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Un étudiant de Harvard a créé un nouveau réseau social basé sur la reconnaissance faciale

25 octobre 2021
Par Kesso Diallo
Créer un réseau social à Harvard: une nouvelle tendance.
Créer un réseau social à Harvard: une nouvelle tendance. ©The FaceTag/Business Insider

Nommée « TheFaceTag », l’application est uniquement disponible pour les étudiants de l’université pour le moment. Yuen Ler Chow prévoit de la développer pour la rendre accessible à tous.

Yuen Ler Chow serait-il le prochain Mark Zuckerberg ? En première année à Harvard, il a créé un réseau social appelé « TheFaceTag », un nom qu’il a choisi en connaissance de cause selon Business Insider. Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook avait en effet appelé son application « TheFacebook » lorsqu’il l’a conçue dans la même université. Celle développée par Yuen Ler Chow est basée sur la reconnaissance faciale, une technologie choisie afin de faciliter les interactions sociales pour les nouveaux élèves sur le campus. Étant lui-même en première année, il a constaté qu’il était difficile de rencontrer de nouvelles personnes et d’associer un nom à leur visage.

Le jeune étudiant estime par ailleurs que l’échange de coordonnées avec une autre personne prend du temps, susceptible d’être remplacé par une conversation significative : « Cela prend au moins une minute pour simplement saisir votre numéro, puis mal le taper pour ensuite recommencer. Je me disais : et si un scan du visage pouvait résoudre cela ? », a-t-il expliqué à The Harvard Crimson.

Le fonctionnement de TheFaceTag

TheFaceTag permet ainsi à ses utilisateurs de scanner les visages des autres étudiants de Harvard et d’obtenir leur nom et coordonnées (numéro de téléphone, compte Instagram…). Concrètement, lorsqu’une personne crée un profil pour la première fois, son visage est analysé pour en extraire des points et des mesures. En revanche, la « face » d’un étudiant scannée par un autre utilisateur n’est pas reconnue par l’application s’il n’y est pas inscrit. Yuan Ler Chow n’a pas apporté plus de précisions sur le fonctionnement de TheFaceTag, suscitant ainsi des incompréhensions : « Je comprends, mais je ne comprends pas. Je ne sais pas pourquoi le truc du visage est nécessaire », a par exemple déclaré une étudiante.

Pour Barbara J. Grosz, fondatrice de l’organisation intégrant l’éthique dans les programmes d’informatique d’Embedded EthiCS, il ne s’agit que de rapidité et d’efficacité avec ce réseau social. Des « valeurs » qui ne sont pas pertinentes pour une « application reliant les gens les uns aux autres ».

Éthique autour de la reconnaissance faciale

Pour le moment, l’application compte un peu plus de 100 inscriptions, mais Yuen Ler Chow a choisi de s’exprimer sur TikTok pour la faire connaître. La vidéo réalisée sur le réseau social chinois a suscité de nombreux commentaires et soulève déjà pas mal de questions éthiques. « Quelle idée merveilleuse d’un jeune étudiant de Harvard, ce ne sera sûrement pas une menace pour la démocratie d’ici une décennie », a répondu avec ironie un des abonnés à Tik Tok. Un commentaire qui fait naturellement écho à Facebook, traversé par de nombreux scandales et actuellement dans la tourmente depuis les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen.

Les commentaires reflètent également les préoccupations croissantes concernant la reconnaissance faciale : « Que faire si quelqu’un scanne votre visage et obtient vos informations sans votre consentement ? » Un risque évitable en ne s’inscrivant pas ou en rendant son profil privé, répond Yuen Ler Chow. Dans ce cas, il n’est possible d’obtenir les coordonnées d’un utilisateur que si celui-ci clique sur « accepter » après le scan de son visage. L’étudiant a également précisé que son réseau social a été créé à l’aide d’une interface de programmation – permettant à des applications d’échanger des données ou fonctionnalités entre elles – de reconnaissance faciale open source. L’application a ainsi été conçue à partir d’un code disponible et modifiable par tous.

Pour lui, si les personnes sur TikTok ont autant d’idées négatives sur son application, c’est parce qu’il n’a pas vraiment expliqué son fonctionnement dans la vidéo de présentation, qu’il voulait courte afin qu’elle devienne virale : « Cela a fonctionné – j’ai eu un million de vues au total, mais… maintenant, je ne sais pas si la haine en valait la peine. » Il se dit en outre étonné que les gens soient si effrayés par les données personnelles collectées par son application alors que toutes les plateformes en recueillent plus encore (nom, prénom, e-mail, images, messages, déplacements…). Malgré les inquiétudes, il prévoit de développer The FaceTag pour la rendre accessible en dehors du campus.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste