
Sans exhaustivité, voici une petite sélection intergénérationnelle des sorties d’artistes frenchy (chanson française, rock, pop voire électro) qui, en toute logique, font l’actualité d’aujourd’hui et de demain. Gros bonnets et nouvelles pousses, vibrations 80’s du moment ou textes tranchants, à vous de jouer maintenant.
Jeunes premiers et… confirmés
Pierre de Maere – Regarde-Moi
Je vous l’accorde, pas très « cocorico » cette première pioche mais l’histoire de la chanson francophone nous oblige à toujours garder un œil sur ce qui se passe chez nos voisins belges. Brel, Arno, Stromae, Angele, Damso… la liste semble sans fin. Nouvelle voix, nouvelle tête, nouveau carton à venir ? L’avenir nous le dira mais ce qu’on soupçonne déjà, c’est que ce Pierre De Maere a tout pour se faire des amis : un univers bien à lui, des textes imagés et sacrément bien tournés portés par une voix au large spectre, une production pop sophistiquée en phase avec les vibrations du moment. C’est quand même déjà pas mal pour un premier album. Attendons le verdict des Victoires de la musique pour voir si oui… Ou non !
Ariel Tintar – Seconde Peau
On avait croisé la route d’Ariel Tintar aux côtés d’Angèle ou de Crystal Murray mais voilà ce jeune musicien désormais en roue libre et la nette impression d’avoir à faire à un artiste singulier, indépendant et affranchi de tout format ou genre musical. Des compositions très personnelles, chantées en français ou dans ce créole qui lui est intimement lié. Clairvoyance de propos, remarquables arrangements, chaleur voyageuse, souhaitons à ce tout nouvel EP, Seconde Peau, de se faire rampe de lancement.
Hervé – Intérieur Vie
Alors que le tube addictif Monde Meilleur lui aura valu d’être sacré révélation 2021 aux Victoires de la musique, le chanteur trentenaire, d’une énergie et d’un charisme scénique assez bluffant, poursuit à son rythme son petit bonhomme de chemin dans le paysage musical français. Avec ce second album, Intérieur Vie, et un premier single évoquant ses souches bretonnes, Hervé ne ment pas, se livre et continue d’abreuver ses chansons de petites touches électro et de vibrations pop peut-être un peu plus affirmées qu’auparavant.
Tim Dup – Les Immortelles
A l’aube de la trentaine, Tim Dup peut être fier de sa trajectoire et de son parcours qui aujourd’hui reste sans fautes. Un quatrième album, Les Immortelles, qui confirme un sens aiguisé de l’écriture, une inspiration sans failles et une sensibilité à fleur de peau qui n’est pas sans rappeler quelques belles plumes de la chanson d’hier. Là ou Tim Dup se démarque, c’est dans l’audace de ses arrangements, ni pop, ni variété, ni rock, ni electro mais peut-être bien un peu tout ça à la fois.
Rock fou, Pop floue…
Palatine – Phantômaton
Apres un premier album en 2018 qui n’a malheureusement pas récolté le succès qu’il aurait dû, second tour de piste avec Phantômaton pour ce talentueux groupe à ranger sur la même étagère que Fauve, Feu Chatterton, La maison Tellier... Du beau texte bien emballé dans un truc pop rock aux tonalités équivoques. Ni passéiste, ni futuriste, un juste équilibre qui fonctionne parfaitement. Des compositions gigognes, posées, qui se découvrent au fil des morceaux, tantôt aériennes ou plus terriennes selon le mood de la chanson. Pour oreilles curieuses et sensibles à des reflets et influences qui iraient de feu Bashung, Ferré à ALT-J, Glass Animals ou Florence + The Machine. Palatine ou une certaine idée de l’indie-pop à la française.
Laure Briard – Ne Pas rester Trop Bleue
Peut-être que les oreilles friandes des « Tricatel–eries » de Bertrand Burgalat auront déjà eu à faire à cette chanteuse qui tire un sympathique trait entre yéyé, rock sixties, tropicalisme brésilien et french pop bilingue bien fichue qui sans en faire des caisses ou sombrer dans la caricature, donne ce parfum bubblegum décomplexé. Si chez vous, les genres musicaux évoqués ci-dessus rehaussés d’une voix faussement naïve font mouche, plongez donc dans le réjouissant nouveau disque de Laure Briard, Ne pas rester trop bleue. Ce même genre de bon coup que les copines de Juniore nous avait fait il y a quelques années. Un disque anti-bourdon garanti.
The Inspector Cluzo – Horizons
Nouveau tour de piste et virée outre atlantique pour nos rockeurs-paysans gascons alias The Ispector Cluzo qui sont partis enregistrer leur nouvel opus, Horizons, à Nashville et prenant le soin de baisser les amplis d’un cran. Dans la capitale mondiale de la country, nos deux agro-rockeurs se sont un peu assagis, mais pas trop quand même, faut pas déconner. Fini le funk-rock fusion rentre-dedans qui faisait danser leur basse-cour. Après avoir été rock farmers, voilà qu’ils seraient devenus folk-farmers, et ça leur va aussi très bien.
Forever Pavot – L’idiophone
On imagine très bien Emile Sornin, l’homme derrière Forever Pavot, en gourou de studio, passant la majeure partie de son temps à triturer vieux claviers analogiques et autres instruments venus d’autres temps, de contrés reculées ou même de l’espace tiens, pourquoi pas. Un fil tendu entre François de Roubaix et une certaine idée de la pop française des années 70 qui prenait les choses à contre-courants, donc pas vraiment le chemin des plateaux téloches grand public. Compositeur hors pair et parolier espiègle hébergé par le label Born Bad (La Femme, Frustration, Star Feminine Band…), Forever Pavot continue son bonhomme de chemin pour la cause et pour notre plus grand bien, avec L’Idiophone.
… Et vieux loups !
Pas encore beaucoup de détails et d’extraits disponibles, mais ce carré d’as de musiciennes et musiciens aguerris qui clôture cette sélection a de quoi faire saliver.
Honneur aux filles et à cette digne heritière des Boris Vian, Barbara, Brassens et autres grands noms de la chanson en français dans le texte, c’est la délicieuse Juliette, chanteuse à voix, aux textes bien ciselés et qui sous des mélodies qu’on pourrait croire désuettes balance parfois aussi durement que les gros bras du rap game. Espiègle ou un brin poétesse selon l’humeur, accuité sociale et humour dévastateur, elle livrera son nouvel album le 24 février. En attendant, délectez-vous de cette histoire de housse de couette qui parlera sûrement à beaucoup.
Puis ce sera au tour du chanteur breton Christophe Miossec qui se fend d’un tout nouvel opus, Simplifier, alors que l’on célébrait il y a encore peu son légendaire premier album (Boire). Voix caverneuse et habitée, sûrement un peu moins écorchée qu’auparavant bien qu’encore assez sombre, le brestois révèle quelques premiers titres dont il a le secret, truffés de double sens, de vibrations rock, d’échos new-wave et de cette lucidité dans laquelle il trempe sa plume.
Auteur prolifique, Dominique A n’avait apparemment pas pu tout caser dans Le Monde Réel, son dernier album paru en septembre dernier. Huit nouveaux titres disponibles tout début mars dans Reflets du monde lointain, deuxième mi-temps issue des mêmes sessions d’enregistrement qui devrait en toute logique être du même niveau. Haut-niveau donc.
De la même génération que les artistes évoqués ci-dessus, c’est Arthur H qui fait également son grand retour dans les bacs ces jours–ci. Toujours épaulé par son fidèle acolyte Nicolas Repac, les premiers extraits de La Vie sont plutôt captivants. Cordes, chœurs, production ciselée qui porte à merveille le timbre, la diction et la prose si singulière d’Arthur H.