs frontaux d’autres smartphones bien sûr. Il permettra de se tirer le portrait facilement, et avec des résultats corrects à la clé. Comme toujours, il faudra néanmoins veiller à ce que les filtres d’embellissement soient désactivés.

Le rendu audio

Comme souvent sur smartphone, l’expérience audio n’est pas exceptionnelle, principalement si l’on s’appuie sur le haut-parleur. Intégré sur la tranche inférieure dans le cas du P Smart, il délivre un son laissant clairement à désirer au niveau des graves. Les médiums sont d’ailleurs aussi impactés puisque ce n’est qu’à partir de 800 Hz que la bande passante atteint notre niveau de référence, alors que les aigus s’estompent à partir de 5 kHz. Une tendance à la préaccentuation est par ailleurs à noter sur les fréquences intermédiaires, et notamment celles qui font ressortir les voix. Le haut-parleur du P Smart conviendra donc davantage aux appels qu’à la lecture de contenus audio ou vidéo, et cela malgré une puissance plutôt convenable. Notre sonde a enregistré un niveau de 75 dB.

La sortie casque permettra de retrouver une grande partie des fréquences étouffées par le haut-parleur, mais elle présente aussi son lot de problèmes. Le principal réside dans l’ajout de bruit numérique, mais la distorsion pourra également détériorer l’expérience audio. Le résultat reste acceptable, mais bien en dessous de ce que peuvent proposer d’autres smartphones. Les écouteurs inclus sont en revanche à bannir, sous peine de faire encore empirer les choses. Plus drastiquement cette fois.

La qualité de réception (performances radio)

Avec son modem multimode compatible jusqu’à la 4G de catégorie 6, le P Smart devrait être en mesure de se connecter aux réseaux mobiles un peu partout. Nos tests réseau ont en effet montré de bonnes performances en la matière. La sensibilité pourra éventuellement poser problème sur la bande des 1800 Hz, en 3G, 4G et surtout en 2G, ainsi que sur celle des 2600 MHz, mais nous avons obtenu d’excellents résultats sur celles des 800 MHz et des 900 MHz (2G uniquement), autant pour la directivité que pour la sensibilité.

L’autonomie

Huawei a décidé de doter le P Smart d’un accumulateur de 3000 mAh, dans la moyenne des smartphones du même format. L’autonomie qui en résulte est satisfaisante. Lors de notre test de navigation web, le smartphone a tenu en moyenne 7 heures et 17 minutes avant de rendre son dernier souffle et vous pourrez espérer tenir un peu plus d’une journée avec une utilisation modérée. En revanche, les plus accros n’échapperont pas à la charge quotidienne et, en l’absence de charge rapide, il faudra prévoir 2h39 pour une batterie à 100 %.

Conclusion

Plutôt bon dans la plupart des domaines, le P Smart peine néanmoins à trouver sa place dans le catalogue de Huawei. Il était déjà difficile de voir ce qu’apportait réellement le P10 Lite par rapport au P8 Lite (2017) malgré un léger mieux observé en photo, et c’est une histoire qui se répète. Les principales nouveautés du dernier milieu de gamme de Huawei ne sont pas assez maîtrisées pour créer une réelle plus-value. L’écran FHD+ au ratio 18:9 renforce certes l’immersion lors du visionnage de contenus, mais apparaît en léger retrait sur le plan technique alors que le capteur photo ajouté au dos se montre plutôt inefficace et vient en complément d’un capteur principal de 13 mégapixels décevant. Avec une autonomie également en retrait par rapport aux anciens modèles, des performances identiques et un léger mieux en réception radio ainsi qu’en restitution sonore, le P Smart ne semble donc présenter que peu d’intérêt comparé à ses prédécesseurs. Le design apparaît finalement comme la seule véritable raison de le préférer, même si cela ne l’empêche pas de faire un bon milieu de gamme dans l’ensemble.
(La note technique globale ci-dessous ne prend pas en compte l’évaluation de la photo, toujours en cours de test au Labo.)

Article rédigé par
Mathieu Freitas
Mathieu Freitas
Journaliste
Jean-Charles Frelier
Jean-Charles Frelier
Responsable des tests smartphones, casques audio et lecteurs vidéo
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