
Êtes-vous plutôt Shônen, Shôjo ou Seinen ? Dans la culture manga, ces trois mots désignent des « publics cibles » considérant l’âge et le sexe du lecteur. En effet, si le Shônen s’adresse aux jeunes garçons et le Shôjo aux jeunes filles, le genre Seinen concerne davantage les adultes. Voici une sélection de titres emblématiques pour mieux saisir les subtilités de chaque genre.
Avant toute chose, précisons que ces classifications par âge et par sexe sont issues de lignes éditoriales qui, en aucun cas, ne cantonnent les lecteurs dans un genre particulier. Il faut simplement comprendre qu’un héro évolue dans un Shônen et une héroïne dans un Shôjo. Toutefois, filles et garçons peuvent piocher dans les genres selon leur sensibilité. Il ne faut voir aucune malice à cette catégorisation.
Shônen, de l’amitié et du dépassement de soi
Le type Shônen (recommandé au 8-18 ans) révèle dans ces aventures des jeunes héros capables de faire face à l’adversité avec force et abnégation. Ces adolescents qui combattent des ennemis déterminés à mettre en péril la sauvegarde de l’humanité préfèrent toujours accomplir leurs missions en équipe plutôt qu’en solo. Pour enchaîner et s’assurer les victoires, ils s’entourent d’amis et de compagnons fidèles. Les tous petits et valeureux Astroboy (1958) de Tezuka Osamu et Son Goku de Dragon Ball (1984) -si bien croqué par Akira Toriyama– incarnent à merveille ce fameux sens du devoir qui hante le Shônen depuis près de 60 ans. Aujourd’hui, la jeune génération s’enivre des épopées à rallonge des séries Naruto, One Piece, Dr. Stone ou Détective Conan qui rivalisent de créativité pour véhiculer des valeurs exemplaires comme la solidarité. Si avec l’âge, les grands enfants prennent goût à l’irrévérence, le ténébreux Ryo de City Hunter et l’intrépide Ranma de Ranma1/2 ne manquent pas de rappeler à quel point le manga peut être également très drôle.
Shôjo, pour un peu de sensibilité
Le type Shôjo se démarque du Shônen par la profondeur psychologique de ses héroïnes. Des héroïnes qui tiennent le devant de la scène. Les histoires, marquées par le romantisme et la poésie, ne sont jamais dénuées de cruauté. Le Shôjo intériorise davantage les sentiments des personnages. La sensible Candy (tiré du manga Candy Candy) ou Lady Oscar l’aventurière (tiré du manga La Rose de Versailles) jouent dans la même cour quand il s’agit de déjouer les pièges rattachés à leur condition de femme. Dans un style plus moderne Fruits Basket et Marmalade Boy racontent chacun à leur manière les difficultés de s’épanouir quand on est une jeune lycéenne. Alors quand le destin s’acharne, on peut compter sur la super héroïne Sailor Moon pour puiser la force qui réside en chacun de nous.
Seinen, le coin des grands enfants
Le type Seinen peut s’enorgueillir de rassembler des titres rentrés dans l’histoire de la culture populaire et d’avoir impacté durablement les esprits d’une génération fan de science-fiction et de romans d’anticipation. Les mangas estampillés Seinen développent leurs intrigues le plus souvent autour de la notion de pouvoir. Des œuvres comme Akira, Gunnm et Ghost in the Shell critiquent le fonctionnement des sociétés modernes soumises à des intérêts politiques ou privés visant à asservir l’humanité. Leurs héros, humains ou cyborgs, luttent farouchement pour retrouver des conditions de vie acceptables. Même s’ils sont très différents, Monster et 20th Century Boys s’interrogent sur la place de l’homme au centre du monde. Le premier explore les abus de la science, le second analyse l’influence des gourous durant les périodes de crise sociale. Pour approfondir ces grands sujets « Seinen » de façon ludique, l’éditeur Kurokawa propose sous la collection Kurosavoir une série de mangas reprenant les grands concepts philosophiques, historiques et littéraires. La culture manga n’en finit pas de nous étonner.