Interprète à fleur de peau aussi mélancolique que solaire, musicienne avertie, improvisatrice intrépide et compositrice zigzagant avec souplesse entre les époques musicales et les genres, Ayo est une femme de talent.
Au fil de six albums studio, Ayo a dessiné un cercle vertueux, lumineux, autour duquel elle trace son chemin depuis plus de vingt ans. À l’occasion de la sortie de son nouvel album « Mami Wata », elle sera en dédicace à la Fnac Ternes le jeudi 17 octobre à 18h00.
Ayo, dont le prénom signifie « joie » en yoruba, la langue natale de son père nigérian, est une citoyenne du monde qui a réussi à inscrire chaque pas et éclat de mémoire de son parcours dans l’ADN de ses chansons. De l’Allemagne, où elle est née, aux couleurs du Nigéria et des paysages urbains de Londres et de Paris, où elle a passé une partie de l’adolescence, elle a retenu des détails saillants de rythmes de vie et de sonorités. Globetrotteuse infatigable, parée de sa guitare en bandoulière, au fil des années Ayo a élu sa résidence entre Paris et New York – capitales de la chanson, du jazz, du rap et du hip hop -, puis à Lisbonne en plein coeur du blues lusitain, le fado. De ce parcours de vie sont nées des chansons introspectives, traversées de questionnements profonds, de fulgurances, d’espoir et d’une conscience sociale qui l’a toujours menée à dénoncer l’injustice. Certains de ses morceaux, comme Down on My Knees et It’s Supposed to be Love sont devenus des tubes planétaires, mais il s’agit surtout de traces essentielles d’un destin en quête de résilience. De ses épreuves, Ayo a forgé la spiritualité ardente qui l’anime et une culture musicale arborescente qui lui sert de vecteur.
Depuis près de trois ans, la chanteuse vit à Tahiti, sur les collines de Pamatai (près de la capitale Papeete), au bord de l’océan. Sur cette île de la Polynésie française entourée des vagues du Pacifique, elle a composé 12 nouveaux titres, entre ballades intimes et litanies aux rythmes cadencés. Elles sont nées comme des lueurs qui ne tiennent pas compte des secondes, minutes et heures imprimées par les horloges : « Toutes ont pris forme de façon aléatoire, par un déclic soudain », explique-t-elle. Avec Mami Wata, son septième album, Ayo livre un carnet de route, témoignage du nouvel essor d’une artiste féminine puissante. Rien n’est laissé au hasard dans ses textes en vers libres, ni dans ses mélodies, harmonies et arrangements, qui oscillent avec précision, à la croisée des chemins. Pop sophistiquée parcourue d’orgues Fender Rhodes, chansons teintées d’effets de guitares et les timbres de deux pianistes formidables : Gael Rakotondrabe, jazzman français, premier prix du concours de piano au Montreux Jazz Festival, et Vincent Bidal, dont le toucher évoque ici les exploits de Keith Jarrett. A ces virtuoses s’unit le musicien et producteur Freddy Koella (Bob Dylan, Carla Bruni), guitariste et violoniste français doté d’une approche de la musique picturale. Ayo y développe son jeu de guitare, percussif et diablement rythmé, qui traverse les incantations sensuelles de ce disque.
Les chansons de Mami Wata ont été enregistrées dans une maison spacieuse, entourée d’arbres, à quelques kilomètres de Paris, qui a été transformée en studio d’enregistrement. Chaque pièce avait son propre piano ; « Chacun avait un son et une personnalité », dit-elle. Si elle s’accompagne souvent de sa guitare, Ayo a développé une sensibilité particulière pour les pianos et possède un Steinway allemand de 1934. L’enregistrement a eu lieu au mois de janvier : « Il faisait froid et on passait la plupart du temps à jouer. On dormait tous là, on prenait les repas ensemble et pendant une semaine, nous avons joué du matin au soir. »
Inspiré par l’harmonie de l’océan, des nuées et des ondes, Mami Wata (la déesse de la mer dans la religion yoruba du Nigéria) est dédié à l’océan « cette voute bleutée qui attire par son immensité et dont la profondeur peut effrayer », explique Ayo. Métaphore d’aventure, d’insoumission, de liberté extrême et de solitude nécessaire à l’esprit pour s’élever, la mer est un miroir de l’âme et un moteur pour Ayo qui pratique jusqu’à sept heures de surf par jour.
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