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Les fabricants chinois de smartphones s’allient contre le Google Play Store

06 février 2020
Par Thomas Estimbre
Les fabricants chinois de smartphones s'allient contre le Google Play Store

Huawei, Xiaomi, Oppo et Vivo ont décidé d’unir leurs forces pour contester la domination du Google Play Store, annonce Reuters. Les quatre fabricants de smartphones vont créer une plateforme permettant aux développeurs non chinois de proposer simultanément des applications dans leurs boutiques respectives.

Le flou règne toujours autour de Huawei qui doit composer avec les sanctions américaines. Le géant chinois ne peut plus installer les services Google sur ses smartphones et développe ses propres alternatives. Le fabricant cherche notamment à renforcer l’App Gallery, sa boutique d’applications et alternative au Play Store, n’hésitant pas à investir plusieurs milliards de dollars. Dans le même temps, il se dit prêt à retrouver Google et profiter des avantages offerts par le géant américain.

 © LaboFnac
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Récemment, nous indiquions que le groupe chinois évitait d’évoquer sa stratégie et celui-ci semble jouer sur deux tableaux. L’agence Reuters rapporte que Huawei s’est allié aux autres géants chinois de la téléphonie mobile pour tenter de contester la domination de Google avec son Play Store. Le numéro deux mondial et ses compatriotes Xiaomi, Oppo et Vivo ont décidé d’unir leurs forces pour créer une plateforme commune destinée aux développeurs non chinois. Les fabricants se sont regroupés dans ce que l’on appelle la Global Developer Service Alliance (GDSA), une association qui devait initialement voir le jour en mars.

Cette plateforme vise à faciliter la tâche des développeurs européens, américains et asiatiques en leur permettant de proposer leurs applications sur les boutiques respectives de Xiaomi, Huawei, Oppo et Vivo. Reuters précise que la plateforme devrait dans un premier temps couvrir neuf « régions », dont l’Inde, l’Indonésie et la Russie. Le site The Verge rappelle que depuis l’interdiction du Google Play Store en Chine, les utilisateurs d’Android ont pris l’habitude de télécharger leurs applications depuis différents magasins d’applications, dont ceux gérés par les fabricants. En revanche, ces boutiques sont moins populaires dans le reste du monde où le Play Store règne en maître. Un quasi-monopole qui ne sied guère aux constructeurs chinois, qui n’ont toutefois pas souhaité répondre aux sollicitations de la célèbre agence de presse.

Fort de leur succès sur le marché du smartphone, les fabricants chinois chercheraient à se renforcer sur la partie software – qui comprend les applications et services -, alors que les ventes de smartphones (hardware) ralentissent, précise Will Wong du cabinet IDC. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle d’Apple qui développe ses services pour compenser la baisse des ventes d’iPhone. Ensemble, les quatre firmes chinoises ont pesé 40,1 % des expéditions mondiales de smartphones au quatrième trimestre 2019, avec chacun des objectifs différents.

Huawei, Xiaomi, Oppo et Vivo prêts à concurrencer le Play Store

« En formant cette alliance, chaque entreprise cherchera à tirer parti des avantages des autres dans différentes régions, avec la forte base d’utilisateurs de Xiaomi en Inde, Vivo et Oppo en Asie du Sud-Est, et Huawei en Europe, » assure Nicole Peng, vice-présidente de la mobilité chez Canalys. « Deuxièmement, il s’agit de commencer à renforcer le pouvoir de négociation contre Google », ajoute-t-elle. Le fabricant Huawei pourrait se montrer particulièrement intéressé par cette alliance, il est en effet le seul à avoir perdu l’accès aux services de Google.

« En permettant aux développeurs d’augmenter leur portée sur plusieurs magasins d’applications, Huawei, Oppo, Vivo et Xiaomi attireront plus de développeurs et, au final, plus d’applications », explique Katie Williams, analyste chez Sensor Tower. Un pari audacieux que Google devrait suivre de près, mais il faudra sans doute du temps avant de pouvoir faire de l’ombre au géant américain et son Play Store.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste