Décryptage

50 ans de culture Hip-Hop – Partie 1 : 1973-1989

05 avril 2023
Par Christophe Augros
50 ans de culture Hip-Hop - Partie 1 : 1973-1989

Sur les cendres des années 1960, violentes et révolutionnaires, la société américaine entre dans la décennie suivante sur les mêmes bases. Celles-là même qui vont servir de fondations à la culture Hip-Hop dès 1973. DJ, danseurs, rappeurs et graffiti-artistes en sont les quatre éléments. Retour sur 50 ans de culture Hip-hop en deux parties, à commencer par 1973-1989.

1973, année 0

Cette année-là, DJ Kool Herc organise la première fête du genre dans le Bronx, le groupe de danseurs Rock Steady Crew est en place et la toute première exposition consacrée au graffiti est organisée.

1979 Sugarhill Records / 1980 Tommy Boy Records

sugarhill gang

Enregistrer un rappeur et un DJ, c’est presque gratuit et ça rapporte énormément. Sylvia Robinson, ancien membre du duo soul Sylvia & Mickey, sent bien l’intérêt économique du sujet. Elle voit dans le rap une belle alternative au disco. Résultat, elle signe les Sugarhill Gang sur son label Sugarhill Records fraichement créé. L’impact du titre Rapper’s Delight est énorme et immédiat. Très vite, le label va vendre 17 000 disques par jour. Dans la foulée, Tom Silverman s’engouffre dans la brèche. Il crée le label Tommy Boy Records. Il recrute Arthur Baker, DJ de Boston. En 1982, le titre Planet Rock d’Afrika Bambaataa inonde la planète. Le rap est là. Il est pur et très expérimental. Sa domination sans partage va durer 20 ans. La culture Hip-Hop dans son ensemble avance grâce au rap. Le graffiti explose dans les rues et les métros des grandes métropoles mondiales. Les DJ changent les techniques de mix pour toujours. Des artistes réputés utilisent la danse Hip-Hop sur scène et dans les clips. Cette culture devient un formidable ascenseur social et un vecteur d’espoir incomparable.  

Dans les oreilles

Sugarhill GangRapper’s Delight

Afrika BambaataaJazzy Sensation, Looking For The Perfect Beat, Planet Rock  

Grandmaster Flash & the Furious 5The Message 

Kurtis Blow The Breaks

RUN D.M.C.Rock Box

WhodiniFriends (Escape)             

Pumpkin – King Of The Beat

De cette période, il reste bien peu de traces sur support physique mais la plupart des titres cités ci-dessus sont disponibles sur Deezer.

En France

Une poignée d’individus est contaminée par le virus, à Paris essentiellement. Mais des graines poussent également à Marseille, Toulouse et Lyon, entre autres. Dans l’Hexagone, le graffiti est le relais le plus puissant après New-York. Très vite, des londoniens puis des hollandais et allemands viennent œuvrer dans la capitale française. Des compagnies de danse sont créées, quelques DJ s’essaient aux techniques mises en place par les précurseurs new-yorkais. Pour l’instant, le rap français n’existe pas…

1984 : Cinéma et TV

beat street

Cinq ans après l’enregistrement de Rapper’s Delight et face aux énormes bénéfices engrangés par les ventes de disques, cinéma et télévision s’intéressent au phénomène. 1984 est l’année de Beat Street et de Breakin’.  En France, la chaine TF1 programme une émission consacrée à cette culture. H.I.P. H.O.P. animée par Sydney chaque dimanche met en valeur la culture dans son ensemble. Graffiti-artistes, danseurs, rappers et DJ apparaissent dans l’émission.

1986 : Def Jam Records

DEF JAM

Aux Etats-Unis, un homme crée un label qui change le visage du rap. Russell Simmons met sur pied la maison de disques Def Jam et lance 3 artistes : Public Enemy, Beastie Boys et LL Cool J. Le son du rap change vite. Le nombre de rappers explose tout comme le nombre de labels. Graffiti, danse et DJ sont toujours très visibles. Les précurseurs comme Futura 2000, Seen, Lee, Mode 2, Bando, Jay et d’autres multiplient les œuvres, soit dans la rue, soit en galerie. Des livres consacrés au graffiti font leur apparition tels Subway Art et Spraycan Art. Ils montrent à quel point cette culture s’est globalisée.

1988 : N.W.A. et la côte Ouest des USA

1988 est l’année de l’album Straight Outta Compton des N.W.A. Il change le visage du rap et impose Los Angeles comme un sérieux concurrent du rap new-yorkais. Il faut dire que cette formation compte dans ses rangs les rappeurs Ice Cube, Eazy E., DJ Yella, MC Ren, Arabian Prince et surtout Andre Young alias Dr Dre…

1989 : Spike Lee

Depuis le The Message de Grandmaster Flash en 1982, le rap sert de haut-parleur à la communauté noire afin de transmettre messages sociaux et politiques. Ce rap là est désigné par « Conscious rap ». Public Enemy a pris le relais. En 1989, le réalisateur Spike Lee sort le film Do The Right Thing. Logiquement, Public Enemy figure sur la B.O. avec le brûlant Fight The Power. L’innocence, la spontanéité et la pureté de la culture Hip-Hop s’éloignent de plus en plus. Le rap commence à dominer les autres disciplines.

En France

Si graffiti et danse ont longtemps été des disciplines reines dans l’hexagone grâce aux CTK, TCA, BBC, TCG, Aktuel Force, PCB et d’autres, le rap prend de plus en plus d’ampleur. Des groupes ou individus comme Lionel D., les IZB, New Generation MC’s, Assassin et NTM se concentrent sur cette discipline. Pour l’instant loin des maisons de disques, ils oeuvrent sur Radio 7 à la maison de la radio (Paris) puis sur Radio Nova.

Dans les oreilles

Eric B & RakimI Know You Got Soul (Paid in Full)

Ultramagnetic MC’sWatch Me Now (Critical Beatdown)

Public EnemyYo ! Bum Rush The Show, Rebel Without a Pause, Fight The Power

Boogie Down Productions My philosophy (By all means necessary)

LL Cool J –  I Need Love (Bigger and Deffer)

Beastie BoysFight For Your Right, The Sounds Of Science (Licensed to Ill)

Big Daddy Kane Raw 

EPMDYou Gots To Chill (Strictly Business)

Dans la partie 2 : l’arrivée du Native Tongue, de Gangstarr, Cypress Hill, Wu-Tang Clan, du label Death Row, de Snoop Doggy Dogg et Dr Dre

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
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