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Test de Resident Evil 7 Biohazard Gold Edition : Quand Capcom renoue avec l’horreur

22 décembre 2017
Par Hung Nguyen
Test de Resident Evil 7 Biohazard Gold Edition : Quand Capcom renoue avec l’horreur

En résumé

Le contenu additionnel de cette Gold Edition ne transcende pas l’expérience proposée il y a quelques mois par le jeu de base, ne contient aucune révélation fracassante, et ne parvient pas à contrebalancer une fin qui manquait légèrement d’inspiration. Ceci dit, on reste subjugué par les qualités de ce Resident Evil 7, par le magnétisme dont il arrive à faire preuve durant plusieurs heures, par la place centrale qu’il a réussi à donner à la peur ou par sa réalisation brillante et particulièrement cradingue. Si, de prime abord, la caméra à la première personne pouvait sembler hors de propos, elle réussit au final à donner une nouvelle dimension à la série et à hisser cet épisode presque au niveau du premier et du quatrième volet.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le retour de la peur
  • Les Baker, une vraie famille de psychopathes
  • Progression rondement menée
  • Une direction artistique oppressante
  • L’essence de Resident Evil, mais en vue FPS
  • L’aventure principale entièrement jouable au PS VR
Les moins
  • Des DLC globalement décevants
  • Un dernier tiers peu inspiré et assez générique
  • Un scénario qui peine à s’intégrer dans la saga
  • Un peu court en ligne droite (7h environ)

Notre test détaillé

Capcom a beau avoir un goût prononcé pour le recyclage, il faut lui reconnaître une réelle capacité à se remettre en question même quand rien ne l’exige. Il l’a notamment démontré en 2005, quand Resident Evil 4 abandonnait la formule historique de la série pour poser les bases du Third Person Shooter moderne. Et cela a également été le cas en début d’année avec la sortie de Resident Evil 7. Plutôt que de poursuivre sur le créneau de l’action des très décriés cinquième et sixième opus (qui sont paradoxalement aussi les meilleures ventes de la série), l’éditeur japonais avait préféré prendre le risque de revenir aux sources du survival horror. La sortie ces derniers jours d’une Gold Edition est l’occasion de rappeler à quel point ce changement d’orientation s’est avéré payant. Mais aussi de constater que les DLC qu’elle embarque sont malheureusement loin d’être indispensables.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)

Vous ne connaissez rien d’Umbrella Corporation, d’Albert Wesker, de Leon S. Kennedy ou des Redfield ? Ce n’est pas bien grave, car jusqu’à un dénouement qui a presque des airs de clin d’œil, Resident Evil 7 n’en fait jamais mention. Cet épisode nous met en effet dans la peau d’Ethan Winters, un simple civil qui va aller se perdre au fin fond du bayou dans l’espoir de retrouver Mia, sa compagne qu’il pensait disparue. Évidemment, les retrouvailles ne vont pas se dérouler comme prévu et Ethan va rapidement finir enfermé dans la demeure des Baker, une famille qui n’est manifestement plus tout à fait saine d’esprit.

Resident Evil 7

Changement de perspective

En plus de l’absence de liens scénaristiques évidents, pour marquer de manière nette la rupture entre Resident Evil 7 et ses prédécesseurs, Capcom a fait le choix audacieux d’une représentation en vue à la première personne. Compte tenu de son manque d’expérience avec ce type de représentation, ce changement était attendu avec appréhension. Au final, l’éditeur japonais a fait preuve d’une telle maîtrise qu’il a fini par mettre tout le monde d’accord. Jamais ailleurs qu’ici, il ne nous aura autant bousculés. La mise en scène, la narration et la gestion des jumpscares ont énormément gagné avec cette nouvelle caméra. Resident Evil 7 nous implique émotionnellement comme aucun de ses aînés n’a su le faire. Et pour peu que l’on y joue avec un PS VR sur la tête, l’expérience qu’il propose devient physique, presque viscérale.

