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Le photographe Jean-Michel André, lauréat du prix Nadar Gens d’images 2024 pour le poignant Chambre 207

23 novembre 2024
Par Lisa Muratore
Couverture de “Chambre 207” de Jean-Michel André.
Couverture de “Chambre 207” de Jean-Michel André. ©Actes Sud

Jean-Michel André a remporté le prix Nadar Gens d’images 2024, en partenariat avec la Fnac, pour son travail dans Chambre 207, un récit puissant et personnel dans lequel l’artiste revient sur l’assassinat de son père.

Créé en 1955, le prix Nadar, organisé et décerné par l’association Les Gens d’images, récompense chaque année un livre consacré à la photographie, publié par une maison d’édition française dans les mois précédents. Soutenu par le ministère de la Culture, la Bibliothèque Nationale de France, le musée Nicéphore Niépce, l’imprimeur Escourbiac, et par la Fnac depuis 2023, ce prix a pour objectif de mettre en avant les métiers de la photographie, mais surtout de récompenser un ouvrage photographique pour la pertinence de son sujet, la justesse de ses choix éditoriaux, l’originalité et la cohérence de sa maquette, ainsi que le soin apporté à la fabrication.

Conjurer le traumatisme

En 2024, 117 livres consacrés au 8e art ont été sélectionnés, mais c’est finalement Chambre 207 de Jean-Michel André, paru aux éditions Actes Sud, qui a remporté le prestigieux prix. Dans ce projet, publié en octobre 2024, Jean-Michel André prend pour point de départ une date symbolique, importante : celle du 5 août 1983. Ce jour-là, le père de l’auteur est assassiné, à Avignon, aux côtés de six autres personnes alors qu’ils sont sur la route des vacances, en partance pour la Corse. Seuls le groupe d’enfants — dont fait partie Jean-Michel André à l’époque — enfermés dans cette fameuse chambre 207, échapperont de justesse à la mort.

Aujourd’hui âgé de 48 ans et toujours en quête de reconstruction, Jean-Michel André a donc imaginé un ouvrage « comme un film sur papier » à travers lequel il interroge « la notion de mémoire, de deuil et de réparation ». Ainsi, les archives personnelles et les photos de famille se mélangent dans sa dernière monographie aux images d’archives tirées de la presse, et aux preuves de l’enquête judiciaire. Ces témoignages du passé s’accompagnent également d’un regard plein de nostalgie de la part du photographe.

Chambre 207 mêle, en effet, des photos vernaculaires, des objets ayant appartenu à son père, ainsi que de nouvelles photographies réalisées sur les lieux du drame.

Jean-Michel André revient sur la fabrication de son livre.

Comme une invitation au voyage, l’auteur et artiste embarque également le lecteur à travers des paysages traversés aux côtés de sa famille, ou qu’il aurait pu traverser avec son père. Une démarche qui vise avant tout « à conjurer le traumatisme », et « à aller à l’encontre du pathos » afin d’exprimer la liberté d’une histoire poignante, selon le photographe.

Des rencontres et une exposition

En succédant à Jean-François Spricigo pour son livre Nous l’horizon resterons seul, publié par les éditions Le Bec en l’air, Jean-Michel André bénéficiera, par ailleurs, d’une mise en avant de son livre à travers plusieurs rencontres organisées en province et à Paris, dont un atelier à l’ADAGP, le mercredi 27 novembre 2024. De plus, l’exposition, en lien avec Chambre 207, est actuellement présentée au Musée de l’Hospice Comtesse de Lille jusqu’au 2 février 2025.

Enfin, de leur côté, les éditions Actes Sud ont reçu une dotation de 10 000€ grâce au soutien du ministère de la Culture et une dotation de 5 000€ de la Fnac.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste