Article

La Horde, Découflé… 8 spectacles de danse à voir cet automne

14 septembre 2022
Par Erick Grisel
Car/men de Philippe Lafeuille
Car/men de Philippe Lafeuille ©Michel Cavalca

On connaît tous quelqu’un qui prétend ne rien connaître à la danse contemporaine et s’imagine que c’est ennuyeux comme la pluie. Emmenons cette personne voir l’un de ces huit spectacles. Elle en ressortira éblouie.

1 /La/ Horde/Ballet national de Marseille : Room with a view et We Should Never Have Walked on the Moon

C’est qui ? Un collectif composé de trois artistes – Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel – nommé à la tête du Ballet national de Marseille en 2019 après le règne sans partage de Roland Petit et celui, bref et chaotique, de Marie-Claude Pietragalla. Dès son arrivée, le trio a inclus dans la troupe des danseurs et danseuses aux physiques et aux parcours atypiques, souvent issus du milieu queer. Ce qui fait la particularité de (La) Horde aujourd’hui.

Pourquoi on aime ? Ils et elles sont jeunes, hypes et n’ont pas froid aux yeux. On avait adoré leur Room with a View, rave-party tournant au pugilat au milieu des gravats, qui revient au
Théâtre du Chatelet. Leur nouvelle œuvre est une exposition performative qui fait intervenir danseurs, cascadeurs, DJs et choristes dans tous les espaces du théâtre de Chaillot (sauf les toilettes). Comme dans leurs spectacles précédents, violence, radicalité et nudité sont de la party.

Où et quand ? Du 27 octobre au 4 novembre 2022 au théâtre national de Chaillot pour We Should Have Walked on the Moon et du 14 au 25 septembre au Théâtre du Châtelet à Paris, pour Room with a view.
Prix des places ? De 19 € (moins de 27 ans) à 43 €.
Durée ? 3 heures en continu.

(La) Horde / Crédit Beaste Deladarrier

2 Sara Baras : Alma

C’est qui ? Avec ses robes rouges, sa cambrure et ses airs fiers, Sara est une star qui a été filmée par le réalisateur Carlos Saura lui-même. Danseuse à 8 ans, professionnelle à 15… Elle est la plus grande ambassadrice de flamenco dans le monde. Ce qui fait sa réputation : ses impressionnantes torsions dorsales et une façon de s’arrêter net après avoir tournoyé à la vitesse de l’éclair. Strike the pose, comme dirait Madonna !

Pourquoi on aime ? Dans un halo de lumière, devant un rideau frangé, Sara danse seule ou accompagnée, parfois vêtue d’un costume d’homme, ce qui tranche avec les tenues habituelles des danseuses de flamenco. Clou du spectacle, une démonstration de flamenco synchronisé, danseuses en ligne, toutes dans la même robe à pois, et Sara au milieu, comme dupliquée à l’infini. Autour d’elle, musique et chants sont délivrés en direct. Ça en jette !

Où et quand ? Du 26 au 31 décembre 2022 à la Salle Pleyel à Paris.
Prix des places : entre 40 et 80 € (carré or).

3 Akram Kahn/English National Ballet : Giselle

C’est qui ?  Un chorégraphe qui aime s’attaquer aux grands mythes. Et un homme solaire
attiré par les sujets sombres. Nous vous aimé la jungle post-apocalyptique de son
Mowgli créé au théâtre du Châtelet
 en juin dernier. Et c’est avec Giselle, chef-d’œuvre peu guilleret du répertoire classique, qu’il revient à Paris, après une tournée mondiale qui a débuté à Londres. Directrice artistique de l’English National Ballet, la danseuse Tamara Rojo lui avait commandé ce remake dont elle l’interprète principale aux côtés de quarante-cinq autres danseurs.

Pourquoi on aime ? Juste avant l’été, la version du collectif espagnol Kor’sia à Chaillot nous avait beaucoup séduit. Qu’est-ce qu’Akram Kahn pouvait apporter de nouveau à cette pauvre Giselle, villageoise suicidée par amour pour un comte ? Eh bien, beaucoup, puisque le chorégraphe anglais replace cette histoire d’amour, de jalousie et de rédemption dans le contexte d’une usine condamnée à la fermeture et que viennent hanter des fantômes. La politique s’invite toujours dans les spectacles d’Akram, tout comme le kathak, danse traditionnelle de l’Inde du Nord et du Bangladesh dont sont originaires ses parents.

Giselle / Crédit Laurent Liotardo©Laurent Liotardo

Où et quand ? Du 12 au 15 octobre 2022 au théâtre des Champs-Élysées à Paris.
Prix des places ? Entre 15 € avec visibilité très réduite et 180 €.

4 Alan Lucien Oyen : Cri du coeur

C’est qui ? Ne vous fiez à son physique d’intello geek, mélange d’Yves Saint Laurent et de l’acteur anglais Eddie Redmayne : le Norvégien Alan Lucien Oyen fait très bien bouger son corps, et celui des autres aussi. Chorégraphe, vidéaste et metteur en scène, il est invité pour la première fois par l’Opéra de Paris, qui lui confie ses plus grands danseurs (dont Marion Barbeau, l’interprète du film En Corps de Cédric Klapisch. Fasciné par les infimes différences entre fiction et réalité, il fait s’exprimer la troupe de l’Opéra aussi bien par le théâtre que par la danse.

Alan Lucien Oyen en répétition avec la troupe de l’Opéra de Paris © Agathe Poupeney / Divergence

Pourquoi on aime ? Dans la lignée de Pina Bausch, Alan Lucien Oyen fait correspondre danse et théâtre sans que l’une des disciplines prenne le dessus sur l’autre. Son dernier spectacle, Story, Story, Die (2019), était une splendeur visuelle, un modèle d’expressivité, dans lequel les danseurs, en groupe ou en binômes, s’adonnaient à de sauvages corps-à-corps. Aucune raison qu’il nous déçoive avec cette nouvelle création conçue dans un décor en trompe-l’œil sous les ors de l’Opéra Garnier.

Où et quand ? Du 20 septembre au 13 octobre au Palais Garnier à Paris.
Prix des places ? De 12 à 110 €.
Durée ? 1h50 (dont un entracte de 20 minutes).

5 Stories: Run.Stop.Fall.Rise

C’est qui ? Jeune troupe créée par Romain Rachline Borgeaud, la RB Dance Company avait mis en émoi les jurés de La France a un incroyable talent, Marianne James et Hélène Ségara, grâce à ses numéros de claquettes sur Papaouté de Stromae et Smooth Criminal de Michael Jackson. Après avoir remporté la finale, la compagnie s’est vite lancée dans une tournée en France, qui a été un succès. Ce qui la conduit à s’installer de nouveau plusieurs semaines à Paris cet automne.

Pourquoi on aime ? Parce qu’ils ont su renouveler un genre tombé en désuétude, les claquettes, en le mêlant à la street dance. Qu’il y a ici une vraie histoire, celle d’Icare, jeune acteur soumis à la pression d’un réalisateur tyrannique. Et que lorsqu’une pléiade de danseurs danse totalement synchro, cela produit toujours un effet wahou.

Où et quand ? Du 3 novembre au 15 janvier au 13 Art, le nouveau théâtre de la Place d’Italie, à Paris.
Prix des places ? De 20 à 59 €.
Durée ? 1h15.

6 Philippe Decouflé : Stéréo

C’est qui ? Un clubbeur des années 1980 devenu l’un des chorégraphes français les plus populaires : « C’est dans les boîtes de nuit que j’ai découvert le plaisir de la danse », a-t-il confié récemment sur France Culture. Un fan de musique qui se dit allergique à la techno, lui préférant le rock’n’roll et la pop. Et qui n’a pas d’idées préconçues sur ce que doit être la danse. « Tout geste qui n’est pas utilitaire, c’est de la danse. »

Pourquoi on aime ? Stéréo est un ballet rock et déjanté qui joue sur l’énergie et le rapport brut à la musique. Un show qui s’aventure du côté du burlesque, avec six danseurs qui évoluent au son (live) de la batterie et de la guitare électrique. Mais cela ne sonne pas rétro kitsch pour autant. Malgré leurs références 80’s, les spectacles de Decouflé sont toujours bien ancrés dans leur époque.

Compagnie DCA©Cie DCA

Où et quand ? Les 22 et 23 septembre à Albertville. Du 13 au 15 octobre à la Maison des arts de Créteil et aussi, cet automne, à Antibes, Nîmes, La Rochelle, Le Mans…
Prix des places ? De 10 à 22 € à la Maison des Arts de Créteil.
Durée ? 1h20.

7 Via Katlehong : Via Injabulo

C’est qui ? Créée en 1992, la compagnie Via Katlehong tire son nom du township de Katlehong, situé dans la banlieue pauvre de Johannesburg où est née la culture contestataire sud-africaine. Le style original des danseurs et danseuses combine le pantsula – danse urbaine de contestation – la tap danse, le step et le gumboots, danse de mineurs exécutée avec des frappes de la main sur des bottes en caoutchouc.

Pourquoi on aime ? Via Injabulo signifie « avec de la joie ». Et de la joie, il y en a dans ce spectacle en deux parties, la première chorégraphiée par le portugais Marco Da Silva Ferreira, la seconde par le Français Amala Dianor. L’ensemble dégage une fureur de vivre qui donne envie d’accompagner les danseurs et danseuses en frappant des pieds et des mains.

Où et quand ? Du 18 au 21 octobre à la maison de la danse de Lyon.
Prix des places ? De 13 à 40 euros.
Durée ? 1 heure, entracte compris.

8 Philippe Lafeuille : Car/Men et Tutu

C’est qui ? Dès sa première création en 1998 avec Les Chicos Mambos, ce chorégraphe d’origine corse est parvenu à se frayer un chemin dans le monde très balisé de la danse contemporaine, sans renoncer à sa singularité. Et ce chemin de traverse s’est mué en rutilant boulevard grâce au succès de Tutu en 2014, dans lequel il envoie valser les genres tout en déconstruisant avec humour les grands mythes de la danse contemporaine. Avec Marie-Claude Pietragalla et Blanca Li, il est aujourd’hui l’un des rares chorégraphes dont les spectacles restent des mois à l’affiche. Tutu revient à Paris et sa dernière création, Car/Men reprend sa tournée en France cet automne.

Pourquoi on aime ? Malgré cet air sérieux que lui confère un sourcil en accent circonflexe, il s’amuse, Philippe Lafeuille. Et cela se voit dans ses spectacles, dans lesquels les tenues incongrues de ses danseurs n’éclipsent pas leur virtuosité. Ses hommes sont en tutu et sa Carmen est barbue… et alors ? Ils/elles n’en sont pas moins touchés par la grâce.

Car/Men Crédit Michel Cavalca©Michel Cavalca

Où et quand ? Tutu du 1er novembre au 11 décembre au Théâtre Libre, à Paris. Car/Men à partir du 1er octobre en tournée dans toute la France.
Prix des places ? De 27 à 57 € au Théâtre Libre.
Durée ? Car/Men : 1h15. Tutu :1h15.

À lire aussi

Article rédigé par