Resident Evil 7

On ne choisit pas sa famille

Cette réussite, le jeu la doit aussi beaucoup à la famille Baker. Celle-ci procure un tel sentiment de malaise qu’elle ne suscite qu’une seule envie : celle de fuir vite et loin. Ses membres sont plus dérangés les uns que les autres. Et il suffit de voir Jack, le papa, nous pourchasser à travers la maison, n’hésitant jamais apparaître inopinément tel un Nemesis de Resident Evil 3, pour être confronté à un véritable sentiment d’insécurité. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est dans son dernier tiers, une fois qu’Ethan parvient à prendre ses distances avec cette famille de fous et que son arsenal se dresse comme un bouclier contre la peur, que Resident Evil 7 se fait moins brillant.

Resident Evil 7

Retour aux sources

Pas question de faire la fine bouche ceci dit, surtout que les développeurs sont parvenus à intégrer cette caméra à la première personne sans jamais renier l’héritage de la saga. Malgré une montée en puissance logique à mesure que les armes et les munitions s’empilent, le titre ne cède jamais à la tentation de devenir un banal FPS. Au contraire, les nombreux puzzles qui ont fait la renommée de la série répondent présents, puisqu’il sera par exemple question de trouver des statuettes en forme de tête de chien pour déverrouiller une porte. Toujours dans ce registre qui fait davantage appel aux méninges qu’à la poudre, on note l’arrivée de nouvelles phases de jeu prenant la forme de cassettes VHS. Entièrement jouables, ces scènes enregistrées par différents personnages permettent de récolter des informations indispensables, qui vont du simple indice à la résolution complète d’une énigme. Resident Evil 7 n’est donc pas un jeu d’action, mais bien un jeu d’aventure horrifique. L’importance de l’exploration, systématiquement récompensée en améliorations diverses, est là pour le souligner.

Resident Evil 7

Des extensions en plaqué or

Arrivés au terme de Resident Evil 7, après un dernier tiers moins inspiré comme nous l’avons déjà dit, nous étions curieux de savoir si Capcom allait réussir à donner un second souffle à l’expérience par le biais des DLC et à raccrocher le scénario à la chronologie de la série. Hélas, après examen approfondi de cette Gold Edition, qui intègre tout le contenu additionnel disponible, force est d’admettre que ce n’est pas le cas.

Il y a bien les chapitres « La Chambre » et « Filles » qui renouent à la fois avec les mécaniques et l’ambiance du jeu de base. Relativement bien conçus en termes de rythme et d’action, « La fin de Zoé » et « Pas un héros » prolongent même l’histoire en racontant ce qu’il se passe après la fin. Le problème, c’est que le tout s’avère un poil léger en termes de révélations. Certains chapitres permettent d’humaniser la famille Baker, d’autres tentent de relier ce septième volet au reste de la série. Mais on sent que le tout manque un peu d’ambition et que les liens ne sont pas aussi évidents que ce qu’on voudrait nous faire croire. Dommage, d’autant que les autres contenus additionnels prennent la forme des modes de jeu bonus complètement dispensables (équivalent d’un mode Horde, jeu de cartes, notamment).

Conclusion

Le contenu additionnel de cette Gold Edition ne transcende pas l’expérience proposée il y a quelques mois par le jeu de base, ne contient aucune révélation fracassante, et ne parvient pas à contrebalancer une fin qui manquait légèrement d’inspiration. Ceci dit, on reste subjugué par les qualités de ce Resident Evil 7, par le magnétisme dont il arrive à faire preuve durant plusieurs heures, par la place centrale qu’il a réussi à donner à la peur ou par sa réalisation brillante et particulièrement cradingue. Si, de prime abord, la caméra à la première personne pouvait sembler hors de propos, elle réussit au final à donner une nouvelle dimension à la série et à hisser cet épisode presque au niveau du premier et du quatrième volet.

Article rédigé par
Hung Nguyen
Hung Nguyen
Journaliste - spécialisé en jeux vidéo