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Huawei utilise une IA pour terminer la symphonie inachevée de Schubert

05 février 2019
Par Thomas Estimbre
Huawei utilise une IA pour terminer la symphonie inachevée de Schubert

Huawei a dévoilé la nuit dernière une version inédite de la Symphonie n°8 de Schubert lors d’un concert à Londres. Le constructeur a utilisé une intelligence artificielle pour terminer la célèbre symphonie inachevée du compositeur autrichien.

Huawei n’est pas toujours là où on l’attend. Le célèbre constructeur chinois était hier à Londres pour dévoiler une version inédite de la Symphonie n°8 de Franz Schubert. Plus connue sous le nom de « symphonie inachevée » – parce qu’elle ne comporte que deux mouvements – l’oeuvre est restée incomplète pendant 197 ans malgré de nombreuses tentatives, note le fabricant de smartphones. En 2019, Huawei a décidé de rectifier le tir et de compléter la célèbre Symphonie n°8 en utilisant les « capacités de l’intelligence artificielle et l’expertise humaine » pour composer les deux derniers mouvements.

Cette version, complétée par Huawei donc, a pris vie lors d’un concert en direct au Cadogan Hall de Londres le 4 février. Les 66 musiciens de l’English Session Orchestra ont joué devant un public de plus de 500 invités, présentant pour la première fois cette fin inédite de la Symphonie n°8 de Schubert. Pour l’occasion, la firme chinoise a lancé un site et permet à chacun de télécharger et écouter (MP3 ou WAV) sa « version achevée » de la Symphonie n°8.

 © Huawei
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Huawei explique que cette version complète a vu le jour grâce à l’utilisation d’une intelligence artificielle bénéficiant directement de la puissance de traitement des deux NPU (unités de traitement neuronal) présents dans son smartphone Mate 20 Pro. Après avoir analysé le timbre, la hauteur et la métrique des deux premiers mouvements déjà existants de la symphonie, le modèle d’IA a généré la mélodie des deux mouvements manquants, le troisième et le quatrième. Huawei a ensuite collaboré avec le compositeur Lucas Cantor, lauréat de plusieurs Emmy Awards, pour la création d’une partition d’orchestre à partir de la mélodie obtenue. Le compositeur a retravaillé celle-ci pour qu’elle reste fidèle au style de la Symphonie n°8 de Schubert, précise la société.

« Chez Huawei, nous sommes toujours à la recherche d’applications technologiques qui ouvrent le champ des possibles. Nous avons donc enseigné à notre smartphone, le Mate 20 Pro, à analyser et terminer une œuvre musicale inachevée il y a près de 200 ans dans le style du compositeur original », ajoute Walter Ji, Président de Huawei Consumer Business Group pour la région Europe de l’Ouest. « Nous avons utilisé la puissance de l’IA pour repousser les limites de ce qu’il est humainement possible de faire et pour explorer le rôle bénéfique que peut avoir la technologie sur la culture. Si notre smartphone est assez intelligent pour réaliser de telles prouesses, imaginez tout ce que nous pourrions entreprendre ! »

Lucas Cantor, le compositeur, explique : « Mon rôle était d’exploiter les bonnes idées de l’intelligence artificielle et de combler les manques pour permettre à la production finale d’être jouée par un orchestre symphonique. Le résultat de cette collaboration avec l’intelligence artificielle démontre que la technologie offre des possibilités incroyables et peut avoir un impact majeur et positif sur la culture moderne ».

 © Huawei
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Une prouesse musicale ou marketing ?

Au cœur des préoccupations aux États-Unis et en Europe, Huawei se démarque avec cette étonnante performance et s’offre un « coup de pub ». La firme n’oublie évidemment pas d’évoquer son Mate 20 Pro et de vanter les mérites de son IA. Toutefois, la performance met avant les possibilités offertes par l’intelligence artificielle et la puissance des puces qui équipent et équiperont demain nos smartphones. Le constructeur avait déjà utilisé la « puissance » de l’IA pour lancer StorySign, une application qui vise à rendre la lecture accessible aux enfants sourds.

*Précision apportée par Huawei : la Symphonie n°8 de Schubert en si mineur est considérée comme l’archétype de la « symphonie inachevée ». Les musicologues ne s’accordent toujours pas sur la raison pour laquelle Schubert n’a pas terminé le morceau : certains citent ses problèmes de santé, d’autres affirment qu’il composait déjà son œuvre suivante, mais ils s’accordent tous pour dire que sur cette œuvre, le musicien avait commencé à explorer un nouveau territoire musical.

 © Huawei
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Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste