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Comment Oppo teste-t-il la solidité de ses smartphones ?

27 janvier 2019
Par Laure Renouard

Nous avons pu approcher la principale usine d’Oppo en Chine. L’occasion pour nous de découvrir les différents tests de solidité imposés par la marque à ses smartphones avant leur mise sur le marché.

Oppo en France, c’est tout récent. La marque chinoise, fondée en 2001 et initialement spécialisée dans la grande tendance d’alors (les lecteurs MP3), s’est lancé dans la production de mobiles en 2008 sur ses terres natales. La firme s’est distinguée d’année en année par des lancements de produits souvent originaux, tel ce N3 doté d’un appareil photo rotatif en 2015. Mais sa présence en Europe ne date que de juin dernier. Oppo y a dévoilé un Find X novateur, avec son écran coulissant et motorisé, mais aussi un R15 Pro dont la version standard a entre temps été connectée en 5G, et un A3 passé par notre Labo. Un catalogue décliné en trois gammes de produits (A, R et Find), sans terminaux à très bas prix et qui justifie d’importantes dépenses en recherche et développement. Pour 2019, Oppo a ainsi annoncé au mois de décembre dernier son intention de débourser 1,3 milliard de dollars dédiés à l’innovation. Ceux-ci, à n’en pas douter, sont notamment consacrés aux développement de nouveaux modules photo et au développement de smartphones 5G.

Oppo zoom 10x

 

© Oppo

Direction Dongguan

Tout cela se passe à Shenzhen, au sud de la Chine, où se situe le siège d’Oppo, qui jouxte d’ailleurs Dongguan, où se situe la principale usine de la marque. C’est ce véritable “campus”, où travaillent – et vivent – quelque 15 000 personnes, avec force chaînes de production, laboratoires, mais aussi jardins, garderies pour enfants et commerces, dont nous avons visité une petite partie. L’occasion de mettre des images sur quelques-unes des étapes de la production des smartphones, à savoir l’assemblage, largement automatisé et où l’humain n’intervient que pour vérifier le bon déroulement des procédés, dans une ambiance aseptisée.

Oppo

Côté assemblage © LaboFnac

Sur les lignes d’assemblage, Oppo nous indique produire 311 smartphones par minute, cinq jours sur sept… ou un peu plus, selon l’affluence des commandes. S’il nous a été donné de jeter un œil aux modalités d’assemblage des cartes-mères des smartphones, et de leur test dans des séries de machines, le plus intéressant est peut-être ailleurs. Nous avons pu visiter le “QE Lab”, c’est-à-dire le centre de test de résistance auxquels les smartphones sont soumis.

Oppo

© LaboFnac

Car à la manière des marques concurrentes, les usines d’Oppo recèlent d’immenses salles remplies de “machines de tortures” au sein desquelles les tests de solidité sont réalisés. Ces procédures reposent sur la base d’échantillons : la marque indique prélever 100 exemplaires par lot de 30 000 unités produites. Les procédures de test sont nombreuses, gourmandes en espace et, pour certaines, particulièrement chronophages. Ambiance aseptisée, lumière blanche, blouses et charlotte : ambiance laboratoire garantie.

Gare à la chute

Alignées par rangées, des machines sont ainsi dédiées au fameux “drop test” qui bien souvent est fatal aux smartphones. Sa version la plus exigeante fait d’abord subir au mobile des chutes d’une hauteur d’un mètre. Une épreuve forcément impressionnante, du fait que les pinces qui saisissent les smartphones leur imposent huit angles de chute, sur six types de surfaces plus ou moins denses. La machine ici ne fonctionne pas seule : un employé est dédié à chacune d’entre elles et a la charge de vérifier qu’après chaque chute, le smartphone s’allume toujours et reste fonctionnel. En cas de résistance à cette épreuve, la hauteur de chute est portée à 1,5 mètre et le protocole est relancé.

Oppo

La machine dédiée aux tests de chute © LaboFnac

Oppo

L’état des smartphones est vérifié après chaque chute par un employé de la marque. © LaboFnac

Une autre version de ce test cherche à simuler une chute sur une table, d’une hauteur de 7 centimètres. Entièrement automatisée, cette vérification est réalisée par des machines réparties sur des plateaux accueillant six supports chacun. Des bras mécaniques saisissent et lâchent sans discontinuer les appareils durant plusieurs heures, pour leur faire subir un total de 42 000 chutes.

Oppo

Le smartphone est « lâché » sur sa tranche. © LaboFnac

Oppo

Sur cette machine, les mobiles tombent sur leur partie dorsale. © LaboFnac

Des tests de résistance en pagaille

De multiples tests de résistance sont encore appliqués aux smartphones. Est ainsi évaluée la résistance des prises USB. Un câble y est branché, au bout duquel un poids (différents poids sont utilisés) est fixé. Un mouvement de balancier est appliqué 10 000 fois afin d’évaluer la durabilité de la connectique.

Oppo

© LaboFnac

Des tests de torsion sont également appliqués : une machine maintient les deux extrémités des smartphones et une légère rotation en sens contraires leur est appliquée. Comme le test de “l’essoreuse”, dans laquelle le smartphone est placé. La machine applique des rotations de trois à cinq tours par minute (75 rotations en tout) à la suite desquelles un employé de la marque démonte le smartphone pour vérifier que ses composants ne sont pas affectés. Il s’agit ici d’évaluer la résistance des mobiles aux petits chocs du quotidien.

Oppo

Le smartphone est placé à l’intérieur de cette machine qui pivote avec régularité. © LaboFnac

Les conditions climatiques sont elles aussi simulées dans d’imposantes machines reproduisant des températures extrêmes, de -40° à +37°C, et avec un taux d’humidité jusqu’à 95 %. Chronophages, ces tests prennent de 12 à 21 jours. Oppo assure mener son test le plus extrême à une température de 85°C pendant 500 heures, soit une quarantaine de jours.

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Une « étuve » à mobiles © LaboFnac

D’autres tests, enfin, ne nous ont pas été montrés, puisqu’Oppo assure mener au total plus de 150 tests. Ceux-ci incluent notamment “des environnements variés avec des éléments du quotidien tels que des boissons, du café ou de l’eau florale”, mais aussi des projections d’eau salée après lesquelles le fonctionnement des mobiles est vérifié à la main. Les machines employées pour simuler l’ensemble de ces conditions, imposantes, ne manquent pas de marquer le visiteur, qui peut néanmoins s’attendre à retrouver le même type d’installations chez les marques concurrentes. Dommage toutefois que les occasions de voir ce type d’équipements soient rares.

Article rédigé par
Laure Renouard
Laure Renouard
Journaliste
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